Retour au numéro
Le monde robotisé de Zig et Puce (Alain Saint Ogan)
Vue 33 fois
01 mars 2015

LES ROBOTS ENVAHISSENT L'INCONSCIENT

Qu’évoque spontanément le mot « robot » pour nous, et quelles sont nos références dans le domaine ? Les arts ont été féconds, à commencer par la littérature, le cinéma, la bande dessinée : des humanoïdes de « Zig et Puce au XXIe siècle » aux « exterminateurs » d’Enki Bilal, de HAL dans « 2001 l’odyssée de l’espace » à R2D2 de « la guerre des étoiles », beaucoup de figures ont rejoint notre imaginaire, probablement parce qu’elles y étaient déjà, prenant la place des dieux de l’antiquité.


Le robot de notre inconscient collectif était d’abord incapable de jugement, faculté proprement humaine. Cependant, lorsqu’en 1997 Deeper Blue a vaincu Gary Kasparov, champion du monde des échecs, une étape marquante a été franchie – même si ce résultat reste contesté ...

Il était aussi incapable de décision hors des « patterns » programmés et a fortiori de responsabilité. L’intelligence artificielle a cependant construit un fondement mathématique d’où ont été dérivés des mécanismes d’apprentissage permettant aux robots d’aborder des situations de plus en plus complexes. Ainsi, la grande majorité des prises de positions sur les marchés financiers sont effectuées par des robots, ce qui n’exclut pas une divergence collective majeure pire que celle de 1929.

Enfin, restait la barrière des sentiments. Nous voyons au rythme des inventions actuelles que les robots se mettent maintenant à les reproduire, comme le montre le film « Her » de 2014 ou les derniers robots domestiques conçus pour remplacer les animaux de compagnie.

Capables d’apprentissage et d’actions, les robots s’invitent aussi à l’intérieur de nos organismes, en nous poussant vers le trans-humanisme. L’homme augmenté, éternel, non sexué, est devenu le nouveau mythe, ou le nouveau repoussoir sous lequel s’abritent des déviations éthiques pernicieuses.

Nous vous présentons dans ce numéro des exemples d’utilisation de robots, désormais présents pour le meilleur comme pour le pire.

Sur le plan économique en effet, une étude récente du cabinet de conseil Roland Berger prédit la destruction de près de 3 millions d’emplois en France d’ici 2025 du fait de la numérisation de l’économie. Il en résulterait un taux de chômage de 18 %... Les armées, l’administration publique, la police, le bâtiment, l’industrie, le service aux entreprises et l’agriculture seraient particulièrement touchés.

Et pourtant, dans son rapport, Louis Gallois dénonçait le retard de la robotisation des industries françaises : « 34500 robots industriels, avec une moyenne d’âge élevée, sont en service en France, contre 62000 en Italie et 150 000 en Allemagne »: augmenter le taux de robotisation permettrait de renforcer la compétitivité, la fiabilité et la qualité de notre production industrielle et de limiter les délocalisations comme le souligne aussi une autre étude, du cabinet Metra Martech pour la Fédération internationale de robotique.

Mais inutile d’aller si loin pour nous rendre compte que nous avons sournoisement été robotisés par des influences bien actuelles.

Savons-nous entendre nos sentiments, les reconnaître et leur donner droit d’expression en nous.

Certains sentiments sont même interdits dans l’enfance ou dans le politiquement correct – la jalousie n’est-elle pas d’abord un sentiment ? – et pourtant... ils ne sont que des indicateurs qui nous informent que quelque chose se passe en nous. Savons-nous encore prendre des décisions responsables ? C’est la caractéristique d’un bon manager. Un prochain numéro de notre magazine traitera de cette question cruciale de la prise de décision. Il faut pour cela du courage, car le droit à l’erreur nous est de plus en plus dénié, principe de précaution oblige. Mais prendre ses responsabilités, c’est courir le risque de faire des erreurs et de les assumer.

Savons-nous discerner ce qui est bon pour nous et pour les autres dans nos réflexions, c’est-à-dire atteindre, au delà du raisonnement, ce qui tient de l’intime conviction. Nous avons besoin de temps et de silence pour entrer dans notre « dialogue intérieur », et délibérer, en conscience. Nos sociétés ont appris dans le sang que ce qui fausse le plus le jugement, c’est de considérer l’autre comme un objet et non comme une personne, mais la leçon est-elle toujours sue ?

Finalement, alors que les robots progressent vers une humanité simulée, il semblerait que les hommes perdent ce qui les constituait comme tels : sentiment, décision responsable, jugement. Les ingénieurs que nous sommes savent facilement extrapoler : quand le croisement des deux courbes se produira-t-il ?

Opposons-nous donc à la prédominance des robots en réaffirmant notre droit à l’erreur, notre besoin de temps et notre profondeur psychologique et spirituelle : Errare humanum est, et perseverare roboticum !

Auteur

Rédacteur en chef du magazine des ingénieurs de l'Armement.
Coach professionnel certifié et accrédité "master practitioner" par l'EMCC.
Fondateur de Blue Work Partners SAS qui propose :<br>
- Formation au leadership
- Coaching de dirigeants
- Accompagnement d'équipes projets
X84, ENSTA, coach certifié IFOD,
Auteur du guide de survie du chef de projet (Dunod 2017).
#coaching #grandsprogrammes #DSI #conseil #startup #leadesrhip
Voir les 54 Voir les autres publications de l’auteur(trice)

Articles liés par des tags

Commentaires

Aucun commentaire

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.