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SYRAC, logiciel innovant modélisant les effets attendus
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01 octobre 2014

SYRAC, LOGICIEL DÉDIÉ AU CIBLAGE
L’aide à la décision pour la destruction des réseaux physiques

Publié par Alain FILIPOWICZ (1963) et Eric Lafontaine | N° 104 - Le Naval

SYRAC est un logiciel innovant s’appuyant sur le concept d’opération basée sur les effets attendus ou Operation Based Effect (OBE), contrairement aux logiciels classiques d’analyse systémique qui permettent seulement d’étudier l’incidence d’une frappe sur le réseau.


Dans les conflits actuels de basse intensité, l’intervention des forces armées s’effectue face à une entité complexe civilo-militaire et il est parfois difficile d’évaluer a priori les conséquences immédiates et induites attendues d’une action militaire. Ceci est en partie dû à la difficulté de représentation de tels systèmes complexes et de leurs interactions dans lesquels il faut évaluer les conséquences immédiates ou différées des frappes apportées.

Ces nouveaux types d’enjeux, que la France doit prendre en compte, le plus souvent dans le cadre de coalition (guerre asymétrique, opérations de réponse aux crises, menaces atypiques), imposent des rythmes d’évolution rapides aux processus de planification et de conduite des opérations.

Une approche centrée sur les effets (Effect Based Planning - EBP), repose sur la recherche de scénarios d’enchaînements d’effets militaires successifs devant conduire à l’obtention d’un État Final Recherché (EFR).

Cette démarche s’inscrit donc au cœur des nouvelles méthodes de planification et de conduite dont elle assure la cohérence opérationnelle.

En amont des travaux de planification, il est indispensable de conduire les analyses systémiques sur les systèmes de systèmes d’entités stratégiques concernées de manière à favoriser lors de la conduite des opérations les solutions à envisager.

En l’absence d’outil d’aide au choix des cibles intégrable dans une chaîne opérationnelle plus large, le logiciel SYRAC a été imaginé et réalisé dans le cadre d’une étude technico-opérationnelle (ETO).

La modélisation des réseaux physiques (transport, logistique, énergétique...) ainsi que leurs dépendances (réseaux à isofonctionnalité par exemple rail - route ou à fonctionnalité dépendante par exemple électrique - ferré) a été conceptualisée puis développée. Plusieurs flux d’objets peuvent être modélisés simultanément prenant en compte la dimension temporelle à travers par exemple la gestion des capacités de stockage pour les réseaux d’énergie et globalement de différents modes de reconstruction après frappe. Cette étape est complétée par une interface homme - machine (IHM) destinée à créer, vérifier et étudier ces réseaux. Il est important de prendre en compte dans cette modélisation les notions d’objectifs interdits, de zones à préserver, d’effets immédiats ou différés et du nombre maximal de cibles. Enfin un module d’analyse des cibles proposées combiné à la simulation des réseaux après neutralisation des cibles permet l’étude des effets collatéraux et de la minimisation du nombre d’objectifs, avec l’idée de présenter un panel de solutions aux autorités décisionnaires.

Très peu de forces armées possèdent de tels outils d’anticipation, d’analyse et de suivi des systèmes en réseau en vue d’étudier leurs vulnérabilités en cas de conflits armés. L’emploi de SYRAC, utilisé depuis plusieurs années lors de la formation des officiers de l’école de guerre à travers l’exercice Coalition, a permis notamment d’améliorer son IHM ainsi que certaines fonctionnalités, telles que le calcul d’un temps de parcours pour les réseaux logistiques ou encore la possibilité de faire transiter en même temps et sans mélange sur le réseau différentes marchandises (munition, troupes, énergie...) avec des points de départ et des destinations différents.

Pouvant fonctionner sur un PC portable standard, SYRAC peut être déployé avec les réseaux pré-étudiés en OPEX dans les cellules de ciblage.

L’emploi de l’outil pourrait être étendu en interne défense (DRM, CPCO, CASPOA) et en dehors du ministère notamment pour traiter des vulnérabilités des réseaux français dans le cadre de la sécurité intérieure et de l’analyse de la menace terroriste et pour la formation des autorités préfectorales. SYRAC, de par sa souplesse de modélisation des concepts de réseaux pourrait aussi avoir des applications dans le cadre de la sécurité civile en vue de gérer des axes de secours et d’approvisionnements en cas catastrophe naturelle en zone urbaine.

Le développement de SYRAC est une très belle illustration de l’esprit d’innovation de défense des ingénieurs de la DGA.  

 

 

 

LA RÉALISATION DE L’OUTIL SYRAC PAR LE COL(R) E. LAFONTAINE

Il s’agit d’un progiciel complet, fiable, efficace et ergonomique s’intégrant dans la chaîne d’analyse et de décision au niveau opérationnel et stratégique des forces armées en permettant la réalisation d’études complexes.

En résumé, cet outil permet :

- de décrire différents types de réseaux physiques : routier, ferroviaire, pétroliers, gaziers, électriques, télécom… ;

- de prendre en compte des liens entre plusieurs réseaux ;

- de définir le contexte opérationnel et stratégique du ciblage

• zone d’effet désiré et niveau de dégradation souhaité ;

• zone préservée et niveau de préservation souhaité ;

• éléments neutralisables ou non ;

• nombre maximal d’objectifs ;

• effet immédiat ou différé (avec prise en compte de la gestion des stocks et de la reconstruction du réseau) ; 

- d’analyser la structure du réseau, son fonctionnement et ses vulnérabilités ;

- de proposer automatiquement des ensembles d’objectifs répondant au mieux à l'effet recherché.

 

 

 

Extrait d’une analyse avec Syrac

 

    
Alain Filipowicz, IGA
Alain Filipowicz Diplômé de l’X et de Supaéro, Alain Filipowicz a démarré sa carrière à l’Ile du Levant et a été codirecteur du programme Cobra à Koblenz. Après une coopération avec le CNES, il a été délégué régional adjoint à la recherche et la technologie en Midi-Pyrénées avant de prendre le poste de directeur adjoint de l’ENSICA. Il fut secrétaire général du LAAS-CNRS avant de revenir à la DGA comme chef adjoint de la MRIS jusqu’en 2014.
 

 

    
Eric Lafontaine, IGA
Eric Lafontaine Après une thèse et une habilitation à diriger les recherches, Eric Lafontaine a commencé sa carrière comme responsable de laboratoire d’analyse des matériaux à la DGA. Il est actuellement en poste à la MRIS et exerce en parallèle, en tant que colonel de réserve (Air), une activité dans le domaine du ciblage opérationnel.
 

Auteurs

Eric Lafontaine

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