

LES PLUS GRANDES COURSES À LA VOILE
QUELLE PLACE POUR LES SPORTIFS FRANÇAIS ?
Par sa façade maritime et son histoire, la France est le pays de la voile, en témoigne le Vendée Globe. Pourtant, l’univers des régates internationales est très riche : de la Coupe de l'America aux Jeux Olympiques, en passant par la Fastnet Race et la Sydney Hobart, les occasions de se confronter sont nombreuses et passionnantes. Et constituent des occasion de briller pour les marins français professionnels comme amateurs.
Les Jeux Olympiques
Ils comportent des régates sur plusieurs supports. En dériveur, on navigue sur le Laser, le 49er, le 470 mixte, et le catamaran Nacra 17 mixte. Les deux fois précédentes, il y avait en plus une série en Finn, et en 2012 à Londres, il y avait pour la dernière fois une série en Star, un quillard « culte » de 6,90 m à deux équipiers présent aux JO depuis 1932.
Aux trois derniers JO, la France a plutôt brillé par ses championnes : le bronze en 49er à Paris (plus précisément Marseille), en 470 à Tokyo puis à Rio. Nos meilleurs résultats depuis 20 ans sont en Chine en 2008 avec l’argent en Laser, le bronze en 470 et en Finn.
Le parcours classique d’un futur champion peut commencer dès 8 ans par exemple en optimist dans un club affilié à la Fédération Française de Voile entraînant les jeunes à la compétition. À partir de 12 ans, les supports évoluent vers le Laser, le catamaran ou la planche à voile, avec pour les meilleurs l’orientation vers les « Pôles Voile Olympique » notamment à Brest, La Rochelle, Marseille. Ensuite, c’est à l’École Nationale de Voile au Rohu, dans la presqu’île de Quiberon, que les meilleurs viendront s’entraîner.
La Coupe de l’America
Tous les 4 ans, cette fabuleuse régate se dispute en match racing entre le vainqueur de l’édition précédente (le Defender) et le vainqueur (le Challenger) de la régate préliminaire qu’est la Coupe Louis Vuitton. Caque équipage représente une nation.
Le bateau est un grand monocoque à foils de 75 pieds désigné AC 75 avec une jauge bien précise et un équipage de 8 marins. Les images de ces régates sont spectaculaires, notamment la vitesse très élevée sur des plans d’eau peu agités, et les virements de bord où il est essentiel de rester en vol sur les foils. Cela peut ressembler au pilotage d’un avion.
La jauge des bateaux de cette régate illustre bien l’évolution de l’architecture navale notamment depuis 1930 avec la jauge « Classe J » de 23 à 27 mètres, puis en 1958 avec les 12 mètres JI de 20 à 23 mètres. En 1992, une nouvelle jauge « America » est définie, en 2013 viennent les catamarans à ailes rigides, et depuis 2021 les monocoques AC 75.
La dernière America Cup de l’automne 2024 a vu s’affronter 5 nations dans la Coupe Louis Vuitton : États-Unis, Grande-Bretagne, Italie, Suisse, France. La Grande-Bretagne était le Challenger contre le Défender néo-zélandais qui finalement a conservé son titre. Le bateau français était dénommé Orient-Express, un projet constitué un peu tardivement mais bien décidé à disputer la prochaine coupe avec une base d'entraînement à Lorient.
L’aventure française avait commencé en 1970 sur le 12 m JI de Marcel Bich, puis dans les trois éditions suivantes sur France II et France III. En 1987, les Français sont présents sur French Kiss en Australie, et en 2007 à Valence sur le Class America sponsorisé par AREVA. Mais les vainqueurs sont souvent les États-Unis ou les Néo-Zélandais.
Orient-Express America Cup 2024
Les Grands Prix Sail GP
Les régates Sail GP sont similaires aux Grands Prix de Formule 1. Elles se déroulent sur une année de l’automne à l’été suivant dans une douzaine de villes internationales, dont Saint-Tropez pour la France, près de la côte pour que le public puisse voir la compétition.
