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Des moyens légers de mobilité
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24 février 2021

DEUX JEUNES IA AU 1ER RPIMA
STAGE DE CINQ MOIS A BAYONNE

Nous avons effectué un stage de cinq mois au 1er RPIMa, régiment des forces spéciales de l’Armée de Terre basé à Bayonne. Nous étions affectés à la Section Equipements Prospective (SEP), dont le rôle est de recueillir et mettre en forme le besoin des opérateurs, de réaliser une veille technologique, de tester du matériel et de planifier les acquisitions d’équipement pour garantir la cohérence capacitaire du régiment.


Un pôle d’excellence en contre-terrorisme

Le 1er RPIMa est engagé dans des missions principalement orientées vers le contre-terrorisme, allant de la libération d’otage à la protection rapprochée, en passant par le renseignement opérationnel et les missions d’appui et de formation. Avec la capacité d’intervenir dans des milieux comme le désert, la montagne ou encore les zones urbaines, ses opérateurs possèdent un large spectre de qualifications allant du chuteur opérationnel au plongeur offensif (plongée en circuit fermé sous oxygène). Composés d’opérateurs triés sur le volet, les sticks (cellules de base d’une dizaine de personnels) se voient ainsi confier des missions de haute importance, qu’ils réalisent souvent de façon isolée.

Des besoins en équipements adaptés à des modes d’action spéciaux

Ce haut niveau d’engagement se traduit nécessairement par des besoins en équipements adaptés à des missions où les sticks “action spéciale” (SAS) font face à des menaces en évolution permanente. Du point de vue de l’armement, le régiment recherche toujours plus de légèreté et de compacité, tout en gagnant en performance. Pour les véhicules, une capacité d’emport maximale, une longue autonomie et une fiabilité sans faille sont recherchées. Les optiques (jumelles de vision nocturne, lunettes de visée, etc.) sont également au centre des préoccupations pour garantir un temps d’avance sur la détection et l’identification de l’ennemi.

Des processus d’acquisition parfois inadaptés à la rapidité d’évolution de la menace

Ces besoins, souvent différents de ceux des autres forces terrestres de l’Armée de Terre, imposent d’acquérir des équipements particuliers. Si les équipements des forces spéciales peuvent servir de précurseurs à des équipements qui seront plus tard généralisés, nous avons pu remarquer qu’il est souvent difficile d’accorder d’entrée de jeu leurs besoins avec ceux des autres composantes de l’Armée de Terre, au profit d’un développement commun. Par ailleurs, nous avons pu constater que les processus d’acquisition traditionnels, ancrés dans le long terme, se montrent parfois inadaptés aux forces spéciales. N’ayant pu témoigner que de l’extrémité utilisateur de la chaîne des opérations d’armement, il est difficile de formuler un avis objectif sur la pertinence des processus existants. En revanche, il est clair que le grand nombre d’étapes entre l’identification du besoin et la livraison du matériel alourdit et ralentit ces processus d’acquisition, en contradiction avec la rapidité d’évolution de la menace qui ne souffre pas des mêmes contraintes réglementaires. Si des outils de financements mieux adaptés aux besoins des forces spéciales existent, comme le PEUS (Plan d’Equipement des Unités Spéciales, financé par le P178), ils sont insuffisants pour couvrir tous les besoins d’achats, notamment pour les véhicules dont les prix s’élèvent rapidement. Seul le P146 permet alors de les financer, mais ses financements sont plus adaptés à des programmes sur le temps long.

Un stage riche en apprentissages sur les Forces et les opérations d’armement

Initialement, notre choix s’était porté sur le 1er RPIMA en tant qu’unité d’excellence, avec la perspective de découvrir cette composante des forces, naturellement discrète. L’accueil très bienveillant des opérateurs et leur disponibilité nous ont permis de mieux comprendre leurs modes d’action. Par ailleurs, les missions dont nous étions chargés à la SEP nous ont montré une partie de la gestion des opérations d’armement, au niveau le plus proche des utilisateurs.

Nous avons alors pu contribuer aux travaux de la SEP en apportant, sur ses problématiques, un regard d’ingénieur : participation à la rédaction des spécifications et à la définition des protocoles d’essais, analyses techniques... A titre d’exemple, nous avons réalisé des comparaisons entre performances balistiques de plusieurs calibres afin d’estimer quels calibres seraient les plus adaptés à chaque usage. Il convient cependant de souligner que ce type d’étude ne dispense pas d’essais réels qui seuls permettent de confirmer les prévisions théoriques.

Le 1erRPIMa est un régiment de passionnés qui déploie une énergie impressionnante pour expliquer et justifier ses besoins en s’appuyant sur de solides retours d’expérience opérationnels. C’est ainsi que ce stage à la richesse sans pareille nous a rappelé à quel point un ingénieur doit garder à l’esprit le besoin de l’utilisateur final, afin de concevoir des équipements adaptés aux besoins réels de nos soldats.

    
Alexis Rougé, IA
Diplômé de l’École polytechnique et de l’Université Technologique de Munich, l’IA Alexis a réalisé un stage de cinq mois au 1er RPIMa. Il effectue son premier poste comme directeur d’essais mobilité à DGA TT Angers.
 
    
Jules Vogt, IA
Diplômé de l’École Centrale Paris, l’IA Jules a réalisé un stage de cinq mois au 1er RPIMa. Il exerce actuellement son premier poste à DGA Essais de Missiles..
 

 

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