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01 juin 2017

ECA ET LES DRONES AÉRIENS : UN RETOUR AUX SOURCES

Par l’acquisition d’Infotron, le groupe ECA complète sa gamme de drones avec les drones aériens IT180 et en accélère le développement technologique et commercial. Cette expérience illustre la voie à suivre pour une filière forte de drones en France.


À l’origine, en 1936, ECA était E.C.A. – Etudes et Constructions Aéronautiques. Après avoir conçu et fourni aux armées de nombreuses cibles remorquées aériennes, E.C.A. coupe le fil d’une cible pour en faire la première cible télécommandée aérienne, ceci sur commande de la marine française. Nous sommes à la fin des années 50 et 100 % des activités d’E.C.A. sont alors aéronautiques.
L’achat d’Infotron et de son IT180 en 2014 est donc un retour aux sources pour le groupe ECA. Pour la première fois depuis plus de 40 ans, un objet volant intègre la gamme des produits ECA.

L’IT180: un mini drone polyvalent pour l’inspection et la surveillance.
Ce drone a été choisi car il possède des caractéristiques exceptionnelles : Doté de deux rotors superposés, il offre une remarquable stabilité dans le vent ou les turbulences, qualité primordiale pour les inspections par vent fort ou à proximité d’ouvrages ou infrastructures. Sa capacité d’emport unique en son genre lui permet de mettre au service de l’utilisateur des charges utiles de précision : caméra, LIDAR de cartographie 3D, magnétomètre, sonde Gamma… ou même de transporter un autre robot pour une observation d’endroits inaccessibles ou pollués. En version électrique, il est très silencieux ce qui lui confère la discrétion nécessaire pour les missions les plus sensibles, notamment en défense et sécurité. En version thermique, son endurance peut aller jusqu’à 2 heures permettant des missions à plusieurs dizaines de kilomètres. Enfin, sa masse inférieure à 25 kg le classe dans la catégorie des mini drones pour lesquelles les autorisations de vol sont assez aisées à obtenir partout dans le monde.

DROGEN: Le drone IT180 du génie
Le génie a choisi le drone IT180 en version électrique dont les qualités sont inégalées pour la détection des IED et la protection des sapeurs en opération. Leur charge utile principale est une caméra de renseignement et d’observation intégrant deux capteurs de vision jour/nuit gyro-stabilisés qui permettent une détection de cible humaine à plus de 1500 m 6 drones ont été déployés pour la première fois sur théâtre d’opération au Mali en 2016.

L’IT180-999: la tour de guet ou de surveillance
Cette version électrique de l’IT180 est reliée au sol par un « cordon ombilical » par lequel transitent l’énergie et les données. Positionné à une centaine de mètres d’altitude, le drone captif devient une tour de guet permanente capable de détecter ou surveiller une activité dans une zone étendue. Il est une alternative manoeuvrante au ballon captif pour la défense. Ainsi, en terme d’empreinte logistique et de polyvalence, le drone captif IT180 a un gros avantage : En quelques minutes, il peut être rendu libre et réaliser une des missions de défense décrites ciavant. L’IT180-999 a été démontré à l’armée française en version embarquée sur pick-up dans le cadre du projet « Pick-up express ».

Le drone naval IT180
Un drone de type IT180 permet à un bateau dès 20-30 m de lever les doutes sur des menaces potentielles sans avoir besoin de personnel d’intervention à bord et sans avoir recours à des moyens plus lourds et plus coûteux. Cela permet de démultiplier la capacité d’interception à un coût raisonnable. En version captive, le drone IT180- 999 offre une plus-value très importante par son apport capacitaire à faible coût. Comme dans son emploi terrestre, il constitue une tour de surveillance 100 ou 150 m au-dessus du navire. Il permet une détection plus rapide et précise des objets en surface et notamment les mines dérivantes. Equipé d’émetteurs récepteurs, il devient une mâture virtuelle accroissant les capacités d’observation et de communication en distance et en volume.

L’IT180: un drone valorisé en civil et défense dont 50 % d’export par un droniste
L’IT180 est exploité par différents clients, dont ECA DRONE société de services de drones créée par ECA en 2016, pour des missions d’inspection, de surveillance, de recherche minière… Les clients s’appellent EDF, AREVA, CEA, Eurotunnel, Rosatom, Intra, LGPP… ainsi que différentes sociétés d’exploration et d’exploitation minières. Par ailleurs, depuis l’acquisition de l’IT180 par ECA en 2014, plus de 50 % des drones ont été vendus à l’export.

