

AUTOCRITIQUE
RETOUR SUR UNE RÉFLEXION VIEILLE DE PLUS DE VINGT ANS
Le titre de cet article pourrait laisser croire qu'il va s'agir d'un mea culpa. Tel n'est pas le cas et il faut entendre ici le mot "critique" dans son sens littéraire. c’est-à-dire une bonne ou une mauvaise critique, aussi bien une critique élogieuse qu'une critique malveillante. En l'occurrence, il s'agira d'une critique plutôt bonne.
La relecture du livre que j'ai publié en mars 2000, à la toute fin du siècle dernier et qui n'a eu qu'une diffusion confidentielle alors qu'il avait pour titre « Quand les Ricains repartiront », m'a fait penser que la fréquentation de nos amis d'outre-Atlantique, pendant quatre ans d'abord à Washington, de 1983 à 1987, puis quatre ans de nouveau, de 1994 à 1998, à Bruxelles, m'avaient entr'ouvert les paupières.
Je ne le résumerai pas ici ; je ne voudrais pas faire injure à la solidité de la mémoire de ceux qui l'ont lu ni en déflorer la teneur pour ceux qui souhaiteraient le lire aujourd'hui. On peut en effet toujours se le procurer sous forme papier ou e-book sur le site de la librairie Decitre.
Je rappellerai seulement que j'y supposais qu'au tournant du siècle les États-Unis se donnaient comme président un certain Howard Cabot Lodge dit "HCL" préféré, comme on s'y attendait, à une femme noire et mère célibataire.
HCL prévoyait de démarrer son mandat comme un bon républicain quand, au tournant des années 1999 et 2000, une vague d'attentats racistes faisait près de quinze mille morts entre l'Atlantique et le Pacifique, Washington subissant même une attaque aérienne.
Ceci a été écrit avant septembre 2001.
Cela le conduisait à remplacer Clinton dès le 2 janvier 2000 et à annoncer des mesures drastiques de rétablissement de l'ordre.
Dès le 2 mars, dans un discours destiné au monde entier, il affirmait que « les pays étrangers doivent apprendre à vivre sans les États-Unis », inaugurait une politique isolationniste et mettait fin à toute participation des USA aux institutions internationales, y compris l'ONU et l'Otan.
Cette mesure, annoncée au moment où le monde faisait face à des crises graves du Cachemire au Schleswig-Holstein, plongeait l'Europe issue de mes fantasmes dans un désarroi qui fait grincer des dents aujourd'hui. On peut en effet se demander si l'Europe des vingt-sept peut espérer, au tournant du deuxième quart de ce siècle et alors que les dividendes de la paix s'avèrent avoir été versés en fausse monnaie, surmonter les divergences de vue et les haines résiduelles qui la paralysent depuis près de deux mille ans, et auxquelles mon Europe de l'an 2001 devait faire face.
Au fur et à mesure que les GI's retraversaient l'Atlantique, leurs armes nucléaires sous le bras, les gouvernements européens commençaient à tenter de vivre sans les USA. Des conférences décevantes ne leur permettaient pas d'éviter que des incidents se multiplient partout où les frontières ne coïncident pas avec les lignes de démarcation linguistiques ou culturelles.
Des conflits éclataient le long de toutes les frontières et commençaient à faire craindre une guerre généralisée jusqu'à ce que les Européens et surtout les Européennes prennent conscience de leur folie et que soient jetées les bases d'une Europe indépendante, consciente de son destin et pourvue d'une défense commune.
Cette défense s'établissait sur des principes simples :
- Une alliance défensive de tous les pays européens hors CEI héritière de l'Otan et profitant de ses structures,
- Une armée européenne professionnelle avec un Chef d'État-Major Européen,
- Les armes nucléaires françaises et britanniques intégrées au sein d’une Force Nationale Stratégique Européenne dont le déclenchement serait soumis à une décision commune des chefs d'État britannique et français et du Chef d'État-Major Européen,
- Un Ministère de l’Armement européen.
Comme me l'a écrit Marcel Bénichou que je remercie d'avoir égayé ses soirées par la relecture de "Quand les Ricains repartiront…" : « On a perdu 25 ans. »
Peut-être vingt-six, voire plus.
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