Lancé en 1993, le programme SCCOA (Système de Commandement et de Conduite des Opérations Aérospatiales) a trois missions principales :
- la défense aérienne, avec la surveillance du territoire national 24h/24, 7J/7.
- le contrôle aérien (air, terre, mer) et l'appui aux missions de souveraineté (coordination du sauvetage, appui au contrôle aérien civil).
- le commandement et la conduite des opérations aériennes, avec la coordination des forces dans la 3ème dimension.

Basé sur cinq composantes (détection, télécommunications, systèmes de commandement, contrôle aérien et versions déployables), il utilise plus de 70 systèmes d’âges divers. La DGA, en tant que maître d’ouvrage global du SCCOA, assure le bon fonctionnement de l’ensemble des objets dans les différentes chaînes fonctionnelles du programme.

Une nécessaire cohérence d’ensemble

Le programme SCCOA a agrégé diverses initiatives en un programme unique pour une cohérence d'ensemble et une programmation financière sanctuarisée. Chaque industriel de premier rang est responsable de son système via des contrats directs avec la DGA. Aujourd’hui, 50% environ de ces contrats sont détenus par Thales, environ 25% par CS Group/Sopra Steria et 15% par MOSS (maître d’œuvre industriel et assistance à maîtrise d’ouvrage) qui est une coentreprise Thales-Airbus. D’autres industriels se partagent le reste des tâches (BAé, Leonardo, Collins…).

Le programme doit constamment se renouveler pour assurer un niveau de service maximum. Cela amène deux défis majeurs : fournir des systèmes durables tout en conservant leur évolutivité et faire dialoguer des systèmes historiques avec ceux de nouvelles générations (IP et non-IP, analogiques et numériques) pour maintenir la capacité tout temps.

Une étude de modélisation du système a été menée pour évaluer la performance globale du SCCOA. La performance du maillon le plus faible contraint la performance globale. Les travaux ont révélé que les éléments les plus dimensionnants en termes de performance n’étaient pas ceux auxquels on pensait. Par exemple, pour certains systèmes radio, la disponibilité des moyens de climatisation était clé, notamment en Corse ; le positionnement judicieux des rechanges a permis d’améliorer la performance globale du système.

Une dualité intégrateur/sous-traitant essentielle

Le nouveau radar de Lyon ; la tour et le radôme ont été sous-traités

Un industriel intégrateur est responsable, vis-à-vis du client final (DGA), du bon fonctionnement des sous-ensembles intégrés dans le système. La flexibilité et l’innovation des sous-traitants apportent l’agilité et l’ouverture nécessaires au développement : cycles rapides de développement des évolutions et correction, alliés à des cycles longs des systèmes (matériels et logiciels).

L’analyse des milliers d’heures par an de contrôle aérien est précieuse pour l’aide à la décision. L’IA est ainsi utilisée pour prédire les trajectoires des avions ennemis et pour détecter des anomalies dans les données de vol, pouvant indiquer une menace potentielle. Depuis 2021, le programme SCCOA développe des capacités de *Big data* avec Thales LAS. Cela inclut le développement et la fourniture de moyens matériels et logiciels, ainsi que des développements agiles d’applicatifs par Thales La Ruche ou des tiers (en interne du ministère, comme DGA MI ou en externe, comme la Fabrique numérique).

Ces travaux renforcent l'ouverture et la modularité, renforcés par le développement du futur C2 ACCS (OTAN) : intégrer des modules indépendants accélère l’innovation numérique dans les programmes (aide à la décision, fusion de données, simulation) et améliore la réponse aux menaces.

Les défis de la sous-traitance bien maîtrisée par l’industriel intégrateur incluent :
- la maîtrise des chaînes de sous-traitance (jusqu’aux rangs 2, 3 voire 4), notamment pour certains travaux d’infrastructure et pour la sécurité de défense (avec parfois une vulnérabilité accrue aux cyberattaques chez certains sous-traitants parfois peu conscients des enjeux globaux).
- la nécessité d’un suivi de la santé financière des sous-traitants par le titulaire, contribuant à une meilleure visibilité *de la chaîne de sous-traitance par la DGA. Les titulaires ont intérêt, tout comme la DGA, à ce que les sous-traitants soient pérennes.

Sous-traitance dans le soutien

La DMAé a choisi fin 2021 de passer un contrat de soutien unique à Thales pour le maintien en condition opérationnelle du SCCOA, visant à simplifier la gestion globale par la maîtrise d’ouvrage. Cela a permis de passer de plus de 25 marchés à un seul (exception faite de quelques marchés spécifiques) ; un seul interlocuteur industriel, qui porte un engagement de réactivité et gère les interfaces avec l’ensemble des sous-traitants et en contrepartie un contrat qui lui assure une visibilité sur 10 ans, . Ceci afin d’assurer une meilleure disponibilité des équipements et services, tout en favorisant l'innovation et l'amélioration continue.

SCCOA est un programme d'armement ambitieux, témoignant de l'engagement de la France pour une défense aérienne de pointe. Les menaces aériennes évoluent rapidement, nécessitant une adaptation régulière des moyens. L'innovation est au cœur du programme, permettant de répondre aux défis de la défense aérienne du XXIe siècle. La sous-traitance offre des opportunités pour intégrer des technologies avancées et des solutions innovantes, tant qu’on ne perd pas de vue qu’on ne fait pas des objets techno-centrés, et qu’in fine, les systèmes ne doivent pas satisfaire un doux rêve d’ingénieur mais bien être utilisés par nos forces armées !

Aurélie Gauci, ICA, directrice de l’opération d’ensemble SCORPION

IA recherche, détentrice d’une thèse en chimie organique à l’ENSTA Paris, a tout d’abord travaillé dans le domaine de la Défense NBC, avant un poste de chef de cabinet du Directeur technique (F. Coté), puis une diversification dans les finances (UM ESIO). Elle a dirigé durant 4 ans le programme SCCOA.