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Les robots d’Aldebaran
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06 avril 2015

APPRENDRE POUR ÊTRE ENCORE PLUS HUMANOÏDE
POUR DEVENIR UN PARFAIT COMPAGNON DE NOTRE QUOTIDIEN, LE ROBOT DEVRA PASSER SA « VIE » À APPRENDRE

Pour sortir des laboratoires où ils sont aujourd’hui cantonnés et venir s’installer chez nous, les robots humanoïdes vont devoir apprendre à nous connaître pour nous proposer les bons services au bon moment et s’adapter à nos habitudes de vie. cette capacité d’apprentissage, qui couvre un spectre très large de sujets qui seront évoqués ici, est une composante essentielle pour l’acceptabilité de ces nouveaux objets technologiques.


Aldebaran développe des robots humanoïdes dont la vocation est de devenir des robots compagnons de notre quotidien. Depuis 2008, la société créée en 2005 par Bruno Maisonnier dans les locaux de l’incubateur de l’ENSTA, commercialise le robot Nao pour le marché académique : cette plate-forme humanoïde est fournie avec un environnement de développement qui permet aux chercheurs et aux enseignants de mettre en œuvre leurs recherches ou de développer des outils pédagogiques adaptés à tous les niveaux. Mais le grand marché de la robotique de service, celui de la robotique personnelle, est à venir. Le robot humanoïde y a une place particulière à jouer : son apparence en fera naturellement le point d’entrée incontournable de la communication des membres du foyer avec tout le monde numérique (Internet, objets connectés, domotique…). En juin 2014, Aldebaran a présenté, avec son partenaire Softbank, le robot Pepper, un robot d’accueil du grand public dans les boutiques de Softbank. Engendrant 50 % d’augmentation du trafic dans les boutiques équipées du robot, cette expérience conforte l’idée que les consommateurs sont prêts à faire une place à de tels robots dans leur environnement quotidien. Mais pour bien profiter de cette place, les robots doivent s’adapter aux attentes de leurs utilisateurs et pour cela, savoir apprendre ce que l’on attend d’eux. 

Apprendre à connaître son utilisateur

Pour que notre robot domestique n’ait pas un comportement stéréotypé, il va devoir s’adapter à son utilisateur et la première chose qu’on attend de lui, c’est qu’il nous reconnaisse. Grâce à des techniques classique d’apprentissage basées sur des corpus d’images annotés, les robots sont aujourd’hui capables de reconnaître, en utilisant leur caméra, si la personne en face d’elle est un homme, une femme, un enfant et même d’estimer son âge. Ils peuvent même reconnaître une personne qu’ils ont déjà rencontrée et stocker au fur et à mesure de leurs rencontres les informations la concernant (son nom, ses goûts, ses habitudes …). Toutes ces connaissances permettront au robot de créer un lien plus intime avec son utilisateur et de lui proposer des services pertinents au bon moment (rappel de rendez-vous, proposition d’écoute d’une musique préférée, information sur des événements à venir …). Mais la connaissance que les robots devront avoir de nous ira plus loin. Les logiciels de traitement d’images, exploitant des corpus de visage exprimant différentes émotions, permettent de détecter si la personne sourit, semble triste, fatiguée … Des travaux de recherche en cours portent également sur la détection de ces émotions dans la voix de la personne qui parle au robot. En recoupant ces informations, le robot sera capable d’estimer l’état émotionnel de son utilisateur. Et pour avoir la bonne attitude, il devra avoir une représentation de son profil psychologique : comment réagir quand une personne semble en colère ? Le robot doit-il prendre un profil bas pour attendre que la tempête se calme ou doit-il simuler une hyper réactivité pour partager la colère de « son » humain ? Pour avoir la bonne réaction, le robot devra donc apprendre à connaître son interlocuteur et, par des techniques d’apprentissage par renforcement, trouver, petit à petit la bonne attitude à adopter.

Les robots d’Aldebaran : Nao humanoïde de 58 cm de haut vendu à plus de 7 000 exemplaires dans les instituts de recherche et d’enseignement tout autour du monde ; Pepper, 1,20 m, disponible auprès du public japonais avant l’été 2015 est prévu entre autres pour l’accueil de visiteurs dans les magasins ; Romeo 1,40 m, plate-forme de recherche sur les technologies et les usages.

