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30 septembre 2020

LE PROGRAMME PROSUB
COOPÉRATION STRATÉGIQUE AVEC LE BRÉSIL

 En 2008, le Brésil a retenu la France pour se doter d’une force sous-marine plus performante pour protéger son littoral très étendu, pourvu de nombreuses ressources, l’Amazonie bleue. Ce programme ambitieux a été baptisé PROSUB (PROgramma SUBmarino).


 En effet, les échanges entre nos deux pays ont toujours été denses dans les domaines universitaire, scientifique et culturel, et également économique : les entreprises fran­çaises du CAC40 réalisent une part importante de leur chiffre d’affaire au Brésil. Et, malgré les années de récession 2015 et 2016, ce pays reste très dynamique économique­ment.

La coopération militaire est également importante en raison de nos zones communes d’influence -plus de 700km de frontière terrestre
en Amazonie et la façade Atlantique sud partagées entre nos deux pays - pour lutter contre les trafics, notamment la pêche illicite, le narcotrafic, et l’orpaillage clandestin.

Le Brésil est attaché à sa souveraineté et à son indépendance : les transferts technologiques et industriels revêtent dans ce cadre une importance capitale.

Ainsi, la réalisation au Brésil des quatre Scorpènes n’est que la première étape, visant à se doter d’un outil industriel performant capable d’atteindre l’objectif ultime que la Marine Brésilienne s’est fixée : la conception et la réalisation de son premier sous-marin à propulsion nucléaire.

Le programme PROSUB structure notre partenariat stratégique en matière de défense, il repose sur des coopérations militaires, technologiques et industrielles. Il engage nos deux pays sur le long terme.

La coopération est pilotée par le comité de coopération conjoint réunissant semestriellement les représentants désignés par les deux
parties. Il est présidé en France par le directeur du développement international de la DGA, assisté de l’Amiral chargé des relations internationales, les représentants du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères et du Ministère de l’économie et des finances.

Le comité veille à la bonne exé­cution des contrats qui découlent de l’accord, identifie les difficultés, recherche et met en oeuvre les so­lutions propres à les résoudre, et établit le compte-rendu des travaux sous la forme du rapport semestriel transmis aux parties.

Ce processus est animé par deux secrétaires, l’un français (à DGA-DI) et l’autre brésilien. Ils coordonnent pour PROSUB les rencontres bilatérales gouvernementales, préparent les analyses et proposent les actions au Comité de coopération.

Le secrétaire français supervise les activités industrielles françaises. Pour la Marine Brésilienne, il est le point focal pour toute demande, notamment technique. Il coordonne l’expertise de la DGA pour délivrer les explications et les preuves né­cessaires.

La coopération opérationnelle est également active. La Marine Nationale Française accompagne la Marine Brésilienne, en lui appor­tant son expérience technique et opérationnelle, mettant notamment à disposition à Rio de Janeiro des officiers français, et accueillant en formation à l’escadrille des SNA de Toulon, des officiers sous-mari­niers brésiliens. Ces échanges en­tretiennent la confiance mutuelle, et préparent la Force sous-marine bré­silienne à opérer, en toute sécurité, les sous-marins océaniques Scor­pène, qui, bien que classiques, ont des capacités opérationnelles mo­dernes.

La conception du premier sous-marin nucléaire brésilien La Marine Brésilienne relève seule le challenge de la chaufferie nucléaire
embarquée, néanmoins, l’expérience de la DGA est un support précieux pour maîtriser la complexité de ce système océanique nucléaire. Elle a donc mis en place un management intégré pour son programme d’ensemble, en veillant à piloter avec rigueur son calendrier directeur, ses risques et ses interfaces. Elle s’est en particulier dotée d’une autorité de sûreté nucléaire spécifique.

Elle a achevé la conception du sous-marin nucléaire en 2017, avec une aide française active pour tous les volets techniques et fonction­nels du sous-marin non liés direc­tement à la chaufferie et son fonc­tionnement.

Le lancement en réalisation du SNBR est maintenant prévu en 2022, les activités de réalisation de la coque résistante à Itaguai seront anticipées d’un an, en 2021.

Le Complexe Naval Industriel d’Itaguai est situé à proximité de Rio de Janeiro. Il est né entre 2008 et 2018, là où la jungle faisait face à l’océan ; il comprend fonctionnellement les capacités industrielles de Naval Group à Cherbourg et celles de la base des sous-marins de Toulon. Il peut accueillir jusqu’à de 6 sous-marins classiques et 4 SNA.

Il a été construit par la société brésilienne Odebrecht, spécialisée en génie civile et pétrochimie, aidée de l’expertise de Naval Group.


