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01 juin 2019

Zodiac Data Systems : l'innovation au service des solutions sol

Zodiac Data Systems, désormais filiale du Groupe Safran, est un équipementier français du marché spatial. L’entreprise est spécialisée dans les solutions au sol qui permettent tout type de liaison entre les véhicules spatiaux : lanceurs, satellites gouvernementaux, satellites commerciaux, sondes pour l’exploration lointaine... Ces solutions servent l’ensemble des besoins applicatifs de télémesure, de télécommande, de télécommunications, mais aussi de surveillance du spectre ou d’applications Comint.


Généralement fournisseur de rang 2, la société vend ses produits à tous les grands intégrateurs du marché spatial (Airbus Defense & Space, Thalès Alenia Space, Avio, OHB, Boeing Satellite Systems, MAXAR, Lockheed Martin, Raytheon, NEC, Mitsubishi Electric (Co), CAST, ...). Alliant une approche produit avec un engagement strict de qualité, en 20 ans la société a su transformer certains de ses produits comme le CORTEX en un standard du marché des centres de contrôle.

La société travaille également en direct avec toutes les grandes agence spatiales (Cnes, ESA, Roscomos, Kari, Jaxa, Isro, Nasa, Casc...), qui dynamisent efficacement notre processus d’innovation. Très souvent ils sont les premiers utilisateurs de nos derniers développements comme par exemple la Nasa qui reçoit ses premiers Cortex très haut débit (plus de 6 Gbits/s) pour leur centre de réception en Observation de la Terre, ou l’ISRO qui déploie nos antennes de réception image en bande Ka pour son programme NISAR.

En tant que Président de Zodiac Data Systems, mon challenge quotidien est de conserver notre excellence et de faire croître nos positions sur le marché des acteurs et de nos clients historiques, tout en dégageant assez d’oxygène à nos équipes pour embrasser pleinement la formidable opportunité de mutation du marché spatial. Ce sont précisément ces nouveaux horizons qui constituent une ressource inépuisable d’inspiration pour trouver de nouvelles innovations adressant de nouveaux besoins.

A ce titre, je peux illustrer le propos avec l’histoire de notre service WeTrack, initialement issu de besoins internes mais qui s’avère désormais adresser tous ces nouveaux besoins spatiaux. Ce service a été en effet mis en place à l’origine pour la détection et la géolocalisation précise au sol des sources d’interférence Radio Fréquence qui viennent perturber le spectre des satellites de communication sur l’orbite géostationnaire. WeTrack est un service commercial produisant des données 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et tout temps. Il fournit les données d’orbitographie et les éphémérides des satellites considérés. Il s’adresse en premier lieu aux opérateurs de services de télécommunications comme Eutelsat, SES, Intelsat,... et aux agences de régulation des fréquences qui veillent au respect du bon usage du spectre. La mesure, à base de capteurs radio-fréquence (RF) déployés au sol, se fait de manière totalement passive en exploitant les mesures différentielles de temps à l’arrivée (TDOA) des signaux RF émis par les satellites observés.

La première étape dans l’introduction de ce service réellement innovant a été de se rassurer sur la disponibilité et la qualité des données en termes de précision. Des évaluations réalisées dès 2015 par des intégrateurs américains travaillant déjà activement au service du DoD Nord-Américain ont été très encourageantes en termes de précision mais également par rapport à la capacité à détecter les manœuvres et à séparer les trajectoires, notamment dans le cadre de clusters de satellites. La deuxième étape a consisté à packager une offre de service accessible par une interface web (https://wetrack.space) à laquelle les clients allaient pouvoir s’abonner au « pay per use » sans passer par la case investissement.

Cette phase a permis de confirmer dès 2016 la disponibilité opérationnelle des mesures et la variété des besoins applicatifs de nos premiers clients. Nous avons été surpris notamment de voir nos clients traditionnels utiliser nos propres Cortex pour leurs applications de ranging et d’orbitographie, puis consommer ces données externes à des fins de calibration de leurs chaines de réception et de poursuite.

En 2017, avec le soutien actif du Cnes et de l’ESA, Zodiac Data Systems a pu étendre les domaines fonctionnels de mesure de ces senseurs RF, avec l’ajout des nouveaux cas d’application pour les orbites LEO, MEO et également les phases LEOP dans le cadre des transferts longs vers l’orbite géostationnaire à partir de propulsion électrique.

Après déjà plus de 4 ans de service opérationnel de WeTrack, il est désormais clair que cette technologie RF apporte des réponses à des demandes bien plus larges que celles initialement adressées pour le monitoring du spectre radio fréquence. En effet l’accélération des usages spatiaux, l’avènement du New Space matérialisant le financement de multiples projets de constellations où le nombre de satellites se compte par centaines voire par milliers, impliquent désormais que les États s’organisent pour gérer cette complexité qui était encore totalement inimaginable à la fin du siècle dernier. Le besoin est désormais confirmé d’établir des nouvelles règles et d’y associer des mesures de contrôle et de régulation pour permettre aux différents acteurs commerciaux et publics d’opérer en liberté et en sécurité. A l’instar de l’aéronautique, des voix s’élèvent pour prôner la mise en place rapide d’une organisation internationale de régulation de type OACI, et de spécifier et déployer des systèmes de Space Traffic Management. En parallèle de cette vision civile et commerciale, les enjeux défense des nations grandissent chaque jour dans l’espace. Des besoins de surveillance à des fins cette fois de sécurité des nations émergent. Il s’agit là de développer une connaissance approfondie des objets spatiaux, de se doter de la capacité de les suivre, de comprendre et de prévoir leur déplacement et les menaces éventuelles qu’ils représentent. On parle alors pour ce nouveau domaine de Space Situational Awareness (SSA) comme étant le pilier du Space Surveillance & Tracking (SST). Il est important de noter que les Etats-Unis sont très actifs dans ces domaines militaires, et que les dernières déclarations présidentielles américaines visent à accélérer l’essor de cette composante spécifique en y allouant soutien politique et d’importants crédits.

Ces nouveaux systèmes de Space Traffic Management et de Space Situational Awareness devront également s’intéresser à la problématique grandissante de la gestion des débris pour laquelle les senseurs RF n’apportent évidemment aucune solution. Ces nouveaux systèmes consommeront nécessairement beaucoup de data fournies par des senseurs au sol et/ou embarqués. Il s’agira de combiner efficacement les différents types de détection comme en France les radars Graves ou Satam, les senseurs optiques Tarot, et des détecteurs RF comme WeTrack. Nul doute que ces technologies naissantes s’adapteront rapidement pour atteindre les performances et la maturité requises pour l’opération effective de ces nouveaux services.

Les premières évaluations sur l’orbite géostationnaire des services WeTrack de Zodiac Data Systems dans ce nouveau contexte SSA sont déjà très riches d’enseignements. Un suivi régulier, et dans la durée, de satellites « butineurs » comme le Luch-Olymp est désormais effectif. Cette vision plus exhaustive des phases de mission apportera certainement aux spécialistes des informations très utiles pour comprendre les objectifs poursuivis par ce type de véhicule. Il en va de même sur d’autres types de véhicules que l’on découvre voler littéralement en patrouille à des distances très proches de leurs cibles.

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