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03 mai 2025

LA SOUS-TRAITANCE AÉRONAUTIQUE
EMBLÈME DE LA SOUVERAINETÉ INDUSTRIELLE

Publié par Jean-Louis Thiériot, député, ancien ministre délégué auprès du ministre des Armées et des Anciens combattants | N° 135 - SOUS-TRAITANCE AÉRONAUTIQUE ET INNOVATIONS

A l’heure des hausses des taxes douanières, la connaissance précise des chaînes de valeur et leur maitrise prennent une importance particulière, en particulier pour le secteur aéronautique.


Caractérisé par la complexité de ses produits et par l’optimisation de ses processus industriels – de production mais aussi de maintenance – dans un contexte de très forte compétition internationale, il pourrait être l’un des plus impactés par les évolutions du commerce international. L’interdépendance croisée des chaînes de sous-traitance des deux grands constructeurs aéronautiques d’aviation commerciale n’amènera que des perdants si la situation devait perdurer.
Le caractère dual du secteur peut apparaître désormais comme un facteur de risque, les restrictions à l’export de matériels duaux étant susceptible d’être un levier mobilisé dans les négociations qui ont débuté, mais n’oublions jamais cette dualité reste une force pour nos entreprises, un gage de leur pérennité. Le secteur aéronautique français, et européen, n’a pas attendu les bouleversements de la décennie 2020, ouverte par la crise sanitaire du Covid-19 et l’agression russe en Ukraine, ni la réélection du Président Trump, pour avoir les défis de la souveraineté économique et de la résilience au cœur de leurs préoccupations. Je veux à ce titre saluer le rôle des ingénieurs de l’armement dans la préservation et le développement d’un base industrielle et technologique de défense qui sera un atout déterminant dans la période de bouleversements qui s’ouvre.
La performance économique du secteur de l’aéronautique est le produit de son excellence technologique, qui sera encore une fois démontrée lors du Salon international de l’aéronautique du Bourget à l’occasion duquel ce numéro paraît. Elle a aussi été facilitée, et continuera à l’être, par tous les leviers à la disposition de l’État, de la commande publique (tout du moins pour l’aéronautique militaire), en passant par le soutien à l’export, ou encore l’appui public à la recherche et à l’innovation.
Il n’y a pas d’industrie pérenne sans accès solide au financement. Comme le ministre en charge de l’économie l’a annoncé le 20 mars lors de l’évènement dédié au financement de la base industrielle et technologique de défense, un nouveau fonds géré par Bpifrance permettra aux épargnants français de contribuer, sur une base volontaire, au financement de l’industrie de défense, en devenant indirectement actionnaires d’entreprises du secteur. Les acteurs de la sous-traitance aéronautique figureront sans nul doute parmi les entreprises qui bénéficieront ainsi de de capitaux nouveaux, nécessaires à leur développement. Cette solution viendra compléter l’offre en fonds propres du marché, qu’il s’agisse des investisseurs professionnels ou des gestionnaires d’actifs notamment.
Par ailleurs, et ainsi que le Premier ministre l’a annoncé le 12 avril lors du dernier comité interministériel à l’innovation, le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique et le secrétaire général pour l’innovation expertisent les solutions qui rendraient possible, dès 2025, une augmentation des interventions du plan France 2030 sous la forme de prise de participations dans les entreprises, afin là encore de les aider sous la forme de fonds propres plutôt que de subventions.
Ce plan France 2030, imaginé pour « mieux produire, mieux vivre et mieux comprendre le monde » et dans l’animation duquel les services du ministère de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, à commencer par la direction générale des entreprises, sont pleinement mobilisés, continuera ainsi d’être le fer de lance des investissements de l’Etat pour adapter notre économie aux grands enjeux de notre décennie.
En complément des enjeux de souveraineté et de réindustrialisation, France 2030 doit permettre de répondre à l’impératif de la transition écologique. Parmi les dix objectifs sociétaux fixés à ce plan figure ainsi la production en France du premier avion bas carbone. Avec un volet dédié aux PME innovantes et startups de la filière, ainsi qu’aux projets d’industrialisation de carburants alternatifs durables pour l’aviation, la sous-traitance aéronautique et l’innovation dans ce domaine seront là aussi des facteurs clefs, et je me réjouis que ce numéro du magazine des ingénieurs de l’armement mette cette filière à l’honneur.
Avoir une sous-traitance forte, c’est avoir une BITD forte, c’est-à-dire contribuer à la puissance des armes de la France.

Auteur

Jean-Louis Thiériot, député, ancien ministre délégué auprès du ministre des Armées et des Anciens combattants

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