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01 juin 2017

ARMEMENT POUR HÉLICOPTÈRE

« Il faut d’ailleurs bien voir que la tactique est dominée par la question du feu et ce pour une raison très simple, bien que parfois oubliée, c’est que le feu tue. » (Général Guy Hubin, Perspectives tactiques, éd. Économica). Cette affirmation s’applique pleinement à l’hélicoptère, indispensable à toute manœuvre aéroterrestre ou aéromaritime, sans cesse engagé en milieu hostile. Entreprise européenne de référence pour les missiles et les systèmes de missiles, MBDA se trouve naturellement en pointe pour armer ces plateformes.


Avril 2011, Abidjan. Laurent Gbagbo, ex-président de la Côte d’Ivoire battu aux élections, s’accroche farouchement à son pouvoir. Dans un pays éprouvé par plus de dix ans de guerre civile, on peut craindre un carnage. Le secrétaire général de l’ONU écrit à Nicolas Sarkozy : « Je considère, comme vous, que la protection des civils menacés en Côte d’Ivoire est une urgente nécessité. » Quelques heures plus tard, un hélicoptère français tire un missile sur le mur de la résidence où s’est réfugié Gbagbo. La brèche permet aux forces ivoiriennes de pénétrer dans le bâtiment. Elle laisse aussi le champ libre à l’alternance politique décidée dans les urnes. Le bain de sang a été évité.

