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Donner du sens aux équipes : témoignage d’un équipage ALAT de retour de mission Barkhane au sein de l’atelier Gazelle du SIAé en 2019
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17 mars 2023

SIAÉ : UNE DIRECTION ET DU SENS

Dernier industriel étatique, le Service Industriel de l’Aéronautique (SIAé) répond à trois objectifs : maintenir au sein de l’État un savoir-faire dans un domaine d’excellence, garder une autonomie sur la maintenance industrielle d’aéronefs, améliorer notre capacité à faire faire. Souveraineté, résilience, expertise dans une administration ? Il m’est apparu que donner du sens était un levier utile, voire indispensable à l’adhésion des personnels, la cohérence de leurs travaux, et très certainement leur fidélisation.


Rattaché à l’armée de l’air et de l’espace, le SIAé est un service à vocation interarmées dont la mission est la maintenance, la réparation et la modification des aéronefs des trois armées, ainsi que de leurs moteurs et leurs équipements. Les 4700 personnels qui le composent sont à 83% civils.

En visitant l’atelier qui entretien l’hélicoptère Gazelle fin 2018, j’ai eu un échange avec un opérateur en train de nettoyer les écrous nécessaires pour reposer le boitier mécanique du fenestron anti-couple. La discussion a dévié sur la mécanique du vol, mais quand il a été question des missions réalisées par la Gazelle, l’opérateur a été très surpris d’entendre que les missions opérationnelles actuelles au Mali dépendaient directement de son travail. De fait, au-delà du geste technique acquis sur de longues années, de la passion pour l’aéronautique qui anime ses équipes, j’ai compris, et m’efforce de la faire partager, l’importance du sens de nos missions à chaque étage du SIAé.

Le sens s’appuie sur la direction, savoir d’où l’on vient, et où l’on va

Le SIAé est l’héritage de la création des ateliers régionaux de réparation en 1936, chargés de la réparation du matériel aérien militaire et du contrôle des prix de revient des réparations confiées à l’industrie privée. Le compte spécial de commerce est créé en 1952, et nommé « Exploitations industrielles des ateliers aéronautiques de l’État » en 1972. Ainsi, dès les origines, on trouve au SIAé à la fois sa vocation d’acteur industriel de la maintenance aéronautique militaire qu’on lui connait bien, mais également celle de référence de prix pour l’activité industrielle privée, avec la notion de performance industrielle qui la sous-tend.

Il a justement beaucoup été question ces dernières années du statut du SIAé en compte de commerce, et de la pertinence de sa présence au sein de l’État, avec probablement en arrière-plan l’image des arsenaux qui ont pour leur part évolué progressivement vers l’industrie privée. L’exception du maintien du SIAé au sein de l’État trouve sa justification dans l’excellence de l’industrie aéronautique française, l’importance déterminante de l’arme aérienne dans les conflits récents, et la nécessité pour l’État de conserver les meilleures compétences dans ce domaine pour en maîtriser la politique et la stratégie. C’est d’ailleurs probablement une des raisons pour lesquelles, lors d’un discours prononcé sur le site du SIAé de Clermont-Ferrand le 15 octobre 2020, l’ancienne ministre des armées a indiqué que « le SIAé continuera à s’appuyer sur son statut en compte de commerce. C’est un outil solide, efficace et pérenne, il doit être consolidé et sécurisé ».

Mais quand bien même le SIAé se voit ainsi consolidé, le sens que l’on donne à son action et à celle de ses personnels ne peut se réduire à la justification de son existence au sein de l’État. Il faut donner un éclairage sur les perspectives à venir.

Le sens, c’est la vision, le problème auquel on répond

Avec le slogan « Partenaire des Forces pour Voler », l’ensemble des personnels peut s’identifier à la raison d’être du SIAé : partenaire renvoie à la notion d’équipe et au travail collaboratif, qui sont constitutifs de l’activité du MCO ; Forces signale la finalité de l’action du SIAé, les opérationnels et leurs missions ; et voler fixe le but ultime vers lequel la performance du SIAé est attendue. Selon les mots de Florence Parly, « il faut que ça vole ! ». C’est un élément d’identification fort pour chacun, qu’il est important de partager et d’expliquer.

Par ailleurs, il y a une vision à partager : pour le SIAé, il s’agit de rester pertinent, résilient et performant pour les Forces, dans la durée, au travers de ses activités de maintenance, de réparation et de conception. Dans l’esprit de chaque personnel du SIAé, cette vision se traduit en une préoccupation : « comment, chaque jour, je contribue à augmenter la valeur ajoutée du SIAé au profit des forces » ?

