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la Vis aérienne du "génial" Léonard
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01 juin 2017

LA ROUE AU CARRE

En visitant le Clos Lucé voici quelque temps, sommé de m’extasier devant les dessins difficilement déchiffrables du génie florentin, j’ai été pris d’un affreux doute : et si Léonard – l’inventeur, pas le peintre – n’était qu’un affabulateur, à l’égo surdimensionné, proposant des inventions infaisables tous azimuts ?


Le char, l’avion et parachute, le sous-marin : il a tout inventé, mais rien ne fonctionne ! On trouve un facteur 10 à 100 d’erreur sur l’énergie, la résistance des matériaux, le frottement, la masse, la puissance musculaire...

Et pourtant, Léonard conserve à travers les siècles un pouvoir de fascination semblable à celui qu’il avait de son vivant sur ses mécènes successifs : en sa présence, tout semblait facile, évident, compréhensible sur maquette. Je ne suis pas loin de penser qu’il s’en persuadait lui-même, victime de sa propre force de conviction, comme ces personnes à l’égo surdimensionné que l'on croise parfois. Après quelque temps, l’illusion se dissipait en ayant englouti espoirs et argent, et le mécène se détournait. N’en est-il pas ainsi de la vis aérienne, possible ancêtre de l’hélicoptère, dont on peut trouver d’amusantes interprétations chez Nature & Découverte.

Base de nombre d’inventions, la roue fait toujours rêver. Il n’y a qu’à voir les collégiens faisant vibrer un hand spinner – dernier gadget à la mode – au bout de leur index. Il paraît que sentir « qu’il tourne » aide les hyperactifs à se concentrer. Autre rêve : voler ! Dans la conquête de l’air, la voilure tournante représente une sorte d’achèvement, une invention de la roue au carré si j’ose dire : le pas est commandé à l’aide de deux plateaux glissants, l’un donnant la consigne, l’autre lié au rotor et commandant à tout moment par ses biellettes l’incidence de la pale. Les mini-drones d’aujourd’hui possèdent un stabilisateur nettement plus simple qui s’apparente plutôt au régulateur à boules que l’on trouve par exemple dans nos vieux gramophones. Admirons donc les trésors d’ingéniosité qui ont permis de vaincre l’instabilité chronique des rotors.

Il fallait sans doute une dose de folie pour tenter de voler avec une simple roue. Même pour les fabricants, l’hélicoptère reste un objet si étonnant que l’on pouvait lire dans les usines de Sikorsky, « le bourdon ne sait pas qu’il ne peut pas voler, c’est pour cela qu’il vole ! »

Mais pour nous mêmes, ne menons-nous pas en permanence des projets impossibles ? Je ne parle pas de châteaux en Espagne ou pire, de moulins à voilure tournante ! Plutôt de simples projets qui par nature cachent dans le fameux triangle « coût performance délai » l’ambition de changer le monde ou l’une de ses parties, en tentant de faire une chose nouvelle que personne n’a jamais réalisée. N’y a-t-il pas dans nos rêves une ambition qui mériterait d’être traduite en projet ? Et si nous ne faisons rien d’ambitieux, pourquoi ?

A qui peut-on attribuer dès lors l’invention de l’hélicoptère ? A Eurocopter ? A François Legrand ? A Etienne Oehmichen, dont il est fait état dans ces pages, qui lui-même l’attribuait à Léonard de Vinci lequel s’appuyait sur Archimède. C’est une vis sans fin !

Auteur

Rédacteur en chef du magazine des ingénieurs de l'Armement.
Coach professionnel certifié et accrédité "master practitioner" par l'EMCC.
Fondateur de Blue Work Partners SAS qui propose :<br>
- Formation au leadership
- Coaching de dirigeants
- Accompagnement d'équipes projets
X84, ENSTA, coach certifié IFOD,
Auteur du guide de survie du chef de projet (Dunod 2017).
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