La passion, définie par Le Robert comme la « vive inclination vers un objet auquel on s’attache de toutes ses forces ». Dans cette définition je vois se refléter l’engagement que j’observe chaque jour parmi les ingénieurs du corps de l’armement. L’engagement à mettre leur expertise, leurs connaissances, leurs savoir-faire au service d’une finalité qui les dépasse et cela dans une recherche permanente d’excellence.

L’armement. Ce terme qui peut paraître réducteur désigne en fait une réalité vaste. Celle de la nécessité de donner à nos forces armées l’ensemble des outils nécessaires à la réalisation de leurs missions et à la protection de notre Nation et de notre avenir commun. On prend soudainement la mesure de l’enjeu et par conséquent, des responsabilités qui pèsent sur les épaules de nos ingénieurs de l’armement.

« Passion armement » c’est donc à mes yeux la devise de celles et ceux qui se confrontent aux défis de notre avenir, avec engagement, curiosité et enthousiasme.

Passion armement : passion technique

Ce qu’il faut lire dans « Passion armement » c’est en premier lieu la passion pour la technique. C’est la recherche du progrès scientifique, technique, technologique, mis au service de la défense de notre Nation.

Alors passion armement, certes, mais passion défense surtout.

Qu’en est-il vraiment quand nous évoquons le terme « armement » souvent dévoyé par les préjugés ? Il s’agit de parler de toutes les connaissances, les études, les techniques et technologies qui concourent à fournir à nos forces armées, les moyens de notre défense nationale. Toutes ces expertises permettent à la France de disposer d’outils de défense de pointe dans des domaines aussi diversifiés que l’aéronautique, les plateformes sousmarines, les outils de communication…

Au contraire de perceptions parfois profondément ancrées dans nos sociétés civiles, qui n’ont connu ni service militaire, ni conflit sur leur territoire, c’est à mon sens l’une des finalités les plus louables de la recherche et de l’innovation.

C’est la génération et la mise au service du plus grand nombre des avancées technologiques. L’histoire du développement des capacités nucléaires françaises nous le démontre. Cet exemple illustre l’importance de l’engagement de l’État pour la construction d’une politique de défense capacitaire ambitieuse, soutenue par une politique industrielle adéquate, et placée entre les mains d’une entité experte de la maîtrise de projet complexe. La dissuasion nucléaire est la raison d’être initiale de la DGA, et demeure sa mission première.

L’histoire de la dissuasion est aussi celle de la dualité. Elle raconte comment le ministère des armées se mobilise depuis toujours pour faire émerger des avancées scientifiques et technologiques et des expertises qui irriguent tant les besoins de la défense que le monde civil.

Nos savoir-faire dans le domaine NRBC ont été loués durant la crise Covid, au cours de laquelle nous avons aussi porté un appel à projets d’ampleur.

Passion armement : passion audace

Répondre aux menaces, réagir aux crises, préparer l’avenir c’est savoir oser. Les personnels opérationnels du ministère des Armées nous le prouvent tous les jours. Ils prennent des risques, ils osent, ils créent la surprise pour obtenir la supériorité sur leur adversaire. En matière de technologies cette même logique s’applique. Il nous faut oser, chercher à repousser les barrières de nos connaissances et de nos habitudes pour mettre au jour les outils qui aideront nos forces à faire la différence. Pour contredire Gene Krantz, directeur du vol Apollo 13 : parfois, l’échec est une option. Qui n’échoue pas n’a jamais essayé ni entrepris.

Regardons l’Histoire du corps des ingénieurs de l’armement, regardons quelques-uns de ces grands anciens, ils ont marqué les esprits parce qu’ils ont osé : André Gempp, X39, qui a imaginé Le Redoutable ; Jacques Chevallier, X40, concepteur des moteurs nucléaires de nos sous-marins de classe Le Redoutable, qui a donné son nom au 1er bâtiment ravitailleur de forces mis à l’eau en 2022 ; Jean-François Clervoy, X81, ingénieur de l’armement et spationaute, vétéran de trois missions spatiales avec la NASA.

Aujourd’hui son flambeau est repris par Arnaud Prost qui, à tout juste 30 ans, vient d’être sélectionné parmi 23 000 candidats pour rejoindre la réserve des astronautes de l’ESA.

Je vois un tel profil et cela m’évoque la fougue de la jeunesse, l’avenir. Ecoutons cette jeunesse engagée, donnons-lui la parole. Car nous tous, nous travaillons pour elle.

Passion. Armement.

Je l’ai dit, deux mots forts pour une période charnière.

Chers ingénieurs, vous portez ce terme avec vous au quotidien, dans le nom de votre corps, dans vos grades. Vous l’incarnez.

Pour fonctionner il nous faut non seulement des experts techniques mais aussi des acteurs en mesure de s’ouvrir sur le monde, de créer l’adhésion, d’être attractif pour pérenniser l’excellence de notre action.

Notre défense nationale est l’affaire de tous. Vous êtes des acteurs et des passeurs de l’esprit de Défense dans notre société. Parfois objets de curiosité vous-mêmes, je vous mets au défi d’être des modèles d’ouverture sur le reste du monde. A vous de faire découvrir et comprendre votre rôle, les enjeux de vos missions, au-delà du corps, au-delà du monde des ingénieurs, vers le plus grand nombre, pour notre Défense.

Prise d’armes aux Invalides en hommage à l’IGA René Audran, assassiné le 25 janvier 1985