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17 avril 2015

FCAS, VERS L’ÈRE DES DRONES DE COMBAT ?

Notifiée le 30 octobre 2014, la phase de faisabilité du projet fcas (Future Combat Air System) représente une étape cruciale dans le développement des drones de combat. annoncés comme les game changers de l’aviation de combat, ces futurs systèmes promettent non seulement d’être porteurs de ruptures capacitaires et d’innovations technologiques mais également d’être un moyen de structurer l’industrie européenne du domaine.


Le drone de combat, une option crédible pour le FCAS

L’horizon 2030-2035 correspond pour la France à une perte de capacités causée par le retrait simultané des derniers Mirage 2000 et des premiers avions Rafale et donc au besoin d’une mise en service d’un Système de Combat Aérien Futur (SCAF). Pour y répondre, depuis plusieurs années les études et réflexions conduites par la DGA sur les drones de combat ou UCAS (Unmanned Combat Air System) ouvrent de nouvelles perspectives en matière de systèmes aériens de combat.

Les études de concept engagées semblent en effet montrer qu’une force mixte, composée d’avions pilotés (avions Rafale de nouvelle génération) et d’UCAS, pourrait constituer le meilleur compromis en termes de capacité opérationnelle, de maîtrise du coût global et de maîtrise des risques technologiques. Tout d’abord les UCAS, profitant des avantages du cockpit déporté, donnent accès à un haut niveau de furtivité à coût raisonnable ainsi qu’à un accroissement de la persistance et/ou du rayon d’action. Ces avantages, combinés à l’absence de risque de perte ou de capture de l’équipage, augmenteront la liberté d’action politique et militaire et permettront, dans un environnement de haute intensité tel qu’envisagé à l’horizon 2030-2040, de continuer à garder la capacité à entrer en premier et à frapper dans la profondeur, voire de mener des missions hors de portée de la flotte actuellement en service (suppression des défenses sol-air, persistance sur de vastes zones non permissives pour l’acquisition du renseignement et pour le traitement des cibles d’opportunité). Par ailleurs, les principes de contrôle 

à distance de ce type d’aéronef permettant d’augmenter fortement le ratio « simulation / vol réel » pour l’entraînement des opérateurs, les drones de combat représentent une rupture par rapport aux systèmes actuels en termes de concepts d’utilisation en temps de paix et en termes de coûts de possession. Ainsi la forte complémentarité entre l’UCAS et le couple avion piloté / missile de croisière est de plus en plus vue comme un moyen de maintenir la France dans le cercle restreint des nations ayant une capacité de combat aérien de premier plan.

Un projet FCAS fédérateur

Dans cette logique et afin de préparer le lancement en réalisation d’un éventuel programme SCAF lors de la première moitié de la prochaine décennie, le projet FCAS a été initié en coopération franco-britannique dans le cadre du traité de Lancaster House de novembre 2010.

L’un des enjeux majeurs de ce projet porté par la DGA sera de développer les technologies de 6ème génération qui permettront d’augmenter la survivabilité et l’autonomie des futurs aéronefs, et de les rendre plus à même de tirer parti d’un fonctionnement en réseau et de modes d’action multi-plates-formes. Il s’agira également de permettre le développement de systèmes de combat plus ouverts et plus modulaires permettant de les faire évoluer rapidement et à moindre coût. L’accent est donc mis sur les technologies de discrétion et de guerre électronique, sur les moteurs plus fiables et plus discrets et les systèmes-avion plus électriques, sur les nouvelles architectures avionique et les fonctions d’autonomie décisionnelle, sur les antennes multifonctions, l’imagerie SAR (Synthetic Aperture Radar) à très haute résolution et la fusion de données multicapteurs et sur des liaisons de données satellitaires ou tactiques à haut débit, robustes et discrètes. Les UCAS représentant le plus haut niveau de défi technique, ces développements technologiques sont donc orientés par les besoins des drones de combat, mais avec le souci d’un large spectre d’application des technologies, au bénéfice notamment des avions de combat pilotés. Cette recherche de synergies est en effet fondamentale en période budgétaire contrainte et elle permet de ne pas obérer les choix qui seront faits pour le SCAF à l’horizon 2020.

Le Neuron, un drone hautement robotisé.

Par ailleurs, si le programme Neuron, qui entame la dernière phase de sa campagne d’essais en vol, était à but purement technologique, le projet FCAS doit permettre aux opérationnels de s’approprier au plus tôt ces systèmes de rupture pour préparer leurs futurs concepts d’emploi et identifier leurs contraintes d’utilisation. Dans un premier temps, cela passera par le développement d’une démarche d’ingénierie système dont la principale finalité sera de capturer progressivement l’expression du besoin opérationnel pour un UCAS et qui reposera essentiellement sur la mise en place d’un environnement global d’évaluation, le FCAS Simulation Laboratory, au sein de l’UM ACE avec le soutien du CATOD (Centre d’Analyse Technico-Opérationnelle de Défense). Dans un second temps, le développement et la réalisation d’un démonstrateur d’UCAS devront permettre de mener des démonstrations en vol à caractère opérationnel. Enfin, le projet FCAS, tout en maintenant les compétences industrielles clés, initie en Europe la nécessaire adaptation de la filière industrielle de l’aviation de combat, considérant que le programme opérationnel SCAF qui suivra au cours de la prochaine décennie ne sera raisonnablement abordable budgétairement qu’en coopération. Le Royaume-Uni étant le seul partenaire en Europe à avoir investi significativement dans le domaine ces dernières années et à avoir développé une vision de son système de combat aérien futur à l’horizon considéré, il s’agira, au travers de FCAS, de créer les conditions d’une réduction des duplications pour évoluer vers des dépendances mutuelles autour du couple franco-britannique, tout en préservant certains domaines de souveraineté nationale ainsi qu’une réversibilité adéquate.

Ne pas confondre :

SCAF ou Système de Combat Aérien Futur est la combinatoire d’une ou plusieurs composantes pilotées ou non qui sera mise en service en France à l’horizon 2030.

FCAS ou Future Combat Air System est le projet franco-britannique, constitué d’une phase préparatoire, d’une phase de faisabilité et d’une phase de démonstration qui vise à préparer le SCAF (pour la partie française).
 

Une phase de faisabilité décisive

La première phase du projet FCAS, la phase de faisabilité, vient donc d’être notifiée aux six industriels franco-britanniques majeurs (Dassault Aviation, BAE System, Thales, Selex, Snecma et Rolls-Royce) pour un montant de 250 M€ HT et une durée de 2 ans. Elle vise principalement à estimer la capacité du drone de combat à répondre aux enjeux opérationnels à l’horizon 2030 et évaluer sa faisabilité technique à coût abordable. Elle doit ainsi éclairer les décisions concernant la future phase de démonstration dont le lancement est prévu en 2017 pour une durée d’environ 8 ans.

Pour atteindre ces objectifs, l’épine dorsale de cette phase sera constituée d’études de concepts et d’architectures d’UCAS, qui permettront notamment de sélectionner la taille, la forme en plan et la motorisation de la plateforme. Elle comprendra également une première phase de maturation des technologies clés, la conception des outils de simulation et l’élaboration de la meilleure stratégie de démonstration pour la phase ultérieure.  

 

 

    
Philippe Koffi
Philippe Koffi a été en charge entre 2005 et 2011, en tant qu’architecte concepteur d’ensemble puis manager, du programme Neuron pour lequel il vient de recevoir la médaille vermeil de l’Académie de l’Air et de l’Espace.
 

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