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31 mai 2018

PENSER LA SUPPLY CHAIN
UN RÔLE CLEF POUR LE MONDE INDUSTRIEL

Terme technique peu compréhensible, la supply chain se trouve pourtant au cœur des évolutions du monde industriel, numérique bien sûr, mais également énergétique, environnementale et humaine. Témoignage de quinze années de conseil dans le domaine pour gagner en maturité.


 La supply chain est la pensée qui :

  • définit les modalités et les solutions de gestion des flux d’échanges entre les acteurs d’un écosystème industriel donné (chantiers naval, aéronautique, grande distribution, etc.) ;
  • définit les règles de fonctionnement entre ces acteurs et avec le reste du monde (transporteurs, autorités, société civile, etc.) ;
  • anime et supervise ce réseau.

Elle opère

  • le choix de stratégies d’approvisionnement (Make or Buy, outsourcing, relocalisation, etc..,),
  • le choix des partenaires et des modes de contractualisation (Vendor Managed Inventory, Kanban Fournisseur, etc.) ;
  • les contraintes légales (déclarations d’échanges de Biens, normes environnementales ou internationales comme CITES, ITAR, etc.)
  • les solutions fonctionnelles et technologiques d’intégration des flux.

De ce fait elle est, et reste le bras armé de la mondialisation, mue par les étranges impulsions qui ont construit le monde que nous connaissons, et donc aucune autre discipline, ne sera plus au cœur des transformations du monde.

De ce fait, elle va également connaitre de nombreux changements de paradigmes et qui vont entraîner une importante reconfiguration. Bienheureux celui qui les aura prises en compte à temps !

Ceux-ci peuvent se résumer dans la suite :

  • Maitriser les sources d’énergie,
  • Piloter les stock,
  • Garantir l’information et sa protection,
  • Vivre en économie circulaire,
  • Intégrer la complexité.

 

Maitriser les sources d’énergie

Autrefois, une simple ressource, d’un coût variable, elle va devenir clé pour nombre d’activités.

La question ne sera plus son prix, largement fluctuant au gré des options prises par les traders, et que bon an, mal an on arrive à répercuter plus ou moins efficacement vers le client, mais tout simplement sa disponibilité.

Comment autrement justifier la présence d’usines de production d’aluminium en Arabie saoudite et en Islande ?

 

L’usine de Reyðarfjörður , l’aluminium, en Islande, représente 71% de la consommation d’électricité, et un niveau équivalent de rentrées de devises.Les flux d’arrivée du minerai et de départ de l’aluminium se font exclusivement par bateau.

Du choix des sites de production et des modes de transport dépendra l’empreinte carbone du schéma global ainsi que les externalités induites qu’il faudra volente, nolente,  accepter de gérer, mais la question de fond de la disponibilité de l’énergie va peser de tout son poids dans les décisions.

Piloter Les Stocks

Au XXe siècle, les stocks étaient considérés comme des variables d’ajustement des processus (stocks = différence entre 2 flux), et en général subis.

De plus en plus ils vont intégrer de nouvelles dimensions dans leur gestion.
Ils vont devenir un réceptacle de l’énergie, celle qui leur a donné naissance, mais également une variable de contrôle du risque, l’équivalent du Edging de couverture, notamment pour les matières critiques (e.g. lithium, terres rares, etc.).

Le déploiement de solutions de synthèse additive va aussi conduire à repenser le rôle des semi-finis dans les processus industriels mécaniques.

De tout ceci, la contrepartie financière va devenir de plus en plus complexe à élaborer, et elle est bien partie pour ça.

Garantir l’information et sa protection
Pas de supply chain sans circuit d’information.

Mais au rebours des tendances constatées à la fin du XXe siècle, les modes ouverts et participatifs croisés vont devoir intégrer des nivaux de protection et de sécurité qui vont en devenir la contrainte majeure.

Parmi les risques de la supply chain, le risque du cyberterrorisme, surtout quand il devient un moyen d’état, est maintenant l’un des premiers cités.

En revanche, l’irruption des nouvelles technologies IOT, Big Data, Deep learning, etc., très prometteuses, attend encore ses transcriptions opérationnelles. C’est une question de temps, les technologies continuent de se développer dans des environnements qui deviennent de plus en plus contraints, et l’avancement devient parfois aléatoire. La blockchain, protocole ouvert sécurisé et distribué de partage de l’information, a sévèrement pâti de l’annonce du gaspillage énergétique éhonté associé au minage des Bitcoin.

