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30 septembre 2019

LE MCO NAVAL : GÉRER LE TEMPS COURT ET LE TEMPS LONG.

Comment se prépare-t-on à la transition SNA type Rubis / SNA type Suffren dans le MCO ?

 

Diriger un site industriel de 2 200 salariés en charge de l’entretien du porte-avions Charles de Gaulle, des 6 sous-marins nucléaires d’attaque et de l’essentiel de la flotte de surface basée à Toulon constitue un job passionnant où se côtoient le temps court (garantir la disponibilité de la flotte au profit de la Marine Nationale en tenant les délais parfois très courts des périodes d’entretien) et le temps long (préparer les compétences et l’outil industriel à une nouvelle génération de bâtiments).


Le job de « garagiste » dans le MCO naval m’a appris deux choses : savoir rester humble et tenir les délais. En effet, le format de la flotte étant ce qu’il est et les nombreuses sollicitations et opérations extérieures menées par la Marine Nationale créent une tension permanente sur la disponibilité de la flotte. Le moindre retard sur une période d’entretien d’une frégate peut remettre en cause l’ensemble du planning d’emploi de la flotte. La mobilisation des troupes pour rattraper d’éventuels retards est une force du MCO naval qui a montré son efficacité au travers d’une disponibilité toujours meilleure.

Et puis, contrairement à d’autres secteurs d’entretien ou de maintenance, le client reste présent pendant que nous exerçons les opérations d’entretien. Les marins vivent à bord des bâtiments que nous entretenons. Inutile d’espérer cacher la copie sur un décalage de planning ou une non-qualité. Cette proximité, outre l’humilité qu’elle impose, est une immense source de progrès : la culture du respect des délais est ancrée dans les gènes de tous les collaborateurs.

Cette gestion du temps court, inhérente aux opérations de MCO, je l’ai vécue à son paroxysme lors de la refonte à mi-vie du porte-avions Charles de Gaulle entre février 2017 et octobre 2018. 18 mois d’un chantier exceptionnel où le planning de 200 000 tâches était géré à la demi-journée.

Mais à ces défis quotidiens s’ajoute l’arrivée des navires de nouvelle génération : une fois la refonte à mi-vie du PACDG terminée, il faut se préparer à l’arrivée des SNA de nouvelle génération BARRACUDA. Le premier de série, le SUFFREN qui a été transféré le 12 juillet dernier sur son dispositif de mise à l’eau à Cherbourg en présence du Président de la République, doit rejoindre Toulon, son port d’attache, en 2020.

C’est ici qu’intervient le temps long :

  • Un plan volontariste de formation des collaborateurs est mis en place qui intègre, outre des formations classiques, de nombreuses missions de toulonnais à Cherbourg, directement sur le SUFFREN. Cette formation sur le tas est la meilleure garantie de réussite pour les futures opérations d’entretien de ce nouveau navire bourré de nouvelles technologies. A terme, plus de 500 personnes seront formés pour intervenir ensuite sur les BARRACUDA.
  • Des milliers de dossiers industriels d’entretien et de modes opératoires sont rédigés par notre ingénierie, directement sous forme digitale en lien avec la maquette numérique du bateau. Les tablettes remplaceront partout le papier à bord des sous-marins.
  • Environ un millier d’outillages et de bancs de test spécifiques sont approvisionnés et progressivement installés dans nos ateliers afin de pouvoir effectuer les visites des équipements qui seront démontés des BARRACUDA.
  • Enfin, les infrastructures portuaires de la zone dédiée à l’entretien des sous-marins au sein de la base navale de Toulon sont totalement refondues pour accueillir les nouveaux sous-marins. La taille plus grande du navire, l’accroissement des exigences de sécurité nucléaire et de sûreté nécessitent d’énormes travaux de génie civil, d’électricité, de fluides ou d’équipements mécaniques.

 

"Pendant les travaux, la vente continue" : continuer à entretenir les SNA type RUBIS pendant que les infrastructures portuaires qui leur sont dédiées sont refondues ; maintenir des compétences pour l’entretien des SNA type RUBIS, conçus dans les années 1970 tout en acquérant celles nécessaires aux navires numériques que sont les BARRACUDA. Tels sont les enjeux du MCO naval : savoir gérer le temps court et le temps long.

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