L’IT180 et la stratégie industrielle des drones en France
Depuis 20 ans en France, les contrats de drones sont confiés à des équipementiers, souvent des grands groupes, ou à des PME sans expérience industrielle et surtout sans réseau export. Le contrat DROGEN a été confié à un maître d’œuvre équipementier et une TPE plateformiste. Au résultat, en presque cinq ans, aucun drone n’avait été vendu hors de France et la TPE, ne connaissant pas les marchés, était bien incapable à la fois de décliner une famille de produits à partir de l’IT180 du génie et de l’exporter elle-même. C’est ainsi qu’Infotron a été acquis par ECA qui, en 3 ans, a décliné l’IT180 en une famille de produits et l’a exporté dans plusieurs pays.
Cette expérience de l’IT180 permet donc d’esquisser une voie pour une politique industrielle enfin gagnante et pour une France forte et exportatrice dans le domaine des drones: Confier les contrats de drones aux dronistes comme on confie ceux de plateformes (Navires, chars…) aux plateformistes.


INTERVIEW DE GUENAËL GUILLERME : ECA ET LE RACHAT DE INFOTRON

La CAIA : Pourquoi ECA a-t-il décidé d’acquérir Infotron ?
Gueanël Guillerme : La stratégie de ECA est de développer la gamme la plus large et diversifiée possible de drones. En effet, nous souhaitons orienter notre activité future vers le travail coopératif de drones, éventuellement en essaim, que ce soit pour augmenter leur efficacité dans la réalisation d’une tâche ou pour réaliser au mieux une suite de tâches interdépendantes. Depuis 15 ans, nous avons fait une quinzaine d’acquisitions, et sommes habitués à cette croissance externe. L’achat d’Infotron et de son produit principal, l’IT180, répondait parfaitement à cette stratégie : il s’agit d’un drone de taille et poids moyens, à voilure tournante, ce qui convient bien aux problématiques d’inspection et de surveillance à moyenne portée.

La CAIA : Comment s’est déroulée l’intégration d’Infotron et de son produit phare, le mini-drone IT180, au sein de ECA ?
GG : ECA a permis au IT180, ainsi qu’à ses variantes et évolutions, de trouver un marché à l’export en le distribuant via son réseau commercial. Nous avions deux enjeux : l’industrialisation de l’IT180, drone issu d’une PME de 15 personnes, puis sa mise sur le marché et sa promotion à l’étranger. En fusionnant Infotron avec notre activité robotique, nous avons pu modifier le produit d’origine puis créer différentes versions, comme celle reliée par un cordon ombilical qui permet de s’affranchir de la charge de la batterie. ECA a d’ailleurs remporté le trophée de l’innovation à Euronaval en 2016 grâce à un modèle issu d’une évolution de l’IT180 qui permet de mesurer à tout moment la signature magnétique d’un navire, ce qui constitue une véritable nouveauté. La fiabilisation et la possibilité d’un MCO efficace ont également contribué à améliorer le produit. Enfin, pour la distribution à l’export proprement dite, marketing et soutien logistique ont été employés à bon escient.

La CAIA : En tant que dirigeant du groupe ECA, comment vois tu évoluer le marché des drones volants ?
GG : Le marché des drones, volants ou pas d’ailleurs, a connu une formidable expansion au cours des dernières années, à la fois en termes de volume et de diversité. On en trouve de toute les tailles, propulsés de plusieurs manières et remplissant des fonctions très diverses. Je crois que ce n’est que le début et que beaucoup de types et modèles de drone sont encore à naître dans les prochaines années. Dans un second temps, comme tout secteur qui se développe autour d’une nouvelle technologie, je m’attends à des vagues de consolidation autour de grands acteurs qui sauront intégrer les produits et les solutions qu’ils apportent. Dans ce contexte, ECA a l’intention de devenir le référent incontournable des solutions de sécurité et surveillance.

Propos recueillis par Jonathan Lardy

 


Guénaël Guillerme, ICA Directeur Général ECA SA. Président Directeur Général ECA ROBOTICS

Guénaël GUILLERME est ingénieur ENSTA Bretagne, titulaire d’un Mastère en Systèmes Informatiques de l’ISAE (1987). Ingénieur chez DCNS de 1987 à 1997, il entre chez ECA où il sera en 1999 Président Directeur général. En 2008, il quitte le groupe pour mener un projet personnel et le réintègre comme Directeur général en février 2013.

 

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