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18 juin 2021

SCCOA UNE LONGUE HISTOIRE DE COOPERATION
DANS UN CIEL DESORMAIS EUROPEEN

La coordination civilo-militaire du contrôle aérien est une des missions principales des systèmes du SCCOA (Système de conduite et de commandement des opérations aérospatiales). Elle passe par l’interopérabilité permanente des procédures et surtout des systèmes de plus en plus numériques, harmonisés au niveau européen. Elle demande une coopération entre les acteurs civils et militaires européens sur la durée.


De jour comme de nuit, les radars de SCCOA veillent. Ils détectent les intrusions dans les zones d’interdiction et les aéronefs non coopératifs, entrainant des dizaines d’interventions par an de l’armée de l’air et de l’espace.

L’espace aérien français, un des plus denses en Europe, se partage avec l’ensemble des acteurs du trafic aérien, tout un monde qui évolue dans les 4 dimensions, au-dessus de nos têtes.

Contrôle aérien civil versus militaire

L’aviation civile doit essentiellement faire face à des flux importants d’aéronefs coopératifs et à leur gestion de la manière la plus rationnelle possible. Le contrôle aérien militaire, même s’il voit l’ensemble de la circulation aérienne et tend au maximum à se rapprocher des normes et standards civils, va se concentrer sur un flux bien moindre d’aéronefs non coopératifs. Et pourtant, contrôle aérien civil et militaire doivent par nécessité coopérer, échanger des informations pour assurer en toute sécurité la bonne gestion du trafic aérien, toute erreur pouvant vite être catastrophique : la communication entre les parties est la clé d’une coopération réussie !

C’est une des raisons principales qui a motivé l’Armée de l’air et de l’espace pour à co-implanter ses centres militaires de coordination et contrôle (CMCC) au sein des centres régionaux de navigation aérienne (CRNA) civils.

Zoom sur le programme SCCOA

Le programme SCCOA est la résultante d’une vision capacitaire, d’un système de systèmes ayant pour missions principales la posture permanente de sûreté aérienne, la surveillance de l’espace, la sécurité des usages de l’espace aérien national ainsi que le commandement des opérations aériennes, aussi bien sur le territoire national que sur les théâtres d’opération. Ce programme, démarré au début des années 1990, a été dès le départ construit par étapes, permettant de maintenir et d’accroître les capacités de détection, de surveillance et de contrôle, de communication, ainsi que les moyens de formation et la composante déployable permettant d’opérer partout sur le territoire national et en opérations extérieures.

Une nouvelle ère - la numérisation

L’aviation civile européenne s’oriente vers de nouvelles technologies d’interopérabilité automatisée des centres et systèmes impliqués dans la coordination civilo-militaire pour atteindre les nouveaux objectifs CUE[1], basés sur les solutions technologiques identifiées par le projet phare SESAR.

Les solutions technologiques SESAR permettront une numérisation poussée des échanges, amenant l’information pertinente à chaque acteur avec la juste disponibilité, la bonne qualité et au bon moment. Il s’agit de la SWIM (System Wide Information Management). Trois rendez-vous technologiques majeurs sont programmés dans une logique incrémentale : échanges non-temps réel et non critiques (planification, météo) en 2025, échanges temps réel et informations critiques (informations du vol et mises à jour pendant la phase d’exécution) entre 2028 et 2030, et à une échéance plus lointaine encore à préciser les échanges des données entre le sol et les aéronefs.

Et SCCOA dans tout cela ?

SCCOA a pour objectif de rallier le cadre réglementaire du Ciel Unique Européen pour être compatible avec les standards et technologies européennes de la gestion du trafic aérien. Le développement d’outils compatibles avec la gestion dynamique des plans de vol et de l’espace aérien ainsi que l’interopérabilité des systèmes de contrôle civils et militaires est un enjeu majeur de SCCOA 5 en cours de préparation. L’objectif est d’équiper les opérateurs du SCCOA de nouvelles solutions automatisées, de la planification à la fin de l’exécution des opérations aériennes. En ligne avec la feuille de route incrémentale du déploiement de ces standards européens, les travaux se concentreront tout d’abord sur une solution compatible avec la numérisation des échanges non temps réel, dans les phases de programmation et planification des opérations aériennes. Dans un deuxième temps, le programme étudiera les évolutions nécessaires à l’interopérabilité pour les échanges critiques et temps réel.

La coopération européenne

Le déploiement des technologies CUE s’inscrit dans le cadre des programmes de coopération et co-financement de la Commission européenne. L’Agence exécutive européenne pour le climat, les infrastructures et l’environnement (CINEA), en charge de l’enveloppe budgétaire des projets liés au déploiement de SESAR, cofinance plusieurs projets de SCCOA : les évolutions des systèmes des centres de détection et de contrôle, et des CMCC conformes aux dernières évolutions des systèmes de contrôle de l’aviation civil (DSNA), ainsi que les passerelles de transfert des flux de données entre les systèmes civils et militaires.

Le Fonds européens de la défense sera une autre occasion de coopération entre les industriels de la BITD française du SCCOA et ceux d’autres pays européens, afin de mûrir et dé-risquer ensemble la solution d’interopérabilité entre les systèmes européens civils et militaires.

Acteurs privés et publics, civils et militaires, coexistent efficacement dans cet écosystème complexe qu’est l’espace aérien national. La transformation profonde que le ciel unique européen est en train de provoquer et la numérisation de tous nos outils (qui abolira les ‘strips papier’ si caractéristiques des contrôleurs aériens) sont des étapes majeures dans la poursuite de cette coopération ancienne. Espérons que la crise sanitaire qui a fortement ébranlé le secteur aérien et dont les impacts vont se ressentir encore plusieurs années ne mettra pas un coup de frein à la suite de ces travaux.

Ciel unique européen

Le cadre réglementaire du ciel unique européen, initiative de l’Union européenne lancée en 1999 et sa composante technologique SESAR (Single European Sky Air Traffic Management Research) vise à harmoniser et automatiser le système de gestion du trafic aérien européen, pour en améliorer la capacité, la sécurité, l’efficacité et l’impact sur l’environnement. Grâce à la fluidification du trafic, la désaturation des espaces et des aéroports, la réduction des temps de vol permise par l’optimisation des parcours des aéronefs, le ciel unique européen permettra non seulement un gain de temps pour les usagers, des économies de carburant aux compagnies aériennes, mais aussi une réduction des émissions des gaz à effet de serre.

 

[1] Ciel Unique Européen : le cadre réglementaire européen fixant les règles de l’harmonisation

 

    
Roza Karadumi, Architecte SCCOA à la DGA
Ingénieur des systèmes de gestion du trafic aérien (ATM), elle a construit son expertise à EUROCONTROL, sur le programme SESAR. Après un passage chez Airbus Defense & Space sur les futurs systèmes de contrôle militaire elle a rejoint la DGA, à la direction technique, sur le programme SCCOA.
 

Auteur

IA recherche, elle a commencé sa carrière à la DGA dans la défense NBC sur différents postes d’architecte. Chef de cabinet du directeur technique, puis en cellule finances, elle occupe depuis le début de l’année le poste de directrice de programme SCCOA.
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