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Griffon © Nexter/Renault Truck Defense Thales
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01 juin 2016

Les industriels du GICAT « au contact » des forces terrestres avec Scorpion

Publié par Stefano CHMIELEWSKI | N° 109 - Terrestre : la mutation

Intégrant les contraintes économiques et les enseignements des opérations en cours, les industries du secteur terrestre se sont mises en ordre de bataille pour répondre aux challenges du programme SCORPION, futur programme structurant des forces terrestres. La cohérence capacitaire apportée par ce programme pendant les 20 prochaines années dépend en effet en grande partie de la qualité des réponses techniques et industrielles dans un contexte budgétaire maîtrisé.


La Force Scorpion, pilier central du modèle « Armée de terre au contact »

 

Jaguar © Nexter/Renault Truck Defense Thales

 

Le programme Scorpion a pour objectifs d’une part de renouveler progressivement les moyens des « Groupement Tactique Interarmes (GTIA) » de façon cohérente et optimisée et d’y intégrer d’emblée les capacités d’infovalorisation d’autre part. A cet effet, il suit une démarche capacitaire globale, cadencée en deux étapes. L’étape 1 permet de financer 55 % des commandes - livraisons des différents blindés et le système d’information et de combat commun à toutes les plates-formes, le SIC-S. A son terme (2027), s’imposera la rénovation des équipements du contact qui arriveront à mi-vie. L’étape 2, actuellement en préparation, a été initiée selon la même logique de programme d’ensemble, et devrait trouver son financement à partir de 2020. Elle sera articulée autour de la poursuite des opérations au cœur du contact, de l’élargissement du spectre des capacités du GTIA (apport des nouvelles technologies de robotique terrestre et aérienne notamment) et de l’amélioration de l’aptitude au combat collaboratif en y intégrant les capacités d’appui et de soutien.

 

La cohérence globale du système Scorpion repose donc sur trois piliers à la fois capacitaires et industriels : le développement quasi simultané de deux familles de blindés polyvalents dotés de fortes communalités d’équipements, une numérisation temps réel adaptée aux exigences du combat terrestre et l’intégration progressive des nouvelles technologies. Le système Scorpion trouvera sa pleine plus-value opérationnelle au sein d’une force terrestre cohérente qui, dans toutes ses composantes, appuis (renseignement, commandement, feux, génie) et soutien (logistique, maintenance), aura infovalorisé ses capacités.

 

Innovation et Expérimentation pour la BOA : un exemple de maturation d’un futur programme

Le positionnement des industriels du secteur terrestre participant à l’étape 1 est, à quelques variantes près, une suite logique des contributions aux travaux qui ont précédé le programme Scorpion dans la phase des études de faisabilité du PEA BOA. Jusqu’en 2012, la société Mars, associant Thales, Nexter et Sagem a assuré l’essentiel des études d’architecture, des développements exploratoires, et des expérimentations technico-opérationnelles jusqu’à la démonstration de combat collaboratif au CENZUB. En parallèle, des industriels présélectionnés ont répondu aux études ciblées de levée de risques comme les démonstrateurs de technologie sur la mobilité ou sur la simulation embarquée.

 

La mise en ordre de bataille des industriels du secteur terrestre

 

A l’issue de ces expérimentations, la réponse industrielle s’est donc logiquement articulée autour des deux grandes familles d’opérations constituantes de l’étape 1, que sont les plates-formes blindées et les réseaux d’interconnexion des acteurs du combat de contact.

 

Concernant les plates-formes, la maîtrise d’œuvre des successeurs des blindés médians est assurée par le Groupement Momentané d'Entreprises (GME) Nexter, RTD et Thales. La rénovation du char Leclerc reste quant à elle sous la responsabilité du maître d'œuvre Nexter Systems.

Concernant la mise en réseau des acteurs du combat de contact, la maîtrise de l'information est assurée par Bull/Atos pour le système d’information et de commandement Scorpion « SICS » dans sa configuration initiale, la transmission sécurisée des données en temps quasi-réel reposant quant à elle sur les performances attendues de la radio logicielle tactique « Contact », fournie par Thales.

Pour les opérations complémentaires de l’étape 1, les maîtres d’œuvre des futures plates-formes devront détenir des compétences d’intégrateur système pour :

  • le développement du VBMR léger, complément capacitaire du VBMR pour certaines composantes spécifiques (commandement renseignement par exemple, ou très contraignantes en matière d’aérotransport) ;
  • les véhicules Légers Tactiques Polyvalents protégés ou non, sur la base de plates-formes existantes dans les gammes civiles existantes, le retour des menaces sur le théâtre national rendant cruciale cette étape.

