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01 octobre 2014

QUELQUES MOTS POUR JACQUES BOUSQUET(1934-2014)

Jacques nous a quittés mais il demeure près de nous tant il a marqué tous ceux qui l’ont approché, tant il nous a apporté à chacun individuellement et à nous tous, ensemble. Il a été pour moi mon ami, mon grand ami. Pourquoi ? Comment ? Cette amitié ? Les mots de Montaigne me reviennent à l’esprit pour la décrire « parce que c’était lui, parce que c’était moi ». Nous nous sommes rencontrés pour la première fois, aux premiers jours d’octobre dans un lycée parisien où nous étions tous deux « exilés » d’Occitanie, lui de Millau, moi de Carcassonne. La vie de pensionnaire, l’internat nous rapprochèrent encore plus. Après les deux années classiques à l’X nous choisissions tous deux les IMA, les Ingénieurs militaires de l’Air - on ne parlait pas encore d’Ingénieur de l’Armement -. Ce choix répondait à la volonté de rejoindre l’Aéronautique. De plus, il débouchait sur une formation de pilote militaire et offrait ainsi une année complémentaire d’exception. Les choses ont bien changé depuis. Nous avons ensuite développé deux carrières parallèles mais qui nous permirent de souvent nous retrouver. Après SupAéro, j’allais à Toulouse, il était affecté au STTA ; Il devait rapidement rejoindre le cabinet du Délégué ministériel pour l’Armement Jean Blancard ; ce dernier vint, en plein mai 68, à Toulouse, à l’Ensica exhorter par des paroles fortes et énergiques les élèves à la réflexion sur une situation qui dérapait . Le résultat : Ceux-ci votèrent que l’Ecole devait conserver un Directeur de pleine autorité. J’avais deviné qui avait fourni les « éléments de langage ». Après le Cabinet, Jacques fut nommé à la tête de l’AIA de Bordeaux, établissement spécialisé dans la réparation des moteurs. Il y entreprit les réformes et lança les investissements nécessaires pour prendre en charge les moteurs des avions modernes. Cette action fut couronnée de succès puisque mis en concurrence avec l’Industrie, l’AIA remporta la compétition. L’IGA Jouffret, DTCA de l’époque, l’appela auprès de lui pour occuper le poste d’Adjoint Opérations, ce qui lui donnait autorité sur la coordination des actions des Services Techniques. La réorganisation de la DTCA en matière d’Equipements menée sous l’autorité de l’IGA Georges Bousquet le plaça auprès de L’IGA Bergougnioux à la tête du STTE. Je me voyais attribuer la responsabilité des Equipements Pilotage-Navigation. Deux années d’intenses initiatives et d’innovations menées en commun et d’immenses joies et satisfactions aussi. Quand je changeai de quartier pour rejoindre la Rue Saint Dominique je lui demandai de me rejoindre et c’est ensemble que nous conduisîmes pendant trois ans la DGA que nous avaient léguée Henri Martre et Alain Guigue. A ce poste à mes côtés, il retrouvait le Cabinet. Son expérience antérieure, enrichie par un parcours de hautes responsabilités de direction et d’exécution fît merveille auprès des jeunes camarades qu’il pilotait avec autorité et bienveillance. Pour preuve la reconnaissance qu’éprouve l’un d’eux vis-à-vis de son ancien chef en tant qu’homme mais aussi comme « formateur et maître » quand il m’écrit fin août pour m’exprimer une peine qu’il savait partagée. Nombreux sont ceux qui ont ressenti le même vide et le même chagrin. Jacques leur avait transmis l’esprit d’ordre et de méthode qui était le sien en même temps qu’il excitait en eux l’intuition du possible et celle des évolutions proches et lointaines. Il savait se projeter et avec lui entraînait ses collaborateurs vers un avenir réaliste. Le lancement avec quinze ans d’avance, des travaux sur la « DGA en 2000 » en témoignerait si besoin en était. La brillante carrière que nous avons tous en mémoire et qu’il avait poursuivie à la DTEn, à l’Inspection, avait trouvé un prolongement naturel à la Cour des Comptes où il continua, passé le terme administratif, à siéger pour le plus grand intérêt de la réflexion sur les structures industrielles de la Défense. Ainsi Il a pu assumer jusqu’au bout la mission qu’il s’était lui-même fixée : Bien servir l’Etat. Puisse sa carrière inspirer nos jeunes camarades.

Emile Blanc, IGA

Ancien Délégué Général pour l’Armement

 

Jacques Bousquet avait une capacité de décision peu commune, et aimait illustrer ses choix ou ses descriptions de négociation avec des expressions imagées. La rédaction en a sélectionné quelques-unes. Nous laissons au lecteur le soin de retrouver la signification ou le contexte possible.

• Quand on fait la p…, il faut choisir son trottoir

• Calendrier tendu calendrier foutu

• Pour ça il faut que je téléphone à mon ministre

• Mignonne à faire avorter une couvée de singes

• Je me demande s’il se fait manucurer les doigts de pied

• 600 MF ! Il y a des coups de fil moins rentables

• Il avait plus un poil de sec

• C’est comme le cheval de mon grand-père, il se gonfle quand on lui met la sous-ventrière

• Les coopérations c’est comme les petits trains on accroche les wagons un par un

• S’il me dit ça je l’envoie chez plumeau

• La plume, elle doit rester au chapeau, pas ailleurs

 

 

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