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01 octobre 2018

LE VEHICULE AUGMENTE
L’INNOVATION NUMERIQUE AU SERVICE DE LA SUPERIORITE OPERATIONNELLE

Publié par Alexis Mabile | N° 116 - Le numérique

 L’innovation, le numérique et l’intelligence artificielle : une réelle plus-value pour le chef tactique à condition de penser les produits et services au bénéfice de la supériorité opérationnelle et de ne pas en rester à l’effet de mode.


L’innovation numérique n’est pas une nouveauté pour Nexter. En effet, rappelons que le char Leclerc, conçu il y a plus de 30 ans, est fortement numérisé et donc en rupture technologique par rapport à ses illustres prédécesseurs. Il intègre le digibus qui était alors en cours de déploiement sur les avions de chasse et les navires. Sa conduite de tir sophistiquée, reposant sur des algorithmes développés par l’IGA Boussiron, constitue une assistance du tireur au pointage lui permettant d’atteindre sa cible fixe ou mobile, en roulant. La rénovation en cours du char Leclerc consiste, entre autres, à moderniser sa composante numérique (nouveau calculateur central, bus Ethernet aux côtés du digibus) pour lui conférer une meilleure capacité d’évolutions fonctionnelles et aussi pour lui permettre d’intégrer la force Scorpion.

L’innovation numérique est aujourd’hui un des axes majeurs de développement de Nexter et s’appuie sur sa capacité à maîtriser des systèmes complexes suivant une approche top-down et à proposer des solutions innovantes suivant une approche bottom-up, notamment via ses start-up internes Nexter Robotics et Nexter Training. L’innovation numérique n’est pas une fin en soi mais bien un moyen de proposer des produits et des services apportant une réelle plus-value opérationnelle.

Le véhicule augmenté présenté au dernier Eurosatory (cf encadré) illustre parfaitement cette approche : il s’agit d’intégrer dans un véhicule un module mission qui augmente ses capacités d’observation et d’action. Ce module mission repose sur une architecture ouverte et modulaire lui permettant d’être installé sur tout type de véhicule et dont les fonctionnalités peuvent être adaptées aux besoins des utilisateurs et des missions.

Maîtriser la charge opérateur

Le concept même de mission augmentée implique l’ajout de capteurs et d’effecteurs, qu’ils soient installés sur le véhicule lui-même ou sur des drones et des robots évoluant à proximité. Le risque de noyer l’opérateur sous un déluge d’informations est donc réel et il est indispensable de porter une attention particulière à l’interface homme-machine et au traitement des données.

L’interface homme-machine doit être conçue de manière à rendre l’utilisation des systèmes la plus intuitive possible garantissant ainsi une action efficace sous le stress du combat et limitant également au strict nécessaire les actions de formation.

Le traitement des données est un point clé dans la réussite des missions opérationnelles : choix et type des données à afficher, fréquences d’affichages, sauvegardes de ces données, …

Le Titus augmenté par un module Mission qui décuple ses capacités d’observation et d’action

Pour être efficace, la phase de conception doit impliquer les forces, la DGA et l’industriel idéalement sur la base de proofs of concept, maquettes, prototypes qui sont de plus en plus numériques (CAVE, simulations, …).

« INDISPENSABLE DE PRÉVOIR DES MODES DÉGRADÉS »

Des innovations numériques comme l’intelligence artificielle permettent également de maîtriser la charge opérateur. Le déplacement autonome de drones et de robots en fait partie : le drone va décoller et atterrir automatiquement, voire se déplacer en suivant un plan de vol prédéfini. De la même manière, 

le robot est capable de la fonction « go home » qui lui permet de rentrer de manière autonome dans le coffre du véhicule. Cela décharge l’utilisateur de cette phase de pilotage du robot qui nécessite beaucoup d’attention et qui n’a aucun intérêt opérationnel. 

Faciliter la prise de décision

Autre innovation, reposant sur la technologie du « deep learning », la capacité, via un logiciel qui analyse les images des caméras proximales du véhicule, de détecter l’intrusion d’un individu à l’intérieur d’un périmètre de sécurité préalablement défini autour du véhicule. Cette capacité décharge l’opérateur de la scrutation de l’écran sur lequel sont affichées les images filmées par les caméras. Il est prévenu dès que l’intrusion est détectée par le logiciel qui lui affiche simultanément l’image de l’individu. L’étape 

suivante consistera à déterminer si l’individu a une attitude hostile ou pas, voire à identifier l’arme qui l’équipe. L’opérateur aura ainsi davantage de temps pour prendre la mesure appropriée en fonction des informations remontées automatiquement par le système.

Les futurs systèmes d’armes auront de plus en plus la capacité de proposer des ripostes adaptées aux menaces détectées par leurs propres capteurs aussi bien que par ceux d’autres systèmes d’armes. Les propositions pourront aller jusqu’à orienter automatiquement une tourelle ou un tourelleau vers la menace, l’engagement du tir restant sous la responsabilité de l’opérateur.

Une indispensable résilience

L’innovation numérique peut véritablement démultiplier l’efficacité opérationnelle. Cependant, un des freins au déploiement du numérique est le risque de ne plus être en mesure de remplir la mission en cas de défaillance matérielle ou logicielle. Alors même que la fiabilité des composants et des logiciels s’améliore continûment, il est indispensable de prévoir lors de la conception des systèmes, les modes dégradés qui permettent de poursuivre la mission malgré tout.

En synthèse, l’innovation numérique, illustrée ici par le véhicule augmenté, peut véritablement apporter une supériorité opérationnelle à condition de l’intégrer de manière pertinente et agile dans les produits et les services.

 

Auteur

Alexis Mabile

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