Les bateaux sont des catamarans monotypes de 50 pieds à foils : spectacle assuré s’il y a beaucoup de vent !
Ces parcours de régate de très haut niveau ont débuté en 2019, avec une dizaine de nations en compétition. Les Australiens remportent les 3 premiers grands prix et l’Espagne la dernière édition 2023/2024, la France terminant 4ème sur 10.
La Fastnet Race
Passons maintenant aux régates en quillard où les équipages ne sont pas tous des professionnels. Ces régates se déroulent dans de nombreux ports, notamment en France, avec des régates d’entraînement d’hiver et des temps forts, par exemple le Spi Ouest France à La Trinité-sur-Mer, qui rassemble environ 400 bateaux le week-end de Pâques. Les bateaux sont des monotypes qui courent en temps réel ou des bateaux qui courent en temps compensé selon une jauge internationale dite IRC.
En Grande-Bretagne, la grande régate internationale qui a lieu tous les 2 ans est la Fastnet Race : départ de Cowes sur l’île de Wight pour aller virer le Fastnet Rock sur la côte sud-ouest de l’Irlande. Depuis 2021, l’arrivée est à Cherbourg après une navigation d'environ 700 milles. Parmi les 400 bateaux participants, il y a des Ultims, des IMOCA, des Ocean Fifty et des Class 40, mais la majeure partie des concurrents, soit environ 350 bateaux, est en Class IRC.
Dans cette classe très internationale, les Français ont été vainqueurs en 2013, 2015 et 2017 avec plusieurs bateaux dans le Top 10. En 2023, nous avions 2 bateaux dans les 10 premiers.
L’été 2025, cette course sera une des régates (avec également des triangles et des parcours côtiers) de l’Admiral’s Cup, course de très haut niveau depuis 1957, qui était en stand-by depuis 2003. C’est une compétition entre nations, chacune ayant 2 bateaux qui courent en IRC. La France a gagné en 1991, espérons que nous serons sur le podium l’été prochain !
La Course Sydney Hobart
C’est la régate la plus célèbre de l’Hémisphère Sud, qui a lieu chaque année depuis 1945 : départ le 26 décembre avec une arrivée à Hobart après 630 milles de navigation : un véritable sprint avec souvent des vents forts entre le continent et la Tasmanie.
Les bateaux sont des sloops monocoques de 30 à 100 pieds qui courent en temps compensé selon leur rating IRC avec une répartition en plusieurs groupes. Lors de la dernière édition à Noël dernier, il y avait une centaine de concurrents. Dans la classe IRC 3, c’est un équipage français qui a été premier sur 11 participants et 8e au classement général.
De nombreux ingénieurs de l’armement, notamment ceux passionnés par le monde maritime, pratiquent la voile et souvent participent à des régates comme moi-même en IRC 2 pendant plusieurs années à La Trinité. À un niveau plus élevé, Hervé Guillou a participé en 2019 à la Course Sydney-Hobart avec un équipage franco-australien sur un bateau de 69 pieds sponsorisé par Naval Group. Tous les bateaux participant à des régates médiatisées sont effectivement sponsorisés et on y retrouve des entreprises du monde de l'Armement. Un mot cependant pour la Marine Nationale qui recrute des sportifs de haut niveau en voile légère leur permettant d'être ainsi rémunérés pendant les années de préparation et de participation à des régates de haut niveau dont les Jeux Olympiques.
En espérant que nos marins français, champions des courses au large, monteront sur les podiums de ces prochaines régates !

Gilles L’Haridon, X74, a effectué la plus grande partie de sa carrière au sein de DCN actuellement Naval Group dans le domaine des sous-marins et de la maintenance, à Brest, Toulon, Indret et Paris. Après avoir dirigé le Service de Soutien de la Flotte à Brest, il évolue vers le secteur de l’énergie au sein du Groupe ENGIE dans le domaine de l’éolien offshore.
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