 

L’enjeu principal de Scorpion reste la cohérence d’ensemble du système dans la durée. Au plan industriel, ce sera le principal défi de l’industriel chargé de l’architecture d’ensemble, en appui de la DGA, maître d’ouvrage de Scorpion.

 

La préparation de l’avenir : des opportunités technologiques pour l’étape 2 après 2025

Dans l’étape 2 de Scorpion, le positionnement des industriels pourrait être assez stable, avec quelques grandes évolutions selon les nouveaux métiers et les technologies matures à l’horizon 2025.

Pour la fin de livraison des véhicules blindés (VBMR, EBRC, XL rénovés, VBMR Léger), les montages industriels devraient rester dans la continuité de l’étape 1. Les compétences des systémiers intégrateurs devraient également être exploitées pour les véhicules blindés d’aide à l’engagement (VBAE) devant équiper certaines unités de renseignement ou pour les nouveaux véhicules polyvalents du Génie.

 

Le domaine des systèmes d’information et de communication sera fortement intégré aux plates-formes de combat grâce à la vétronique et connectés aux systèmes de simulation embarquée pour renforcer les capacités de combat collaboratif. Dans ce domaine à forte évolutivité, des nouveaux acteurs capables d’intégrer de façon cohérente des solutions numériques dans des systèmes complexes peuvent émerger à partir de leurs compétences dans le monde civil. La maîtrise du domaine cyberdéfense sera dimensionnante pour garantir la sécurité et continuité de service.

 

Pour les technologies non encore matures actuellement (amélioration du combat collaboratif, certaines capacités tout temps, robotique, combattant augmenté, nouvelles capacités d’agression dont le tir au-delà des vues directes, survivabilité, énergie, …), les capacités d’innovation des industriels garantissant l’autonomie de décision, la sécurité d’approvisionnement et la capacité d’adaptation seront déterminantes pour intégrer les plus-values opérationnelles dans les systèmes en service ou en cours de livraison.

 

Les enjeux transverses de la maintenance

En cohérence avec le soutien de Scorpion, les industriels du secteur terrestre se sont mobilisés pour accompagner les réflexions étatiques de la réorganisation du pilier maintenance du projet « Au Contact ». Les recommandations du Gicat traitent des partenariats renforcés entre les industriels et la composante maintenance industrielle étatique avec des contrats hybrides Etat - industrie, du pilotage centralisé de la logistique de la maintenance et de la formation partagée avec les Ecoles de la Maintenance de Bourges.

 

 Le challenge « export »

Parmi les armées les plus matures au plan technologique et les plus sollicitées au plan opérationnel, l’armée de Terre française est une des seules à avoir conduit jusqu’au bout un processus de modernisation innovant, cohérent et global. La numérisation tactique devient grâce à Scorpion une réalité qui devrait conférer aux forces terrestres une forte supériorité opérationnelle. C’est à ce titre que le programme Scorpion est très observé par les Alliés de la France et que les industriels français pourraient en faire, avec l’aide active de la DGA un vecteur efficace de développement.

 

Groupement professionnel chargé de promouvoir et défendre les intérêts des industriels français du secteur défense et sécurité terrestres et aéroterrestres.

1) Organiser le dialogue entre institutionnels et industriels du secteur
2) Offrir des services à ses adhérents pour favoriser leur développement
3) Créer un environnement favorable aux échanges entre industriels 200 adhérents dont 70% de PME, 10% de grands groupes et 20% d’ETI.

Il anime des espaces de réflexion et d’échange, édite des brochures capacitaires et organise des salons, dont EUROSATORY tous les deux ans mais aussi dans d’autres parties du monde. Directeur Général Délégué : Général(2S) Jean-Marc Duquesne

 

    
Stefano Chmielewski, Président du GICAT
Ingénieur diplômé de l’Ecole Polytechnique de Turin, Stefano Chmielewski a été directeur commercial du groupe Iveco, puis directeur Export et des Ventes chez Volkswagen, Président Directeur Général de Renault-Trucks (2003 à 2012), et Président Directeur Général de Renault Trucks Defense jusqu’en 2015. Il est Président du GICAT depuis 2014.
 

Auteur

Stefano CHMIELEWSKI
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