

NOUS DEVONS CHANGER DE BRAQUET !
Notre magazine retient quelquefois pour l’un de ses numéros un thème original dans un domaine qui n’est pas naturellement associé aux ingénieurs de l’armement. Ainsi, après un numéro en 2017 sur « le Bénévolat », ce numéro traite d’un sujet qui fut largement à l’honneur l’été dernier : « le Sport ». Vous trouverez ainsi à la lecture de ce numéro l’importante implication personnelle d’ingénieurs de l’armement dans ce domaine, qu’elle soit directe par une pratique du sport de haut niveau ou indirecte par leur contribution technologique à l’amélioration des performances sportives.
De façon plus large, le sportif doit faire preuve de nombreuses qualités : performance, esprit d’équipe, capacité d’initiative, résistance à l’effort, adaptabilité à son environnement... En résumé, des qualités qui deviennent de plus en plus nécessaires en France et en Europe depuis le grand retour des puissances, voire des empires, que nous connaissons depuis quelques années et qui vient encore de se renforcer depuis les résultats de la nouvelle élection américaine.
Malheureusement, face à ce retour des puissances, notre pays, ses grands partenaires en Europe et plus largement l’Union européenne apparaissent ébranlés, voire démunis. Certes, notre pays a connu depuis presque une décennie un renforcement important de son effort de défense qui lui a permis de rattraper une grande partie de son retard accumulé durant les deux décennies précédentes dans l’équipement de nos forces armées. Certes, depuis 2022, nos autorités politiques ont lancé des opérations pour adapter notre outil de défense vers une « économie de guerre ». Certes, nos concitoyens perçoivent aujourd’hui plus distinctement les menaces d’ordre militaire qui pèsent sur nous et notre continent, en particulier depuis la guerre en Ukraine lancée en 2022. Certes, l’Europe s’est également éveillée dans le domaine de la défense et de la sécurité avec l’adoption en 2016 de la nouvelle stratégie globale de l’Union européenne sur la politique étrangère de sécurité visant à une autonomie stratégique européenne. Certes, cette initiative s’est poursuivie avec l’adoption de la coopération structurée permanente en 2017, le lancement de l’initiative européenne d’intervention (IEI) en 2018, la mise en place en 2021 du Fonds Européen de Défense et de la Facilité européenne pour la paix destinée à soutenir l’Ukraine.
Ces éléments sont-ils suffisants pour faire face à la nouvelle donne qui se présente devant nous, tant au niveau national qu’au niveau européen ? A voir la situation actuelle dans de nombreux pays européens, sauf sans doute ceux limitrophes de la Russie, et davantage encore au niveau de l’Union Européenne, la réponse est malheureusement négative. Pour utiliser une métaphore sportive, si nous voulons répondre aux défis de sécurité qui se dressent devant nous, il nous faut certainement « changer de braquet » !
C’est bien entendu à nos autorités politiques nationales et européennes de prendre les initiatives qui conviennent, notamment sur le plan budgétaire et de l’adhésion de nos populations. Les décisions qui en découleront seront certainement difficiles et nécessiteront l’adhésion de nos communautés nationales.
Elles devront être accompagnées d’une profonde adaptation au nouvel environnement des principaux acteurs de notre communauté de défense : DGA, forces armées et industrie. Tel fut l’un des messages forts, en particulier du ministre des Armées dans son discours de Vert le Petit en octobre dernier mais aussi plus récemment du Président de la République lors de ses vœux aux armées. Par leur présence aux postes de responsabilité qu’ils occupent au sein de cette communauté, les ingénieurs de l’armement ont ainsi clairement un rôle majeur à jouer dans cet effort indispensable, notamment en renforçant la compréhension mutuelle et en développant une coopération confiante entre tous ces acteurs. À nous donc l’obligation de démontrer nos qualités de sportifs : performance, esprit d’équipe, capacité d’initiative, résistance à l’effort et adaptabilité à notre environnement !
A sa place, par ses actions qu’elle mène depuis plus de deux ans auprès des ingénieurs de l’armement, la CAIA s’efforce également de contribuer au mieux à cette tâche essentielle au profit de notre nation.
Je vous souhaite une bonne lecture de ce numéro !
Auteur

En 1991, il rejoint Matra Défense comme Directeur des Opérations Internationales, puis responsable Business Development du secteur anti-surface, puis directeur des programmes anti-surface.
En 2003, il dirige l’entité Defence Electronics France d’EADS, puis la stratégie de l’entité DS SAS d’EADS.
En 2007, il rejoint MBDA en tant que Secrétaire Général du groupe.
En 2021, il crée la société de conseil ICARION Consulting dont il est le Président.
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