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Cabines de char LECLERC - Vue à la première personne d’un fantassin dans un monde virtuel - Fantassin équipé de simulateur de tir (émetteur et récepteurs laser) - Groupe d’infanterie s’entraînant en zone urbaine.
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01 juin 2016

Préparation opérationnelle : les défis de SCORPION

SCORPION (Synergie du COntact Renforcé par la Polyvalence de l’infovalorisatION) sera un bouleversement opérationnel pour les forces terrestres.
Le système de préparation opérationnelle (SPO) va se déployer dans l’ombre du programme SCORPION pour apporter les moyens techniques nécessaires à l’appropriation et l’exploitation en opération des futures capacités de l’armée de Terre.


Grâce à la qualité de sa préparation opérationnelle, notre armée a pu se déployer et combattre sans délai lors de toutes nos dernières opérations. Au combat, la préparation compte au moins autant que le blindage pour réussir la mission tout en préservant la vie des forces engagées. Formidable machine à créer de la préparation opérationnelle en masse, l'armée de Terre a organisé des parcours normés, permettant de transformer des personnels « ignorants » en personnels « aptes à l'engagement », en leur inculquant des savoir-faire techniques (pôle systèmes d'armes), puis tactiques (pôle commandement et contrôle) et enfin en les entraînant sur le terrain (pôle synthèse) - cf. encadré.

Avec la mise en service dans la prochaine décennie de nouveaux matériels, l'armée de Terre se prépare à de grands changements capacitaires. Cela concerne les systèmes d'armes (nouveau fusil d'assaut, nouvelle roquette, nouveau missile…), les véhicules de combat (Jaguar, Griffon, VBMR léger…), les moyens de commandement (nouveaux systèmes d'information, nouvelles radios…) et les capacités de combat collaboratif apportées par Scorpion. Les états-majors ont anticipé ce bouleversement en lançant l'opération SPO (système de préparation opérationnelle) au sein du programme Scorpion. Celle-ci vise à doter les forces de moyens de formation et d'entraînement leur permettant de s'approprier ces nouveaux moyens et la doctrine qui s'ensuit.

 

De fait, il existe aujourd'hui des moyens d'entraînement nombreux et disparates, car acquis au fil de la mise en service des moyens de combat de l'armée de Terre. La synchronisation du renouvellement d'une grande partie des moyens de l'armée de Terre ces prochaines années donne l'opportunité exceptionnelle de concevoir les moyens de préparation opérationnelle qui les accompagnent de façon globale et rationalisée. Au même titre que le programme Scorpion a permis d'apporter une cohérence opérationnelle, technique et calendaire aux différentes opérations qu'il engerbe, le SPO apporte la même cohérence aux différents projets de systèmes d'entraînement.

 

Dans le pôle systèmes d'armes, une série de cabines de simulation sera réalisée pour permettre la formation et l'entraînement à la mise en œuvre du Jaguar, du Leclerc rénové et du Griffon, mais aussi une capacité technique nouvelle pour l'armée de Terre : la simulation embarquée dans les véhicules. Ces cabines seront déployées dans les centres de formation et dans les régiments. Elles seront toutes basées sur un même cœur commun, permettant de mutualiser les efforts de développement et de soutien. Mais leur prix ne permet pas d'en déployer en quantité dans les régiments. L'essor des équipements informatiques et électromécaniques interconnectés (vétronique) à bord des nouveaux véhicules sera exploité par un système de simulation embarqué dans les véhicules, afin de les utiliser « comme des cabines » alors qu'ils sont au parking. Ainsi, sur chaque place de stationnement de Griffon et de Jaguar en régiment se trouvera une prise électrique et une prise réseau pour permettre aux équipements de simulation embarquée et au véhicule lui-même de plonger l'équipage dans un monde virtuel alors que le véhicule reste à l'arrêt ! Chaque opérateur met en œuvre ses organes de commande comme il le ferait sur le terrain et la simulation anime les tableaux de bord, affiche un monde virtuel dans les épiscopes, les lunettes de tir et les écrans de caméras, tout en générant une ambiance sonore réaliste.

