L’image : une armée sportive

Chez les candidats au recrutement, les armées ont une réputation sportive, qui fait partie de leurs attentes. La capacité physique des militaires est très souvent, et à juste titre, mise en avant. Les sportifs de haut niveau de la Défense ont cartonné aux JO, avec 13 médailles pour 54 participants. Les capacités physiques des militaires sont évidentes dans les unités du COS ; les marins-pompiers exécutent tous les jours le test de la planche, consistant en un rétablissement sur une planche située à 2,4 mètres du sol. On voit régulièrement courir des militaires, en enviant parfois leurs performances.

La réalité : des inégalités croissantes

Évaluée sur plusieurs critères, la condition physique des militaires est en baisse, comme celle de la population française. En ce sens, la différence entre l’élite et le commun des militaires fait le grand écart. Parmi les 88 sportifs de haut niveau, 21 ont effectué une journée de présence dans les unités. A côté d’une élite sportive, les capacités physiques de la base se dégradent : obésité, maladies associées au manque d’exercice. Les critères physiques exigés ont dû être abaissés, aussi bien à l’incorporation que pendant la carrière, et les inaptes OPEX sont nombreux.

Un volontarisme insuffisant ?

Quand l’armée est sportive, c’est le plus souvent le fait d’initiatives individuelles, plutôt que par un entraînement suscité par les entités : ce ne sont pas les armées qui sont sportives, mais les militaires ! Les instructions sur la condition physique qui demandent un test annuel (voir l’article "testez-vous") sont peu suivies, et la capacité minimale peu respectée. Le test annuel – respecté à 66 % – comporte 2 ou 4 épreuves en France, contre 11 en Allemagne. Ces dégradations ont des conséquences sur la santé, sur la résistance physique et morale, sur les blessures et leur réparation. Les spécialistes d’EPMS comptent pour 0,71% des effectifs militaires, exactement autant que l’effectif moyen en incapacité due au sport !

Dans les grandes écoles militaires, le niveau a baissé, les barèmes sont abaissés, le sport est une variable d’ajustement. A Saint-Cyr, il compte pour 15% des coefficients, mais 5,4% des heures d’instruction. C’est l’X qui met le plus l’accent sur le sport, seule école où sa part dans l’instruction dépasse le volume des coefficients de classement.

En résumé, les barèmes de recrutement sont abaissés, le niveau d’entrée comme de sortie des écoles baisse, la pratique sportive est peu organisée, le nombre d’inaptes croît, alors que les engagements opérationnels se durcissent. Les recommandations s’étendent à l’idée d’élargir le plan "Sport 2025" à la santé publique, par exemple via le SNU (service national universel).