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01 février 2017

L’UNION DE NOS FORCES EST LA BONNE COMBINAISON NRBC-E

Publié par Christophe Mignot et Yves Kovalevsky | N° 111 - Risques biologiques et chimiques

Si, dans un domaine où les moyens de l’Etat sont comptés, la coopération civilo-militaire s’impose de fait et si c’est au niveau gouvernemental qu’elle se décide, l’obtention de la pleine efficacité des acteurs face à une crise majeure NRBC-e oblige à une réelle préparation culturelle et tactique. Le CNCMFE NRBC-e en assure la coordination. Interministériel jusque dans ses fondements, ce service développe une politique de formation et d’entraînement NRBC-e qui dépasse le seul cadre de ce domaine et qui le rend exemplaire à plus d’un titre.


Le président de la République affirmait le 17 juin 2008 qu’« aujourd’hui, la menace immédiate est celle d’une attaque terroriste […] La menace est là, réelle, et nous savons qu’elle peut prendre demain une forme nouvelle, encore plus grave, avec des moyens radiologiques, chimiques et biologiques ». Face à ces menaces, la séparation entre sécurité intérieure et extérieure s’efface, c’est pourquoi le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale livrait les clés pour faire évoluer, dans le temps, l’ensemble de la protection NRBC dans le sens d’une plus grande cohérence dans la prise en compte de ses différents aspects et d’une plus grande synergie entre ses acteurs. Compte tenu des défis à relever, cette synergie requiert une coordination nationale entre les différentes forces, entre administrations civiles et militaires, entre l’Etat et les collectivités locales. Elle est conduite par un comité stratégique, présidé par le SGDSN et chargé d’assurer la cohérence des capacités de protection contre ces menaces et la bonne exécution des programmes de recherche et d’équipement.
Dans les territoires, les préfets de zone de défense et de sécurité (ZDS) ont vu, en 2010, leurs compétences étendues et sont désormais l’échelon de déconcentration interministérielle de premier rang en matière de préparation et de gestion des crises majeures relevant de la sécurité nationale. Leurs moyens (capacités mobiles de détection, de prélèvement et d’identification biologique et chimique, ainsi que de décontamination) ont été renforcés.

L’affirmation est faite que, dans ce domaine, les entraînements et les exercices communs doivent être développés, afin de mettre en situation, avec le plus grand réalisme possible, toutes les catégories d’acteurs de secours, de sécurité et de santé, et de roder les procédures d’intervention conjointe. A cet effet, a été créé par les ministères de la Défense et de l’Intérieur un centre commun de formation et d’entraînement.

Une entité résolument interministérielle !

Le projet du centre national civil et militaire de formation et d’entrainement NRBC-e (CNCMFE NRBC-e) est fondamentalement orienté vers la collaboration de l’ensemble des entités de l’Etat. Service à compétence nationale du ministère de l’Intérieur, il est dirigé alternativement par un cadre du ministère de l’Intérieur puis de la Défense. Faite de cadres issus de ces deux ministères et de celui chargé de la santé, sa composition « pluri-ethnique » est un atout car elle permet d’identifier puis de surmonter les différences culturelles propres à chacun des corps de métier impliqués dans le traitement d’un évènement NRBC-e. Son organisation est également interministérielle, articulée à partir d’un centre national, à Aix-en-Provence, autour duquel s’attachent sept centres d’entraînement implantés dans chaque ZDS : trois services départementaux d’incendie et de secours -Seine-et-Marne, Moselle et Rhône- pour les zones IDF, Est et Sud-Est, l’Ecole Nationale de Police de Nîmes pour la zone Sud et celle de Roubaix pour la zone Nord, la base aérienne de Cazaux pour la zone Sud-Ouest, les Ecoles militaires de Saumur pour la zone Ouest.

Sa mission est d’améliorer la capacité de réponse des services de l’Etat face au risque NRBC-e pour le compte de tous les ministères intéressés. Il contribue à définir la politique interministérielle de formation et d’entraînement dans ce domaine. Le public visé est celui des opérationnels du monde de l’Intérieur, de la Défense et de la Santé. Sur le terrain, les acteurs sont formés à travailler ensemble: « ce n’est pas pour faire de la stratégie, mais bien pour réaliser des actions qui sont parfois toutes simples comme savoir s’équiper d’une tenue, assurer sa protection respiratoire contre un toxique, établir et tenir un périmètre de sécurité… mais qui, mal faites, pourraient avoir des conséquences gravissimes » souligne un responsable d’une ZDS.