Apprendre des tâches

Une fois que notre robot nous connaîtra bien et saura nous apporter une assistance cognitive adaptée à la situation, il pourra aussi nous assister dans nos tâches quotidiennes comme ranger des objets ou même faire la cuisine. La programmation de telles tâches via des langages informatiques est possible mais ne sera pas à la portée du plus grand nombre. Si l’utilisateur ne trouve pas, dans le catalogue des applications robotiques disponibles pour son robot, l’application dont il a besoin, il faudra qu’il puisse montrer au robot la tâche qu’il veut lui confier et que le robot puisse la comprendre suffisamment pour pouvoir la refaire tout seul, à la façon dont on peut créer des macros Excel en faisant la tâche une fois. Dans le cadre du projet RoboHow, la société Aldebaran travaille avec des laboratoires européens à doter un robot humanoïde de la capacité à apprendre à faire la cuisine. En allant chercher, et interpréter, des recettes sur Internet, le robot connaît les ingrédients et le processus nécessaire à la réalisation de pancakes mais les gestes techniques (battre les œufs, verser la pâte dans la poêle, retourner le pancake) doivent être enseignés au robot par l’exemple. Un cuisinier prend la main du robot et lui montre le bon geste et le robot retient non seulement le geste mais aussi le contexte de ce geste (il faut remuer le fouet dans le saladier où sont les ingrédients et verser la pâte au-dessus de la poêle). Ces techniques d’apprentissage vont révolutionner la façon dont nous programmons ces machines complexes que sont les robots et permettront au plus grand nombre de les utiliser de la façon la plus intuitive et la plus efficace possible. Mais même si les robots apprendront de plus en plus de choses de façon autonome, nous aurons toujours la responsabilité de ce que nous leur enseignons. A la différence d’un enfant devenu grand qui fait ce qu’il veut de l’éducation qu’il a reçue de ses parents, le robot ne fera toujours ce que son utilisateur lui a appris à faire.  

 

ROBOTICS DAYS
Le plan industrie Ile de France : robotiser pour ne pas délocaliser

Les 3 et 4 juin 2015 prochains, le centre des congrès d’Orly accueillera une convention d’affaires baptisée « ROBOTICS DAYS ». Subventionnée dans le cadre du Plan Industries Ile de France, il s’agit de la deuxième édition d’une conférence B2B tournée vers l’automatisation, la robotisation industrielle et de service et vers l’usine du futur. Bien loin du phénomène de mode, cette initiative témoigne de l’importance que prend le sujet du niveau national jusqu’à l’échelon régional. Un marché estimé à 100 milliards d’euros en 2020 par la Commission Européenne, multiplié par 30 en 10 ans, il faut dire que c’est parlant. Que ce soient aux niveaux européen, national ou régional, les initiatives pour soutenir la filière robotique se multiplient. Dans une approche multi-filières et multi-marchés, les « industries days » regrouperont à vrai dire 6 conventions d’affaires les 3 et 4 juin : Robotics days, Electronics Days, Embedded Days, Mechanics Days, Mechanotrics Days, Materials Days. Dans ces 6 domaines qui ne sont d’ailleurs pas cloisonnés, la région Ilede-France souhaite fertiliser ce qu’elle voit comme des leviers de croissance. L’organisation de cet événement professionnel est un outil parmi d’autres pour structurer la filière, soutenir les PMI de la région et développer l’export. Facteur clé de compétitivité et de maintien des sites industriels en France et en Europe, les Robotics Days ambitionnent de rassembler environ 800 participants.

Organiser une convention d’affaires rassemblant les acteurs de la filière industrielle robotique constitue un événement majeur qui remplit plusieurs objectifs :

• valoriser le tissu industriel, les capacités d’ingénierie et de production franciliennes, en complémentarité et en appui des projets d’innovation des pôles de compétitivité ;

• diffuser l’image de marque de l’industrie francilienne au plan national voire européen ;

• décloisonner les filières (automobile, aéronautique, etc...) en mobilisant des compétences transversales à l’ensemble des industries (électronique et systèmes embarqués, la mécanique, mécatronique, matériaux et robotique) ;

• associer les pôles de compétitivité de la Région.  

 

    
Rodolphe Gelin
Directeur de la recherche chez Aldebaran
 
Après une carrière de 20 ans au CEA, Rodolphe Gelin a rejoint la société Aldebaran Robotics fin 2008 pour s’occuper des projets de recherche collaborative et notamment du projet Romeo qui vise à développer un robot humanoïde d’assistance aux personnes âgées.
 

Auteur

Rodolphe Gelin

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