

SPORTIF, MILITAIRE ET CONNECTÉ…
UN BONHEUR POUR LE SPORTIF, UN MALHEUR POUR LE MILITAIRE
Les objets connectés nous observent à notre insu. Les applications sportives permettent de suivre à la trace les activités sportives des abonnés, qui peuvent enregistrer, se repérer mutuellement et comparer leurs performances. C’est donc à la fois un instrument de mesure personnel et une opportunité de participer à une communauté, toujours motivante pour se constituer des défis. Mais pas sans risque.
Un cas récent : l’Ile Longue
En décembre 2024, la presse a révélé que, via l’application Strava (mais il y en a d’autres…), des données précises des sportifs de l'île Longue, non protégées, stockées via un smartphone et transmises quand celui-ci est réactivé, ont permis de suivre l’activité des militaires, et donc potentiellement de donner des indications sur les patrouilles de SNLE. Ainsi, l’arrêt des exercices de sport sur des quais de l’Ile Longue peut indiquer un départ imminent en patrouille, et leur reprise le retour de patrouille.
La Marine nationale estime que la sécurité des activités opérationnelles de la base de l’Île-Longue n’est pas fondamentalement remise en cause. L’une des sources du journal parle d’une « situation problématique » mais pas d’un « risque majeur ».
Malgré de strictes mesures de sécurité, qui obligent à déposer les téléphones personnels à l’entrée, des militaires ont continué à utiliser des objets connectés, dont des montres. Pire, certains avaient des profils publics, sans pseudonyme, et ont donc pu être identifiés. Les joggeurs n’avaient sans doute pas réalisé que le sport est un moyen d’expression et de communication...
Des cas récurrents
Début 2018, les sportifs des Armées et même de la DGSE couraient avec leurs téléphones, en France ou en OPEX. Après de premières fuites rendues publiques montrant que les trajets sportifs dans ces zones sensibles étaient accessibles, le ministère des Armées a rappelé les règles de discrétion vis-à-vis des téléphones et des applications telles que Strava.
Les téléphones portables ont toujours été une source de renseignement, que ce soit pour nos propres forces ou pour les forces hostiles. Communications, images (il n’y a qu’à regarder sur pimeye.com pour s’en convaincre), recoupements… et le risque s’étend avec tous les objets connectés et le développement de l’IA !
Les précautions réglementaires
Le guide 2021 de la DICOD sur l’utilisation des réseaux sociaux par les militaires rappelle des règles strictes sous peine de sanctions : désactiver la géolocalisation des smartphones et des objets connectés au titre de la sécurité opérationnelle [SECOPS], et bien sûr "Il est interdit d’utiliser la géolocalisation (géotaggage) et l’identification (taggage nominatif) sur les photos publiées. Exemples : Strava, Nike Run Club, Adidas Running".
La loi de déontologie des fonctionnaires (2016) donnait déjà des règles claires : "La révélation ou la divulgation, par quelque moyen que ce soit, de toute information qui pourrait conduire, directement ou indirectement, à l'identification d'une personne comme membre des unités des forces spéciales désignées par arrêté du ministre de la défense ou des unités d'intervention spécialisées dans la lutte contre le terrorisme désignées par arrêté du ministre de l'intérieur est punie de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 € d'amende".
Le code de la défense indique, autre précaution, que le champ géographique d’une opération fait l’objet d'un arrêté interministériel non publié, enregistré dans un recueil spécial, dispensé de toute publication.
En cas de faute grave commise par un militaire, qu'il s'agisse d'un manquement à ses obligations professionnelles ou d'une infraction de droit commun, celui-ci peut être immédiatement suspendu de ses fonctions par l'autorité ayant pouvoir disciplinaire.
Il est vrai qu’il y a des moyens variés d’identifier et de localiser les agents de forces spéciales, et le cas particulier récent laisse supposer qu’il y en a d’autres… mais nous sommes ici dans un article sur le sport.
Augmenter les sanctions ou interdire le sport ?
Pour mieux faire respecter cette confidentialité, on peut imaginer une meilleure sensibilisation des agents, des contre-mesures (brouillage par saturation ou contre le GPS), l’interdiction des montres connectées et pourquoi pas la distribution dans les armées de montres sécurisées…
La dualité est omniprésente, puisque le point de départ est purement civil, et que le sport est une composante d’un très grand nombre d’activités et de politiques.
Au moins ça prouve que les militaires font du sport. Mais saura-t-on courir plus vite que la technologie ?
Aptitude sportive des militaires : testez-vous !
Les épreuves :
- Vameval : tenir une allure de 8,5 km/h augmentée de 0,5 km/h toutes les minutes
- Navette: allers-retours sur 20 mètres, à une vitesse de 9km/h augmentée de 0,5 km/h toutes les minutes
- Aisance aquatique : 100m nage commençant par 15m sous l’eau (le texte précise : en apnée !)
- Pompes (se terminant à 10cm du sol)
Le total exigé est de 31 pour les corps non combattants
*Le record du monde est de 46,4 secondes
Concours des écoles d’officiers (hors ingénieurs)
Concours Polytechnique (coefficient 5 pour les filières MP, PC et PT ; coefficient 2 pour la filière universitaire)
On notera que la note de 5/20 en natation est plus difficile à obtenir pour l’X

Se définit comme technocrate, donnant partout du pouvoir à la technique : R&D (d’abord navale), direction de programme et finances à la DGA, affaires industrielles au contrôle général des armées, expertises en lien avec la défense et le naval.
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