Vivre en économie circulaire

La terre n’est point plate, et elle est finie.


Notre économie ne peut plus maintenant faire l’impasse sur le recyclage et le traitement des déchets. Chaque année, de nouvelles normes (ex EURO 6) viennent s’empiler pour contraindre les acteurs au respect de ces préoccupations. Les supply chain sont en première ligne pour prendre en compte ce changement de paradigme. Et le chemin parcouru depuis dix ans est impressionnant, même s’il reste encore beaucoup, beaucoup, beaucoup de travail à faire. Depuis le design du produit, jusqu’à la gestion de la fin de vie.

Les reverse supply chain, et les filières de traitement des déchets ont maintenant acquis une maturité avancée et il existe un grand nombre de référentiels qui proposent les bonnes pratiques autour de ces questions.

La question fondamentale restera néanmoins de maintenir un environnement économique efficace, tout en intégrant toutes les contraintes de ce type qui vont devenir de plus en plus fortes et de plus en plus nombreuses.

Ce sera au législateur et à la société civile d’y veiller :

  • le législateur, car seule la loi peut avoir la force nécessaire pour contraindre des filières entières à se repenser,
  • la société civile, car elle est la seule à pouvoir s’emparer de questions globales « les Commons » et à avoir une influence suffisante pour orienter la politique et les acteurs du secteur.

 

Intégrer la complexité

Plus rien ne sera simple, la complexité, la variabilité, l’ambiguïté, l’imprévisibilité font vraiment partie du quotidien (les anglo-saxons utilisent l’expression VUCA comme Variable, Unpredictable, Complex and Ambiguous.

Autrefois les choses semblaient simples, d’un coté les processus, de l’autre l’organisation et le SI au milieu.

Ces frontières sont balayées au profit d’une hybridation multi domaines, dont le pilotage doit intégrer la théorie de l’information, la conduite du changement, la systémique et la théorie des jeux, entre autres.

L’objectif n’est plus de chercher une solution optimale, mais de combiner optimalité et optionalité, force et réactivité. Le maître mot est devenu la maturité :

  • maturité des acteurs
  • maturité de l’organisation.
  • maturité des outils.

Le supply chain manager de demain doit comprendre comment se fabrique le produit ou le service, mais aussi qu’est ce qui compte dedans pour le client, et comment son système d’information en traite les données.

De facto, parmi les défis liés à la maîtrise de la complexité qui doivent être relevés, la conduite du changement, avec tout que cela compte en compréhension de la psyché humaine, des valeurs qui nous font agir, et le côté parfois paradoxal des approches systémiques, est l’un des plus ardus.

Ce n’est ni le plus fort, ni le plus rapide qui gagne, mais bien le plus malin. Les gains ne se mesureront pas immédiatement, mais dans la durée et la pérénité.

Survivre à court terme, gagner à moyen terme, animer le réseau de valeur et en développer la maturité.

   

N’oubliez pas la conduite du changement !

Au moment de lancer une opération dans le domaine de la supply chain, les débats font souvent rage, sur ce qui va entrainer le succès ou l’échec, tout est passé en revue, la solution, l’intégrateur, le contrat, la gestion de projet, l’organisation, le choix de la plate forme, etc...

A la lueur de notre expérience, qui comprend plus d’une centaine d’interventions, nous pouvons classer en 1er ex aequo et de très très loin devant les autres facteurs, la montée en maturité et la conduite du changement.

Pour illustrer ce propos, un de nos récents exemples vécus.

Suite à un démarrage avec le meilleur ERP du marché, une grande signature comme intégrateur et des financements largement adéquats, le client, acteur important de l’aéronautique, nous sollicite car il a le sentiment (confirmé ensuite par l’analyse détaillée) de perdre pied et d’assister impuissant à la dérive des stocks et en-cours.

En quelques jours, le diagnostic tombe, et un plan d’action uniquement tourné vers l’appropriation de l’outil et les bonnes pratiques de gestion des flux se met en place.

Il ne faudra attendre que quelques mois pour que les dizaines de millions d’euros de surstock soient résorbées et que les flux concernés passent sous contrôle.

S’il nous est permis de vous donner un conseil, veillez à traiter ce point en premier à tous les niveaux dans l’organisation de vos opérations.

 

 

    BFC s’attache à apporter des solutions rapidement opérationnelles en termes d’efficacité technique et économique aux acteurs de la supply chain, basées sur les meilleures pratiques de l’analyse systémique et de la supply chain.

 

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