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Le mini ROGEN à l'épreuve
20 avril 2015

EXPERTISE ROBOTIQUE TERRESTRE
LA FAMIA EN VISITE

Depuis début janvier, nous sommes 14 IA (X 2010) à suivre notre formation administrative et militaire (FAMIA) qui précède notre prise de poste en septembre prochain. Quatre de nos camarades suivent par ailleurs le cursus recherche. après deux semaines de tronc commun, nous avons entamé un cycle de semaines à thème où nous alternons conférences et visites de sites ou d’entreprises. après avoir découvert les domaines naval et aéronautique nous finissons actuellement la semaine dédiée à l’armement terrestre, ponctuée par les visites de Sagem, Thales Air Systems, Nexter et DGA/TT. Nous y avons rencontré Arnaud (X 2006) en poste au département robotique et mini-drones à Bourges. Interview : 


 

La FAMIA 2015 en visite à Bourges ; Derrière : Benoît QUESSON Maico, LE PAPE Thomas FLAMME, Stéphane PICHON (DGA TT), DGA TT, Sébastien CHAPRON (DGA TT), Matthias BRY, Gabriel AULARD DORCHE, Benoît DARRASSE, Jérôme de DINECHIN / Devant : Richard CASTAING, Raphaël BOUGANNE, Michael de MERIC de BELLEFON, Françoise PRIVAT (CGARM), Emma LE RALLEC, Bertrand RONDEPIERRE, Henri RUGGIERO, Camille VIALLON (DGA TT), Sandra CAMPO (CGARM)

La CAIA : D’où vient ta passion pour la robotique ?

Arnaud Ramey : J’ai réellement découvert la robotique lors de ma scolarité à Polytechnique. J’avais une passion depuis longtemps dans des domaines tels que l’intelligence artificielle ou le traitement de l’information mais ces connaissances se révélaient difficilement applicables au monde réel. En deuxième année d’études j’ai pu suivre un module expérimental en robotique dans les laboratoires de l’X. Nous avons étudié des algorithmes d’intelligence artificielle sur de petits robots, les Khepera, ressemblant aux petits robots aspirateurs. C’était la première fois que nous appliquions des connaissances théoriques et où nous avions l’occasion d’en visualiser les effets, j’y ai trouvé un véritable intérêt ! J’ai donc orienté la suite de ma formation dans cette optique et ai suivi l’année suivante un programme d’approfondissement sur le traitement d’images appliqué à la robotique. Par la suite j’ai intégré la DGA et ai convenu avec elle de prolonger mes études dans ce domaine en quatrième année à Stockholm, à l’Institut royal de technologie (KTH - https://www.kth.se/en) puis en thèse en Espagne dans le laboratoire RoboticsLab de l’université Carlos III de Madrid (http://roboticslab.uc3m.es/roboticslab/ ).

La CAIA : Par la suite tu as donc réussi à prendre un premier poste lié à tes études ?

AR : Oui, j’ai eu la chance d’être parrainé pendant ma thèse par Aurélien GODIN, à l‘époque chef du département robotique à DGA/TT. Je suis resté en contact avec lui tout au long de ma thèse et il a proposé une fiche de poste dont les compétences correspondaient aux miennes. C’était l’opportunité rêvée de mettre en pratique les connaissances accumulées durant mon parcours et de jouer un véritable rôle d’expertise en robotique !

La CAIA : Aujourd’hui quelles sont tes activités ? Sur quels systèmes travailles-tu ?

AR : Mon département traite également de robotique et mini-drones (moins de 25 kg). Il travaille en « équipe intégrée » : opérateurs, responsables d’essais et experts travaillent ensemble. Cette véritable synergie permet une cohérence d’ensemble sur notre évaluation des systèmes.

Je suis chargé d’expertise (ce qui correspond souvent au premier poste en centre des jeunes IA) en robotique terrestre, et travaille exclusivement sur ces systèmes. J’interviens à trois reprises lors du cycle de vie des systèmes équipant les forces. Premièrement, lorsqu’un client, souvent les forces, exprime le besoin d’un système, je transcris ce besoin « opérationnel » en termes techniques et contractuels. Deuxièmement, une fois que les industriels remettent des propositions suite à ce besoin, j’évalue la pertinence de leur offre face au besoin. Enfin, j’assure le suivi d’un système utilisé dans les forces, le Mini ROGEN (Robot du Génie) déployé dans le 13e Régiment du Génie.

 La CAIA : Nous venons d’assister à une présentation de mini-drones (Card CH, Orbiter 2B, NX 110) et d’un petit robot (le Mini ROGEN). A ton avis quels peuvent être leurs apports dans les différentes armées et plus spécifiquement dans le combat de l’infanterie ?

AR : Plusieurs systèmes sont déployés dans les forces, comme le système DROGEN (Drone du Génie), ou le DRAC (Drone de Renseignement au Contact). Ils ne sont pas utilisés pour engager le contact, mais afin d’obtenir du renseignement sans se mettre en danger : ils jouent le rôle d’œil déporté du soldat, lui permettant de voir sans être vu.

 

Evaluation du Mini ROGEN

Ces initiatives sont prometteuses : dans le cadre du programme Scorpion, le grand programme de renouvellement et de modernisation des moyens de l’armée de terre, la robotique et les mini-drones ont été identifiés comme pouvant jouer un rôle important.

La CAIA : Comment pourra-t-on les intégrer à la démarche de numérisation de l’espace de bataille tout en respectant les contraintes SSI ?

AR : Effectivement, des données telles que la position des forces alliées (Blue Force Tracking) sont sensibles : des méthodes de protection des données sont essentielles pour empêcher toute compromission. Des efforts particuliers sont faits concernant les moyens de télécommunication du futur, cf. par exemple le système SICS (Système d’Information et de Combat de Scorpion) et la radio Contact, qui s’intégreront dans Scorpion. Il est trop tôt cependant pour prédire comment les robots et mini-drones s’interfaceront avec ces moyens.

La CAIA : Vous avez accueilli récemment des entreprises pour un concours de robotique ? Quels étaient les objectifs de ce concours et quels étaient vos moyens d’évaluation ?

AR : Pour réaliser sa mission, un robot a besoin d’une analyse cohérente du monde qui l’entoure.

Malheureusement, de nombreuses raisons rendent difficile la navigation des robots dans un environnement indoor, comme la complexité de l’architecture ou les conditions difficiles pour les capteurs (mauvaise lumière, surfaces réfléchissant les télémètres laser, etc.).

Le défi Carotte (Cartographie par Robot  d’un Territoire) a eu lieu sur 3 années successives, entre 2010 et 2012. En partenariat avec l’Agence Nationale pour la Recherche, ce projet a réuni 5 équipes, certaines industrielles, d’autres académiques. Dans cette compétition, chaque équipe a développé sa plateforme robotique. Celle-ci utilise des algorithmes développés en interne devant cartographier un environnement indoor inconnu et reconnaître des objets en un temps limité, le tout de manière complètement autonome.

 

Une équipe du Défi CAROTTE

Pour les équipes, ce fut une formidable occasion de développer leurs compétences dans le domaine de la cartographie d’environnements indoor.

Pour la DGA, ceci nous a permis de développer nos méthodes d’évaluation à la robotique autonome. Nous nous sommes également équipés de moyens d’essais ambitieux, notamment d’un complexe d’évaluation modulable et reconfigurable adapté à la mini-robotique, et qui nous permet aujourd’hui de pouvoir évaluer de manière représentative des systèmes robotiques complexes.

Propos recueillis par Henri Ruggiero, IA  

  

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