Notre intuition initiale était de mettre à l’honneur nos camarades sportifs, qu’ils évoluent à haut niveau ou avec passion, qu’ils soient engagés sur le plan associatif ou dans la transmission de leur savoir.

Pour la confirmer, nous avons pris l’initiative d’envoyer un courriel à tous, et cela a porté ses fruits. Nous sommes passés de vingt témoignages anticipés par le comité de rédaction à près de quarante, parfois surprenants. Sans compter ceux qui ont décliné, leurs performances leur semblant trop anciennes ou révolues. Et nous nous excusons également auprès de ceux que nous n’avons pas pu inclure dans nos pages.

Comment ne pas mentionner la surprise du général Pierre de Villiers, récompensant un général, vainqueur du cross de l’EMA : « Bravo…, un général qui gagne ? » et de s’entendre répondre « Je suis ingénieur général, directeur des programmes navals à la DGA ! ». Il s’agissait de Laurent Sellier, notre red’chef délégué.

Ce que l’on peut constater, c’est qu’il y a un nombre significatif de sportifs dans les rangs des ingénieurs de l’armement : natation, glisse, course, montagne, athlétisme, sports de combat, sports collectifs, sports technologiques, E-sports…

Engagement pour son pays, engagement technologique, direction de programme complexe, cela aurait-il un lien avec l’activité sportive ?

On se doute qu’il n’y a pas de réponse unique. Écoutons à titre d’exemple les concurrents qui achèvent leur tour du monde aux Sables d’Olonne : le vainqueur était comme dans une citadelle intérieure, avec un carnet de stratégies mentales lui permettant de faire face à toute situation ; le deuxième, beaucoup plus serein, considère qu’il a rendu une « très bonne copie », sans regret ; le troisième, ayant cassé un foil dans les mers du Sud, fait part de sa rage d’y revenir et de vaincre. D’improbables solidarités se sont conclues en mer, formant des amitiés indéfectibles. Beaucoup voulaient vivre une aventure qui les emmène au-delà d’eux-mêmes. Je vous laisse lire plus loin le récit d’aventure de celui que l’on a vu coiffé d’une casquette d’IGA !

Ces différentes motivations sont au cœur de nos métiers : le goût de l’effort, le courage, des objectifs élevés, la confiance en soi pour les atteindre malgré les difficultés, la capacité à souffrir pour grandir.

Elles ont sans doute été nourries par nos études d’ingénieur, et par l’équilibre que donnait une activité sportive. Elles ont pu se développer dans le dépassement de soi et la cohésion que l’on trouve en environnement militaire.

Pour autant, pas d’idéalisme. En sport sans doute plus qu’ailleurs, chacun atteint aisément ses propres limites. Il faut rebondir après ses échecs et si possible faire ses deuils, pour leur trouver du sens. Chacun des témoignages rassemblés ici est une leçon de vie, y compris lorsqu’il a fallu se reconstruire depuis tout en bas.

Car en définitive, avoir appris de ses épreuves, c’est savoir répondre aux questions : « en quoi es-tu devenu plus humain ? » « Comment vas-tu réorienter ta vie désormais ? » « Comment vas-tu mieux rendre ton service ? »

Et pour filer notre métaphore, en route pour le temple du Soleil, pourquoi pas en passant par l’Aconcagua, Mille Sabords !

Un autre Jérôme « Zorrino » Perrin au sommet de l’Aconcagua (Argentine, 6961m) ) le 18 février 2025