Les sous-traitants aéronautiques décrivent généralement une série de caractéristiques de leur métier, parlant souvent de leur ADN : réactivité, innovation, domaine pionnier, filière d’excellence, capacité d’évolution… toutes ces qualités sont largement décrites dans le présent magazine.

Lorsqu’on cherche à illustrer la vie des PME, une part d’histoire apparaît très souvent. Soit une activité antérieure a évolué vers des techniques plus récentes, soit les avancées de l’aéronautique ont été mises à profit pour d’autres applications, comme mon canoë issu des surplus de tôle d’aluminium par suite de la forte diminution de production des avions à la fin de la guerre, ou ce cadre de vélo en métal léger et résistant. On notera en passant que l’activité d’aérostructure est la moins rentable, il est donc normal qu’elle se diversifie plus (à moins que ce soit le contraire).

Les partenariats ainsi apparus continuent aujourd’hui, attisés par l’intérêt constant pour l’aéronautique. Deux grands groupe incontournables, Airbus et Lego, proposent un Concorde en briques de plastique au réalisme saisissant.

Vélo Duravia, en métal aviation

Concorde à construire, un partenariat Airbus-Lego

La poule et l’œuf

Voici quelques exemples de liens inattendus, récoltés sur les salons et parfois encore présents dans la mémoire affective du dirigeant, sur l’activité passée à l’origine de la spécialité technique de sociétés, ou sur une application autre (comme le vélo) ayant pour origine un atout issu de l’aéronautique.

Voici quelques produits à associer. A vous de refaire les paires, en retrouvant les cousins aéronautiques de quelques produits (dont un intrus sans cousin), et le bon ordre (qui était à l’origine, l’aéronautique ou le produit inattendu) :

Sous les radars, une passion, des risques

On évalue les trous opérationnels ou commerciaux, mais peu souvent les trous de sous-traitance. C’est une des difficultés du soutien d’une industrie stratégique mais peu visible. Les regroupements industriels pour atteindre une taille critique (ou les reprises par des grands groupes) sont monnaie courante, et il est difficile de suivre un membre de la chaine d’approvisionnement sur une assez longue période. Il est également difficile à ces nouvelles structures industrielles conserver une vision concrète de la sous-traitance, et d’éviter ce commentaire entendu plusieurs fois sur les stands du Bourget : "Les grands maîtres d’œuvre sont hors-sol". Comme l’évolution technologique, l’effort de survie est permanent.

Le jeu de la sous-traitance est un jeu dangereux, qui nécessite une attention constante : plus on descend dans le niveau de sous-traitance, plus la surveillance de la conformité et des règles de qualité doit être présente : les accidents viennent souvent de pièces sous-traitées au second ou troisième degré, et les enquêtes montrent une assurance qualité insuffisante

Des sous-traitants fiables, c’est l’affaire de tous

Les IA, qui sont plutôt du côté du maître d’œuvre ou du maître d’ouvrage, sont conscients de tout cela. Ils éviteront les "best of" de fautes rencontrées, grâce à des échanges qui bien sûr doivent être dans certains cas informels :

- le sous-traitant candidat sait pertinemment qu’il ne tiendra pas les spécifs, mais s’engage quand même, pour ne pas être éliminé par des concurrents tout aussi menteurs

- le maître d’œuvre supprime la partie sous-traitée de la liste des risques, avec la mention "risque nul, car passé à un sous-traitant sur contrat forfaitaire"

- le décideur de haut niveau impose le choix du sous-traitant, au mépris d’une règle qu’il a lui-même imposée, et le résultat est décevant ; heureusement, l’équipement sera supprimé en série pour des raisons budgétaires

- pressé par le calendrier, le MO impose au sous-traitant d’enfreindre des règles de qualité imposées par le maître d’ouvrage, pour ensuite lui reprocher les défauts observés

- le sous-traitant s’est tenu strictement aux spécifications écrites, sans chercher à les analyser, et le maître d’œuvre insatisfait a dû faire recommencer le travail

Un peu d’inflation

Pour terminer, une curiosité. Les sous-traitants aiment se déclarer d’abord du domaine aéronautique, ce qui peut biaiser les statistiques : le nombre d’emplois déclarés "aéronautique" des régions est plus du double du nombre d’emplois aéronautiques recensés par l’INSEE, et le nombre d’établissements 30% supérieur. La fascination pour l’aéronautique est omniprésente. Qu’elle en profite sans perdre sa rigueur !