Il ne s’agit là que de l’un des faits d’arme de la Gazelle Hot Viviane, aussi à l’aise contre des chars que contre des infrastructures, et qui, pendant des années, aura été emblématique de l’hélicoptère armé. Déployé sur bien des théâtres, vétéran de bien des opérations, le missile Hot est d’ailleurs encore en service sur la version allemande du Tigre, aux côtés du missile anti-char Pars 3, développé et produit lui aussi par MBDA. Côté français, dès l’origine, le Tigre a été doté d’une capacité air-air grâce au Mistral, indispensable parce que hautement dissuasif contre tout aéronef ennemi, et ce à côté d’armements air-sol non guidés dont la précision et l’efficacité décroissent rapidement avec la portée. Mais l’intérêt militaire du Mistral ne se limite pas au combat air-air. Le missile confère en effet à son porteur une capacité air-sol/ air-surface, capacité secondaire mais précieuse… sans le moindre surcoût. Avec son autodirecteur infrarouge, le Mistral peut accrocher tout point chaud d’une cible terrestre ou navale, fixe ou mobile, à plusieurs kilomètres. « Tir et oubli », il permet de s’affranchir des contraintes d’une illumination laser. Sa vitesse à l’impact et sa charge à billes lui permettent de détruire des véhicules ou de neutraliser des chars (destruction des optiques) ainsi que des petits bateaux de type FIAC (Fast In-shore Attack Craft) – et tout ceci a été vérifié expérimentalement et opérationnellement. En sus de ses performances air-air, le Mistral s’avère ainsi remarquablement complémentaire des armements air-sol déjà intégrés notamment au Tigre Std 2 qui restera en service encore au moins dix ans. Le Tigre a d’ailleurs eu recours à plusieurs reprises au Mistral pour traiter diverses cibles, véhicule ou groupe électrogène, à l’automne 2011 en Libye. L’intégration du Mistral  3, tout en accroissant les capacités air-air de la machine, permettra également d’améliorer significativement ses capacités air-sol.
Pour ce qui est de l’équipement du Tigre  Std  3 ou d’autres hélicoptères de combat, MBDA propose aujourd’hui diverses options de missiles air-sol. Aux côtés du Pars  3 allemand (« tir et oubli », infra-rouge) et du Brimstone britannique (à la fois semi-actif laser et millimétrique – intégration en cours d’évaluation pour l’Apache britannique), une solution pourrait changer le paradigme actuel, potentiellement en coopération franco-allemande. Ce nouveau missile, plus léger que l’actuel Hellfire, offrira au porteur une autonomie supérieure. Doté d’une charge létale polyvalente, il traitera tout le panel des cibles du champ de bataille. « Tir et oubli », il garantira à l’équipage la possibilité de se dégager immédiatement après le tir, mais aussi bien plus : réemployant la chaîne de guidage du MMP, livré dans les prochains mois, il pourra prendre à partie une cible au-delà de la vue directe, que celle-ci ait été vue et se soit esquivée ou protégée derrière un obstacle, ou que sa position approximative ait été fournie par un tiers. Ce missile pourra ainsi rester sous contrôle jusqu’à son impact pour éviter tout risque de dommage collatéral. Pour ce faire, il intègrera une capacité de « retour image » : les images vues par l’autodirecteur seront renvoyées en temps réel vers l’hélicoptère ; tout au long du vol, le tireur bénéficiera ainsi d’une vue de la cible et de son environnement ; il pourra changer de cible s’il en découvre une de plus haute valeur (véhicule de commandement, par exemple) ; il pourra préciser son point de frappe (fenêtre par laquelle entrer dans un bâtiment) ; il pourra à l’inverse détourner son missile vers une zone sans danger pour le cas où, suite à un brusque changement de situation, la destruction de la cible pourrait entraîner des dommages collatéraux. On parle alors de missile avec « homme au-dessus de la boucle » : le tireur bénéficie à la fois du mode « tir et oubli » et d’un contrôle total jusqu’à la destruction de la cible finalement choisie. Le domaine naval n’est pas en reste. Au terme de riches carrières, les missiles Sea Skua et AS15-TT sont en cours de retrait du service. À l’export, l’Exocet a été intégré sur hélicoptère. En Italie et dans plusieurs autres pays, les missiles Marte et Marte-ER connaissent de belles perspectives. Au RoyaumeUni et en France, le Wildcat et le HIL seront les premiers hélicoptères navals à être équipés d’un missile « homme au-dessus de la boucle », à savoir le Sea Venom/ ANL. Avec une portée lui permettant de rester à distance de sécurité, d’une masse de l’ordre de l’ordre de 100 kg, ce dernier bénéficie d’un autodirecteur infrarouge et d’une liaison de données hertzienne bidirectionnelle pour le retour image et la transmission des ordres provenant de la plateforme. Le développement de ce missile parfaitement adapté aux environnements littoraux complexes a été lancé en mars 2014. Les essais en vol ont déjà commencé à DGA EV. Il s’agit du premier missile en coopération franco-britannique depuis le missile de croisière SCALP.
Enfin, MBDA fournit des lance-leurres qui contribuent à l’autoprotection des hélicoptères, et propose une solution de détection missile sur hélicoptère sur la base du DDM NG (Détecteur De Missile de Nouvelle Génération) en service sur les Rafale, et qui pourrait être adapté pour lui donner également une capacité de détection de tir d’armes légères d’infanterie (ALI) et de RPG.
Avec des systèmes d’armes à base d’hélicoptères (Tigre, NH 90, Wildcat, HIL, etc.) aux performances démultipliées par les systèmes de missile MBDA, le combat aéroterrestre et le combat aéromaritime sont à la veille d’une profonde mutation. Celle-ci permettra aux forces françaises et européennes d’agir avec une efficacité encore accrue sur les futurs théâtres d’opérations.


Jacques Doumic, ICA MBDA/Business Development international
 
Après quinze ans au sein du ministère de la Défense (DGA et forces armées), Jacques Doumic a rejoint MBDA en 2009, dans le développement des marchés. Il a été responsable du domaine « Attaque de Surface » pour la France et est actuellement responsable international du domaine Anti-navire et Frappe dans la profondeur.

Auteur

Programmes et systèmes
Armées / DGA / Industrie / Numérique
Manager d’équipes multidisciplinaires et multiculturelles
Vision politique, stratégique et technique.
Expériences de terrain et hauteur de vue
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