Retour au numéro
Meute hétérogène d’effecteurs : Remote carriers et Armements
Vue 205 fois
01 juin 2021

MBDA AU COEUR DU SYSTÈME DE COMBAT AÉRIEN FUTUR

Depuis 2017, se dessinent en France les contours du Système de Combat Aérien Futur (SCAF), qui doit permettre de garantir aux forces armées la supériorité aérienne à l’horizon 2040. Au sein du SCAF, MBDA est un des acteurs clés du programme Next Generation Weapon Systems (NGWS) conduit en coopération avec l’Allemagne et l’Espagne. Quels en sont les enjeux capacitaires et technologiques ? Quels sont les atouts de MBDA pour y répondre ? Quel rôle compte jouer MBDA pour façonner le combat aérien du futur ?


Le NGWS en tant que système de systèmes

Le NGWS devra répondre à une large palette de missions conventionnelles, du combat Air-Air à la frappe dans la profondeur, l’attaque d’une force à la mer ou encore le combat aéroterrestre. Face à des menaces de plus en plus complexes et intégrées, le NGWS a été ainsi dès l’origine pensé et conçu comme un système de systèmes autour de sa colonne vertébrale qui restera l’avion dit New Generation Fighter  ou NGF.

Les capacités militaires qu’il délivrera seront démultipliées par la combinaison et la diversification en temps réels d’effets, obtenues notamment par une hyperconnectivité des différentes briques qui le constituent. Dans ce système hautement collaboratif, les armements et les effecteurs déportés (dit « Remote Carriers ») seront naturellement essentiels pour répondre à cette dimension multi-domaine et multi mission qui fait l’ADN de MBDA.

Travailler à la maitrise de cette complexité technologie, c’est également s’assurer une souveraineté technologique dans un Système de combat Aérien futur capable de rivaliser dans des combats de haute intensité.

Les Remote Carriers au sein du NGWS

Autour du New Generation Fighter, l’utilisation opérationnelle des Remote Carriers constitue une évolution conceptuelle et capacitaire majeure qui sera murie durant les prochaines phases du projet.

MBDA France en assurera le lead pour la France, en coopération avec MBDA Allemagne, AIRBUS GmbH et SATNUS (Consortium Espagnol réunissant GMV, TECNOBIT et SENER).

Ils sont un élément emblématique d’un nouveau besoin opérationnel : complémentaires des plates formes traditionnelles, ils seront utilisés individuellement ou en meute pour enrichir la situation tactique, perturber ou frapper l’adversaire.

Cette capacité technologique à déporter des senseurs et de l’intelligence va ainsi bouleverser les doctrines d’emploi des plateformes habitées connectées.

La combinaison d’effecteurs dans des groupes hétérogènes, ou « meutes », capables d’actions collaboratives dans toutes leurs chaines fonctionnelles, devient un moyen crédible et flexible de saturer, tromper ou détruire l’ennemi. Ils pourront également traiter des objectifs multiples en environnement brouillé, y compris dans un cadre de règles d’engagement strictes. De manière générale, l’utilisation de ces meutes offre flexibilité, gradation, profondeur et résilience, et le volume si précieux en combat de haute intensité.

En tant qu’industriel, ce combat collaboratif nous impose de penser ces systèmes parfaitement évolutifs, ouverts et interconnectables, mais également robustes notamment face aux cyberattaques. C’est un système de systèmes où un système ne bride pas les autres, mais au contraire les nourrit, sans interdire leur évolution.

Les concepts opérationnels et fonctions possibles sont en cours de définition au sein de MBDA France. Nous nous appuyons naturellement sur notre expertise unique en Europe, notre connaissance de la menace et les évaluations de survivabilité associées, nos réflexions sur des outils d’aide à la décision dans la mise en œuvre des armes et effecteurs, notre maitrise des armes et notre connaissance des systèmes d’autoprotection.

Collaborative Air combat des Remote Carriers, Armements et NGF.

Quels enjeux pour l’armement du SCAF ?

Si MBDA réfléchit à développer un nouveau portefeuille de Remote Carriers, le futur portefeuille armement est également en cours d’élaboration. Il continuera à être évidemment essentiel au succès des missions du SCAF et partie intégrante du système de combat. Nous aurons toutefois à trouver le bon mixte entre Remote Carriers et armements, en particulier si une partie conséquente des effecteurs doit être intégrée dans la soute.

Le programme FMAN FMC (Future missile antinavire – Futur missile de croisière), réalisé en coopération franco-britannique, sera la première brique de ce futur portefeuille. D’autres sont en cours de définition. Je citerai notamment les meutes d’armement Air-Sol pour assurer la saturation des défenses aériennes. Ces armes connectées et collaboratives ouvrent la voie à de nombreuses autres applications futures, et notamment à cette diversité potentielle d’effets combinés avec les Remote Carriers.

Quelles perspectives au-delà du NGWS ?

Citons le programme TEMPEST lancé par le Royaume Uni, l’Italie et la Suède pour répondre également aux besoins d’un futur système de combat aérien. Les deux projets avancent sur des chemins parallèles à ce stade. Il m’apparait toutefois essentiel que les ponts se créent pour définir a minima une couche d’armements la plus commune possible, sauf à dupliquer des efforts financiers de part et d’autre, dans un environnement budgétaire qui restera contraint. En tant que leader européen intégré, MBDA est parfaitement organisé pour aider les Etats à construire cette vision commune. La relation stratégique entre la France et le Royaume-Uni, symbolisée par le Traité de Lancaster House, pourrait sans aucun doute être mise à profit pour engager cette dynamique, nécessaire pour garantir à terme l’interopérabilité opérationnelle des systèmes et trouver des synergies industrielles.

Le NGWS sera un système interopérable avec les moyens alliés en Europe (TEMPEST) et dans l’OTAN. Le Fond Européen de Défense pourrait être une opportunité qui doit permettre de faire vivre les réflexions indispensables sur la standardisation des normes et systèmes avec les alliés de la France.

Enfin, si les Remote Carriers sont aujourd’hui étudiés avec l’hypothèse d’un emport sous avions, leur mise en œuvre par des plateformes maritimes sera possible, à l’image du FMAN/FMC ou du MDCN, voire terrestres. Les Remote carriers offrent aussi de belles perspectives opérationnelles à la Marine et l’Armée de Terre dans des scénarios de combat haute intensité.

Nous sommes extrêmement fiers de participer à la construction d’un tel projet aussi stratégique et structurant pour la France et l’Europe, pour lequel l’innovation sera un des facteurs clés pour répondre aux menaces de demain. C’est aussi une formidable source de motivation pour tous les personnels de MBDA qui y travaillent déjà, et qui attirera sans aucun doute de nombreux talents dans les années à venir, prêts à relever les défis qui se présenteront à nous.

Auteur

Stéphane Reb, président de MBDA France

Après un début dans le domaine des missiles tactiques, il est directeur de programme TIGRE puis de l’Unité de Management Aviation de Combat (ACE). En 2012, il prend la tête de la Direction Internationale, en charge de la coopération et de l’export.

Il rejoint MBDA le 1er décembre 2017, où il exerce les fonctions de Directeur Exécutif Groupe Programmes et Président de MBDA France. Voir l'autre publication de l'auteur

Articles liés par des tags

Commentaires

Aucun commentaire

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.