Les entraînements NRBC-e dans les zones de défense: « l’interministériel » en action

Les formations dispensées complètent et préparent l’activité principale qui est d’entraîner les capacités à intervenir sur le terrain. Pour cela Le CNCMFE NRBC-e élabore des méthodes pour rendre les entrainements les plus efficaces possible. Sur deux jours, les ateliers proposés amèneront les participants à acquérir des réflexes professionnels d’intervention NRBC dans un environnement interministériel. Un jeu dirigé, avec des saynètes à but pédagogique, vise à restituer les mécanismes acquis Si l’impulsion de la formation est élaborée par le Centre National, l’indispensable coordination zonale est assurée par le chef d’état-major et le Préfet délégué pour la défense et la sécurité. Les objectifs propres à chaque séquence d’entraînement sont fixés par l’état-major interministériel de ZDS (EMIZ) en liaison avec le CNCMFE NRBC-e et en fonction de la situation locale avec en perspective ceux retenus pour les exercices dans le cadre des instructions de la politique nationale d’exercices. Le centre d’entraînement zonal est la cheville ouvrière de la mise en œuvre de ce dispositif.

La satisfaction déjà exprimée par tous les niveaux des participants est confirmée par les retours des différentes autorités (préfets de ZDS et ministre de l’intérieur). « De façon générale, le grand intérêt porté par ces entraînements communs au regard de la thématique du risque NRBC-e est souligné. En effet, ce type d’événement atteste parfaitement de l’interdépendance des services nécessaires à la gestion d’une situation dans sa globalité, faisant passer la qualité de la coordination devant la qualité des services eux-mêmes. Par ailleurs, ce type de projet est de nature à faire avancer les réflexions sur un grand nombre de sujets connexes, comme, par exemple, le partage de l’information au sein du poste de commandement commun. »

En effet, c’est au cours de ces mises en situation que se révèlent des problèmes d’interopérabilité techniques, le plus souvent, mais parfois plus profonds et touchant à la culture propre des différentes organisations. Si pouvoir se retrouver sur une fréquence radio commune ou le déshabillage d’un fonctionnaire, lourdement harnaché, des unités spécialisées d’intervention, sont des problèmes assez faciles à résoudre, car essentiellement d’ordre technique, les solutions à trouver pour les situations qui touchent à la dimension culturelle sont beaucoup moins accessibles : la prise en charge d’armes, en vue de leur décontamination ultérieure, par les sapeurs-pompiers oblige à définir une organisation qui intègre les acquis, presque intangibles, de chacun ; de même, face à l’évènement, l’intervention en réaction quasi-réflexe des forces du ministère de l’intérieur peut se confronter à l’implacable logique de planification des forces armées. Le processus de préparation opérationnelle interservices et interministériel permet au moins de mettre en exergue ces difficultés, d’y pallier autant que faire se peut, et de faciliter le déroulement des opérations conjointes, le cas échéant.

2016 : ENTRAINEMENTS NRBC-E EURO FOOT AU CEZ DE NIMES
Plusieurs entraînements visant à préparer les services de l’État et de ses partenaires à faire face à tous types de situations de crise, se sont tenus en amont de l’Euro 2016. Un tel événement international impose en situation de menace terroriste de se préparer aux actions à mettre en œuvre en cas d’attentat NRBC dans une foule. C’est l’occasion de tester les plans zonaux NRBC-e et NOVI (nombreuses victimes), notamment les difficultés de gestion des victimes collatérales dues au mouvement d’une foule incontrôlable, concomitamment à la saturation de toute la chaîne de secours et de santé face à l’afflux massif de personnes contaminées L’EMIZ SUD a organisé avec le soutien du CNCMFE NRBC-e, deux entraînements d’envergure. La réalisation d’une « Fanzone » avec modélisation de comportements d’une foule et de la mobilisation des moyens humains et matériels, a permis la mise en œuvre des champs de réponses opérationnelle spécifiques et sensibles relatifs à la gestion des foules en milieu contaminé et la réception massive de victimes en structure hospitalière.
Exercice de préparation de l’Euro 2016 : les encadrants du CNCMFE (gilet fluo) supervisent l’extraction des victimes dans une Fanzone frappée par un attentat NRBC

 

Christophe MIGNOT, colonel Directeur du CNCMFE NRBC-e (ministère de l’intérieur) Yves KOVALEVSKY, lieutenant-colonel Directeur adjoint du CNCMFE NRBC-e (ministère de la Défense) 

Auteurs

Christophe Mignot
Yves Kovalevsky
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