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SNLE de type LE TRIOMPHANT
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28 février 2018

MOI, MOP IX

Parmi les programmes emblématiques Coelacanthe figure en première place : sous-marin à propulsion nucléaire susceptible de tirer des missiles balistique à tête nucléaire. Le responsable du programme répond au surnom de MOP, maître d'oeuvre principal Coelacanthe. Témoignage.


Propos d’un intrigant

Longtemps, je me suis couché de bonne heure.
Non, ce n’est pas ça.
C’était à Megara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar. Pas ça non plus.

A la fin des années...70, je commençai une carrière d’intrigant. Voilà qui convient mieux.

Plus ça rate, plus cela
va marcher:
Visant à succéder aux jeunes de Dinechin (père) et Duval (fils) dans diverses affectations utiles et plaisantes, je tapais souvent aux augustes portes du bureau des officiers de la DTCN, voire de l’adjoint du Délégué. Cela finit par marcher pour DGA/CAB, mais quatre ans de réclamations pour partir à Papeete finirent par lasser, et on m’expédie au loin, certes, mais à Washington.

Iznogoud

Neuf années de coopération internationale plus tard, années où j’intrigue, n’en doutons pas, pour la France, il est à nouveau temps d’intriguer pour succéder enfin à Emmanuel Duval, devenu MOP VIII, et donc aussi à Yves de Dinechin, MOP VII. Coup double.

Mais le règne de MOP VIII doit aller jusqu’au début des essais à la mer du « Triomphant », et, le calendrier Coelacanthe étant secret depuis qu’il a été publié dans « Le Monde », va-t-en savoir jusques à quand je devrai intriguer...

Au charbon

Et voilà qu’à force de propulser vers la DCN des idées sur divers sujets dont je n’étais pas chargé, ce qu’on baptiserait aujourd’hui « thinking way out of the box », Hervé Chéneau, Directeur de la DCN industrielle, me dit : « arrête ton char et viens au charbon ; il faut me monter un bureau de la Stratégie ». Et alors j’y vais, car Chéneau, c’était un patron. Certes, j’en avais eu d’excellents à la DAI, qui m’avaient bien formé, mais enfin, avoir un bon patron et se rapprocher de plus de la DCN, siège du MOP...

Calife !

Bref, deux ans après, MOP VIII fait mettre le « Triomphant » à l’eau. Les choses sérieuses étant terminées, on peut nommer un MOP IX, qui n’est pas mécontent, et le « Triomphant » prend armement pour essais.

MOP VIII avait une excellente équipe technique et administrative à Paris, et des réserves financières dans le programme d’adaptation aux versions de missile MSBS. Si bien que j’ai pu passer le plus gros de mon affectation à bord, au contact du Maître d’œuvre Construction Navale, Jean-Louis Rotrubin, et de ses équipes de Paris et de Cherbourg, et au contact des deux équipages d’armement.

Cela ne faisait qu’affermir la relation avec la Marine et avec mon binôme parisien, l’Amiral Coelacanthe, qui était souvent présent.

Or la relation DGA - Marine est la base de l’organisation Coelacanthe. Je joignais l’utile à l’agréable, car, comme on disait à l’époque, la Marine, moi j’aime!

Pendant les essais d’un prototype le Directeur de Programme ne peut attendre dans son bureau qu’on lui envoie l’addition. Il faut être sur le tas pour comprendre ce qu’il se passe, et anticiper, s’il y a des problèmes, leurs conséquences sur le calendrier d’ensemble de l’opération.

Je suis encore stupéfactionné de renversement (Camember, sapeur) par le propos d’un MOP X+N disant « je ne vais jamais à bord, car ce serait être juge et partie ». La DGA ainsi conçue, moi j’aime pas!

La contrainte majeure était de respecter les dates prévues pour le troisième SNLE type « le Triomphant », faute de quoi le format de la FOST serait tombé en-dessous de quatre SNLE pendant quelques temps, situation que beaucoup auraient alors tenté de pérenniser. J’ai donc manqué d’avaler ma chique en découvrant une impasse, cachée, faite sur un approvisionnement placé sur le chemin critique du « Vigilant ». Impasse qui a marché, mais qui était inutile. J’en bous encore.

Le « Triomphant », bien conçu par son architecte, Gérald Boisrayon, et par son équipe, bien mené par les équipages, n’a pas posé de problèmes majeurs aux essais, se montrant en particulier silencieux au-delà même de nos espérances. Les difficultés techniques ont été traitées par le MOCN, dans le calme et avec l’accord de la Marine, et sans qu’elles deviennent un sujet d’élucubrations de presse comme cela a pu être le cas pour le « Charles de Gaulle ».

Le MOP n’avait qu’un pseudo-contrat avec DCN, encore une partie de la DGA. Comme disait Alain Tournyol du Clos, « on joue à la marchande ». On a finalement fait le travail, mais avec plus d’heures et donc pas au prix convenu... Laissons aux MOP futurs le soin de faire mieux dans un vrai cadre contractuel, mais n’oublions pas qu’aux Etats-Unis, où on ne badine pas avec la dissuasion, on traite les prototypes, et souvent la série, en « cost plus fee ».

Evacué par la cheminée!

Je vais un jour expliquer au Délégué pourquoi je dois encore puiser dans les réserves laissées par Duval, et j’attends le verdict, quand JeanYves Helmer, au lieu de me virer, me dit « veux-tu prendre la Direction des Relations Internationales dans la nouvelle organisation? » Me voilà devenu DRI, un poste pour lequel je n’aurais pas osé intriguer, tant mes prédécesseurs m’avaient impressionné. Et là, j’y reste six ans, histoire de faire mariner à leur tour mes camarades ; le Ministre veut me nommer ailleurs, mais ça foire : je ne sais plus manœuvrer!

Ah si! Je vois se profiler la succession de de Dinechin, qui fut président de la Société Amicale du GM; on me dit que ça s’appelle la CAIA.

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