La société ICN, fruit de l’alliance Naval Group-Odebrecht y construit les sous-marins depuis la réception des tôles et des matériels jusqu’à son achèvement, sa mise à l’eau et ses essais. Les activités de maintenance y sont également prévues.

Le transfert de technologies en réalisation des Scorpènes : une belle réussite. Actuellement, le premier sous-marin, baptisé du nom de la bataille navale de Riachuelo, est achevé, son premier équipage brésilien est qualifié, et effectue les essais en
mer. Le second sous-marin sera mis à l’eau à la fin de l’année 2020, le jonctionnement final du troisième est prévu prochainement.

Grâce à ces efforts conjugués de ses sociétés fondatrices, ICN a gra­duellement gagné en maturité et en autonomie, et la Marine Brésilienne peut désormais constater concrè­tement le succès du transfert de technologies.

Signe de reconnaissance de cette expertise, la qualification d’ICN a également été jugée équivalente au niveau français par Naval Group, et le chantier de Cherbourg des Barracuda bénéficie d’une équipe de soudeurs brésiliens pour absorber les pics de charge depuis 2019 ; permettant d’élargir le périmètre d’intervention des équipes brési­liennes.

ICN est ainsi devenu un puissant outil industriel brésilien qui doit en­core se développer avec d’autres projets de construction navale, afin de consolider un plan de charge in­dustriel, garantissant sa pérennité, et surtout de conserver les capa­cités de préparer la montée en puissance de la réalisation du sous-marin nucléaire brésilien dès que les travaux de la Marine.

Ce projet fédérateur et sans pré­cédent pour le Brésil, par son en­vergure et son ambition, n’est pas sans rappeler l’histoire de la propul­sion nucléaire française, qui illustrait elle aussi la volonté de souveraineté d’une nation, et qui fut l’occasion lors du défrichage d’un domaine inconnu de doutes, de difficultés, mais aussi d’exploits techniques avant de parvenir à sa mise en ser­vice opérationnel. L’expérience et la maîtrise acquises par les acteurs étatiques et industriels français dans le développement de plu­sieurs générations de sous-marins à propulsion nucléaire seront sans nul doute un atout majeur pour ac­compagner le Brésil, dans le res­pect des accords internationaux.

 

 

En 2008, le Brésil a retenu la France pour se doter d’une force sous-marine plus performante pour protéger son littoral très étendu, pourvu de nombreuses ressources, l’Amazonie bleue. Ce programme ambitieux a été baptisé PROSUB (PROgramma SUBmarino).

Le partenariat stratégique franco-brésilien s’inscrit dans la durée, au-delà de 2030, après la mise en service du sous-marin nucléaire. Son périmètre défini par l’accord intergouvernemental signé en 2008 est le suivant :

- La construction de quatre Scorpènes Brésil (SBR) ;

- La construction d’un chantier naval et d’une base navale, à côté de Rio ;

- La fourniture de torpilles F21 et de contre-mesures anti-torpilles CANTO ;

- Les transferts de technologie, pour la fabrication des sous-marins, la maintenance évolutive du système de combat, la maintenance des torpilles, et l’ingénierie de conception des sous-marins ;

- L’assistance pour la conception d’un sous-marin à propulsion nu­cléaire - SNBR - et la fourniture d’équipements pour la réalisation du sous-marin ; cependant pour respecter les accords internationaux en matière de prolifération nucléaire la participation française aux activités de conception, réalisation et maintenance de la chaufferie nucléaire et des installations de soutien associées est exclue de l’accord

 

titre de l'encadre

En 2008, le Brésil a retenu la France pour se doter d’une force sous-marine plus performante pour protéger son littoral très étendu, pourvu de nombreuses ressources, l’Amazonie bleue. Ce programme ambitieux a été baptisé PROSUB (PROgramma SUBmarino) Le partenariat stratégique franco-brésilien s’inscrit dans la durée, au-delà de 2030, après la mise en service du sous-marin nucléaire. Son périmètre défini par l’accord intergouvernemental signé en 2008 est le suivant : - La construction de quatre Scorpènes Brésil (SBR) ; - La construction d’un chantier naval et d’une base navale, à côté de Rio ; - La fourniture de torpilles F21 et de contre-mesures anti-torpilles CANTO ; - Les transferts de technologie, pour la fabrication des sous-marins, la maintenance évolutive du système de combat, la maintenance des torpilles, et l’ingénierie de conception des sous-marins ; - L’assistance pour la conception d’un sous-marin à propulsion nu¬cléaire - SNBR - et la fourniture d’équipements pour la réalisation du sous-marin ; cependant pour respecter les accords internationaux en matière de prolifération nucléaire la participation française aux activités de conception, réalisation et maintenance de la chaufferie nucléaire

 

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