Pour cela, et pour répondre plus clairement à la question de savoir où l’on va, le SIAé s’est doté d’une stratégie industrielle, validée en 2022 par son conseil de surveillance. Synthétisée en 3 pages, elle présente trois axes forts :
- Agir pour la transformation du MCO aéronautique : le SIAé, en tant qu’industriel étatique, doit en effet être le premier à porter cette transformation pilotée par la DMAé ;
- Renforcer la performance industrielle : une constante pour tout industriel, dans chacun de ses métiers ;
- Renforcer l’unité du SIAé : optimiser l’outil industriel, et se renforcer dans ses pratiques.

Cette stratégie s’accompagne d’une feuille de route, déclinée en 10 initiatives touchant également l’ensemble des métiers du SIAé, et qui permet à chacun d’identifier à quel niveau il peut s’impliquer, contribuer. L’enjeu est de réussir une bonne communication interne, dans le but de susciter et faire fructifier l’adhésion de chacun.

Le sens, c’est l’utilité

Il est important de valoriser la concrétisation de cette stratégie.
Ainsi, des contrats dits verticaux (un seul pilote industriel) ont été confiés au SIAé : C130, Dauphin/Panther, ou encore matériels 3S (Sécurité, Sauvetage et Survie).
Pour les autres flottes, des partenariats ont été signés, ou sont en cours de préparation, avec les industriels privés qui ont la part complémentaire au SIAé pour la maintenance d’une flotte. Ces partenariats permettent ainsi d’assurer une cohérence sur l’ensemble de l’activité industrielle, étatique et privée, au profit d’une flotte. De nouveaux adossements avec les Forces ont également été décidés et sont en cours de mise en place. Dans la majorité des cas, ils s’apparentent au modèle d’adossement déjà éprouvé avec la Marine : des militaires, affectés au SIAé, réalisent au côté du personnel civil et au cœur même des bases aériennes ou aéronavales une activité de soutien industrielle, avec en contrepartie des objectifs forts en termes de formation de ces personnels issus des Forces et de soutien de proximité.
Par ailleurs, la mise en œuvre de « pôles de conduite du soutien » (PCS) sur certaines flottes, auxquels le SIAé participe, illustre le bien-fondé du pilotage coordonné et de l’action collaborative sur la performance, au bénéfice de la disponibilité des aéronefs. La finalité est directement visible et contribue à donner un sens à l’action individuelle.
Enfin, sur la partie financière et référence de prix du MCO, des travaux de fond ont été réalisés au SIAé ces deux dernières années pour consolider le compte de commerce et sa chaîne financière. Cela permet une meilleure mesure et une plus grande maîtrise de ses coûts, afin d’ajuster au mieux ses prix et d’être plus pertinent sur sa mission de référence de prix du MCO au profit de la DMAé et de la DGA.

Au bilan

Vision, slogan, stratégie et feuille de route partagés, actions concrètes auxquelles on donne de la visibilité, autant d’éléments qui donnent de la cohérence, du sens à la mission du SIAé. Depuis deux ans, j’ai développé une communication interne claire, pour que chacun en soit bien conscient. Lorsque le sens donné à la mission est partagé et compris, les personnels adhèrent, s’impliquent, deviennent pleinement acteurs. Chacun mobilise ses compétences vers la direction attendue. Rien de commun entre retaper un hélicoptère des années 60 et contribuer au succès de nos forces spéciales au Mali. Et pourtant, le sens est bien ce lien entre le travail et la mission, qui donne de la fierté, de l’exigence, de la responsabilité sur ce que nous observons au résultat. Le bénéfice individuel est à ce titre primordial, dans la mesure où il conforte celui qui profitera au collectif, au SIAé et par extension aux forces armées.

Photo de l auteur
Tanguy Lestienne, IGA

Après une première partie de carrière au centre d’essais en vol sur les programmes M2000 et Rafale, il occupe le poste d’architecte A400M avant de devenir chef de la section JISR à l’OTAN à Norfolk. A son retour des Etats-Unis, il est nommé DP A400M et s’occupe de la phase de mise en service de ce nouvel appareil. Après avoir dirigé l’AIA de Clermont-Ferrand, il est directeur du SIAé depuis 2020.

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