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Le vice-président du CGArm à la manœuvre, sous le regard attentif du président de la CAIA
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30 septembre 2019

COLLOQUE DE LA CAIA
LA MOBILITÉ DANS LE CORPS DE L’ARMEMENT

Le 27 mars 2019 s’est tenu à la DGAC le colloque biennal de la CAIA, consacré cette année au thème de la mobilité des ingénieurs de l’armement. Deux tables rondes avaient été organisées pour l’occasion, réunissant des profils riches et divers, qui ont utilement éclairé l’assemblée. Tous s’accordent sur une chose : le corps ne rayonne pas assez.


Les ingénieurs de l’armement développent au cours de leur carrière à la DGA des compétences et des savoir-faire reconnus et appréciés universellement au sein de l’administration française comme au sein du monde de l’entreprise. Toutes les enquêtes effectuées auprès des jeunes ingénieurs intégrant le corps le montrent, le désir de mobilité est très fort et n’est nullement incompatible avec la volonté de servir l’Etat dans ses activités de souveraineté et dans des activités à forte dimension technique. Pour autant, beaucoup d’ingénieurs de l’armement ayant quitté la DGA n’y reviennent jamais, et les aller-retour entre secteurs publics et privés sont comparativement plus faibles dans le corps des ingénieurs de l’armement que dans les autres grands corps administratifs et techniques. Comment concilier le double statut d’employeur et de gestionnaire de la DGA avec la nécessité de développer le rayonnement interministériel des ingénieurs de l’armement ? Comment mieux valoriser les expériences acquises en dehors de la DGA dans la perspective d’un potentiel retour ?

Un Xavier Lebacq manifestement ravi de recevoir l’histoire du corps de l’armement illustrée

  La charge de l’introduction du sujet revenait au vice-président du CGArm, Laurent Giovachini, qui n’a pas manqué de souligner le rôle positif que les ingénieurs de l’armement devaient jouer en dehors de leur zone de confort technique à la DGA. Le VP a par ailleurs annoncé en avant-première les évolutions à venir de la gestion des ingénieurs de l’armement, qui devrait désormais être partagée entre la DGA et le CGArm.Signe du destin, le matin même du 27 mars était examiné en Conseil des Ministres le projet de loi sur la mobilité dans la fonction publique. Le panel d’invités était à la hauteur, puisque la première table ronde consacrée à la mobilité réunissait Agnès Audier, ingénieure générale des mines, ancienne collaboratrice de Simone Veil au Ministère de la santé et actuellement directrice associée au Boston Consulting Group, René Picon-Dupré, contrôleur général des armées en service extraordinaire et ancien DRH de la DGA, Christophe Salomon, ancien conseiller technique en charge des affaires industrielles auprès du Ministre de la défense Jean-Yves le Drian de 2012 à 2017 (et oui, il a tenu 5 ans...) et Jocelyn Escourrou, bien connu des lecteurs de ce magazine et des administrateurs de la CAIA, qui venait à l’époque de quitter l’Agence des participations de l’Etat pour rejoindre la direction des affaires financières du groupe Safran. Et j’oubliais : comme modérateur de cette table ronde, votre serviteur.Les témoignages de Christophe Salomon et Jocelyn Escourrou ont confirmé que l’expérience technique constituait un atout considérable et différenciant des ingénieurs de l’armement en début de carrière par rapport aux autres grands corps techniques. Agnès Audier a rappelé de son côté que toutes les théories en organisation montraient que la diversité professionnelle des profils accroissait l’efficacité des structures, mais que le corps de l’armement n’était pas le seul grand corps technique à connaître des difficultés de rayonnement, et que les corps des mines et des IPEF pâtissaient également de ce phénomène. René-Picon Dupré a insisté sur le fait que la mobilité était une opération gagnant-gagnant à condition que celle-ci obéisse à des principes simples : un pilotage clair, des référentiels de compétences métiers partagés (ce qui n’est pas toujours évident au vu de la spécificité du référentiel métiers DGA), un suivi continu de la situation des agents en mobilité et la préparation du retour. Tous se sont accordés pour dire que l’ouverture de la DGA à d’autres corps techniques, contrepartie nécessaire du rayonnement des ingénieurs de l’armement en dehors de l’institution, ne présentait guère de risque « d’invasion » de la DGA par d’autres corps, dans la mesure où chaque administration restait maîtresse de son recrutement. Le double statut de gestionnaire et d’employeur de la DGA n’a pas manqué par ailleurs de constituer un sujet de discussion fort, Christophe Salomon rappelant que lui-même avait quitté la DGA en bons termes, mais que tel n’était pas toujours le cas et qu’une frustration se développait souvent à l’issue de la part d’ingénieurs de l’armement retenus dans leur désir de mobilité. A été abordée également le sujet de la déontologie, la plupart des intervenants s’accordant à dire que le durcissement continu des exigences en la matière, si elle s’appuyait sur des exigences éthiques parfaitement compréhensibles, avait dans la pratique plutôt nuit à la mobilité.La seconde table ronde intitulé « le corps 2.0 » réunissait quant à elle Yves Demay, ancien Directeur général de l’Ecole polytechnique, nos camarades Denis Plane et Alain Crémieux, ainsi que Florence Plessix, de la DRH de la DGA. La modération des débats était assurée par notre camarade trésorier de la CAIA Xavier Maldague.2ème table ronde : le camarade Denis Plane en grande démonstration...Florence Plessix a insisté sur le fait que la DGA restait le premier employeur du corps des ingénieurs de l’armement et que toute évolution de la politique de rayonnement devait se faire en accord avec les structures RH de l’institution. Denis Plane a apporté un éclairage intéressant sur la compétence technique des ingénieurs de l’armement, affirmant que le rythme des évolutions technologiques était devenu tellement rapide par rapport aux facultés d’adaptation de la DGA qu’il était désormais illusoire que celle-ci maîtrise l’intégralité des domaines techniques appartenant à son champ de compétence, et que mieux valait se spécialiser techniquement dans un domaine précis avant d’évoluer vers des fonctions plus transverses. Yves Demay a attiré l’attention du colloque sur l’évolution des pratiques d’innovation à l’étranger, sujet crucial pour la survie du corps. Enfin, Alain Crémieux a rappelé les freins potentiels à la mobilité que pouvait constituer le statut militaire du corps et les limitations de droits civiques et politiques qui en découlaient.Le directeur-adjoint de cabinet de la Ministre des armées Benjamin Gallezot a conclu ce colloque en rappelant que l’effort important de redressement consenti dans la LPM 2019-2024 en matière de dépenses d’équipement réinscrivait l’activité des ingénieurs de l’armement au sein de la DGA dans une dynamique vertueuse, et dont ils devaient profiter pour développer leur visibilité vis-à-vis de l’extérieur.

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