 

Dans le pôle commande et contrôle, un simulateur sera réalisé pour offrir la possibilité, en centre de formation comme en régiment, d'entraîner toute la chaîne de commandement des GTIA (groupements tactiques interarmes), quel que soit le niveau hiérarchique ou le métier. Depuis quelques années, l'armée de Terre a entrepris d'équiper chacun de ses régiments d'une salle informatique permettant l'entraînement de ces chaînes de commandement. Une fois qu'il sera déployé, tout combattant pourra organiser et réaliser l'entraînement de ses subalternes sur ce nouveau simulateur. Les entraînés seront plongés dans un monde virtuel dans lequel ils pourront jouer leur propre rôle (fantassin débarqué, chef de char, opérateur de véhicule du génie, pilote d'hélicoptère, chef de rame logistique, chef d'unité, etc.), dans des scénarios crédibles et complexes. Ils pourront se déplacer à pied (ou déplacer leur véhicule, ou téléopérer leur robot, leur drone…), observer l'environnement (à l'œil nu, avec des moyens optiques ou électro-optiques), mettre en œuvre leurs armes (fusil, missile, canon d'artillerie, etc.), se protéger (fumigène, protection collaborative…), commander et communiquer (avec leur système d'information réel et les moyens de phonie). Et les acteurs du scénario qui ne sont pas pris en charge par un entraîné, seront gérés automatiquement par la simulation (ennemis, neutres, appuis, appuyés, collatéraux, supérieurs, subalternes, etc.). L'infrastructure réseau qui existe entre les différents sites du Ministère sera exploitée pour permettre des entraînements distribués entre des régiments devant agir conjointement dans des missions interarmes.

« entraîner, mais surtout contrôler le niveau d’aptitude opérationnelle »

 

Dans le pôle synthèse, l'ambition est de pouvoir entraîner, mais surtout contrôler le niveau d'aptitude opérationnelle des SGTIA (sous-GTIA) à la projection. Il est donc indispensable de mettre en place un nouveau système de supervision et d'enregistrement des exercices qui sont conduits au Centac (centre d'entraînement au combat) et au Cenzub (centre d'entraînement aux actions en zone urbaine), apte à suivre la mise en œuvre des nouvelles capacités Scorpion. Sur ces camps, les unités entraînées sont équipées d'émetteurs lasers (sur les canons, les lance-roquette, etc.) et de récepteurs (fantassins, véhicules) pour que seuls les effets des munitions soit simulé de façon réaliste. Tout le reste des actions de combat et de commandement sont réalisés de façon réelle, avec les matériels en dotation face à une force adverse en chair et en os. Le système de supervision et d'enregistrement fournit aux instructeurs les moyens de suivre l'action et de produire en peu de temps des supports audio-visuels permettant d'appuyer leur discours pédagogique, en montrant les différentes phases des exercices aux chefs d'unités.

Ainsi, en s'appuyant abondamment sur la simulation, l'armée de Terre a l'ambition de renouveler ses moyens de préparation opérationnelle pour conserver son niveau opérationnel pendant la phase de transition vers les nouvelles capacités de combat et pour être en mesure de les exploiter efficacement dès les premières projections des unités Scorpion. La DGA accompagne ce projet en mettant en place une ingénierie contractuelle, ainsi qu'une ingénierie système, permettant de garantir la cohérence et la rationalisation des différents projets du SPO et en en assurant la maîtrise d'œuvre globale.

 

    
Eric Pédo, ICA, Manager du Système de préparation opérationnelle
Eric Pédo a œuvré à la DGA essentiellement au profit des programmes terrestres, tout d'abord dans la numérisation de l'espace de bataille, puis au sein de Scorpion. Il a aussi dirigé le LTO (laboratoire technico-opérationnel, le battelab de la DGA).
 

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