

AÉRO EXCELLENCE
RÉFÉRENTIEL D’UNE ADAPTATION PERMANENTE
Alors que la filière aéronautique et spatiale française retrouve ses niveaux d’activité d’avant-crise, les sous-traitants demeurent confrontés à des fragilités structurelles, des défis financiers et humains dans un contexte international sous tension. Pour faire face tout en continuant leur montée en cadence, les sous-traitants doivent maîtriser et optimiser leur performance industrielle : une question de survie. Pour les constructeurs, la robustesse de chaque maillon de la chaîne est la garantie d’assurer les livraisons attendues. En réponse, le GIFAS a construit un référentiel unique de maturité industrielle, Aero Excellence. Opérationnel depuis plus d’un an, il est utilisé par les grands donneurs d’ordre. Cette démarche unique de filière apporte une réponse concrète, collective et exigeante à leurs fournisseurs pour rester dans la course à la compétitivité afin d’être sélectionnés dans les programmes de demain.
Une reprise solide, mais encore fragile
Depuis plusieurs années, la filière aéronautique française montre une dynamique remarquable de rebond. Après la crise sanitaire, le chiffre d’affaires 2024 s’établit à 77,7 milliards d’euros*, au-dessus du niveau de 2019 et 90% des acteurs de la supply chain se portent bien. Pourtant, derrière ce rattrapage quantitatif se cache une autre réalité : celle d’un tissu de PME encore sous tension, que ce soit sur les plans de la trésorerie, de la montée en cadence, ou des compétences dans un contexte post-Covid et géopolitique incertain.
Nous le savons : les PME sont les maillons parfois très petits, mais totalement indispensables et souvent irremplaçables pour des questions de souveraineté. Elles fabriquent des pièces critiques dans des délais contraints tout en garantissant une qualité aux meilleurs standards. Pourtant, elles sont aussi les plus exposées aux aléas – inflation, coûts de l’énergie, difficultés de recrutement, tensions d’approvisionnement, droits de douane. Dans le même temps, elles doivent investir, innover et décarboner.
Un besoin d’outils partagés et de vision à long terme
En tant que présidente du Comité AERO-PME du GIFAS, qui rassemble 223 PME, je suis le témoin quotidien de ces difficultés, mais aussi de l’extraordinaire capacité d’adaptation de nos dirigeants. Leurs attentes sont claires : être accompagnés, évalués avec clarté, et disposer d’outils lisibles pour progresser.
Aero Excellence n’est pas un label de plus. C’est une méthodologie, un langage commun, une discipline collective, favorisant l’efficacité, la productivité et donc la compétitivité. Il repose sur quatre étapes : engagement, autoévaluation, audit externe, et labellisation (Bronze, Argent, Or). Les critères sont très concrets : ils couvrent l’excellence opérationnelle (efficacité des systèmes de production, gestion de la supply chain, qualité, sécurité), la cybersécurité et la performance environnementale. Bref, tout ce qui permet la robustesse d’un atelier, d’un site, d’une organisation.
Aero Excellence™ : un référentiel conçu pour toute la filière
Partagé par tous les donneurs d’ordre, il est conçu pour remplacer les évaluations redondantes qui épuisent les équipes. L’objectif est de donner du temps au traitement des sujets de fond plutôt qu’à des évaluations répétitives et souvent très similaires. Il est aussi adapté aux PME, avec des outils d’accompagnement, des formations, et la possibilité d’évoluer à son rythme. En intégrant Aero Excellence, une PME ne se contente pas de répondre à une exigence de plus : elle structure sa propre transformation pour préparer l’avenir dans l’objectif d’améliorer sa propre compétitivité..
Vers une dynamique collective et internationale
A ce jour, 113 entreprises sont déjà engagées et des premiers labels Bronze ont été attribués. Les retours sont très positifs : amélioration de la performance des entreprises, meilleure gestion interne, confiance des équipes. Mais surtout, Aero Excellence offre un cadre sécurisant dans une période d’incertitude. Il aide à définir des priorités, à allouer les ressources, à se comparer avec les autres et à progresser.
Aero Excellence en quelques chiffres
· 113 sociétés impliquées,
· 173 sites industriels intégrés dans la démarche,
· 58 entreprises évaluées,
· 12 entreprises labellisées niveau Bronze.
Ce qui me touche tout particulièrement, c’est la dynamique collective suscitée : petites et grandes entreprises parlent le même langage. Les PME restent pleinement actrices de leur propre transformation et bénéficient d’un vrai accompagnement.
Cette démarche prend désormais une dimension européenne avec la création de l’association Aero Excellence International, aux côtés de nos homologues allemands (BDLI) et britanniques (ADS). L’association échange avec d’autres pays pour étendre le périmètre. J’y vois la reconnaissance de la capacité de l’industrie européenne à proposer un standard opérationnel, rigoureux, mais également inclusif. C’est aussi une chance pour nos PME d’être reconnues et sélectionnées dans des programmes au-delà de nos frontières. D’ailleurs, des entreprises comme Airbus ou Safran ont déjà commencé à déployer la démarche dans leurs chaînes d’approvisionnement au Maroc, aux États-Unis, en Inde et même en Chine.
’’Nous construisons une chaîne d’approvisionnement plus robuste, unie et visible à l’international’’
Avancer ensemble et se réconcilier avec l’industrie
Je crois fermement que l’avenir de notre filière passe par des réponses collectives et à l’initiative de l’industrie. La compétitivité ne peut plus être uniquement l’affaire de marges ou de volumes. Elle repose aussi sur la qualité de l’organisation, la solidité des relations industrielles, l’engagement des femmes et des hommes. En ce sens, Aero Excellence joue le rôle de levier démultiplicateur. La démarche donne une méthode, une ambition, et surtout un chemin collectif.
‘’La démarche donne une méthode, une ambition, et surtout un chemin collectif’’
Pour les PME, ce chemin est exigeant, mais il est porteur de fierté. Car ce que nous construisons, au fil des évaluations, des échanges et des montées en compétences, c’est bien plus qu’un label. Ce sont des PME et ETI plus robustes, plus agiles, plus visibles et implicitement, c’est un message de réconciliation avec une industrie qui fait sens.
*Périmètre GIFAS (près de 500 entreprises)

Clémentine Gallet est présidente du Comité AERO-PME du GIFAS et PDG du Groupe Coriolis, qu’elle a fondé en 2002. Engagée en faveur de l’innovation industrielle et de la montée en compétences des PME, elle œuvre pour une filière aéronautique française plus agile, solidaire et compétitive
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