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La dernière séance solennelle annuelle de l’Académie, dans la salle des Illustres de la mairie de Toulouse, avant le début de la pandémie COVID
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16 octobre 2021

L’ACADÉMIE DE L’AIR ET DE L’ESPACE
LE THINK TANK EUROPÉEN DE L’AÉRONAUTIQUE ET DU SPATIAL

L’Académie de l’air et de l’espace a été fondée par André Turcat et Dominique Baudis en 1983, d’abord académie nationale, et depuis juin 2006 académie européenne. Dès le départ, ses fondateurs avaient bien réalisé que la promotion et le développement de l’aéronautique et de l’espace devaient s’appuyer non seulement sur la recherche, la technique et l’industrie, mais aussi sur les organisations, les réglementations et les cultures, avec leurs structures nationales et internationales et la stratégie des autres secteurs.


Leurs successeurs ont aussi rapidement intégré que ce domaine avait une cohérence européenne essentielle, plus encore que seulement française, et que l’Académie devrait obligatoirement s’ouvrir à l’Europe, dans tous ses multiples aspects. Les missions et l’organisation actuelle de l’Académie en découlent donc : tenir le rôle de think tank européen avec une mission de réflexion et de proposition de recommandations pour la promotion et le développement général et harmonieux de l’aéronautique et de l’espace, tenant compte de l’environnement stratégique et politique international. 

L’organisation de l’Académie de l’air et de l’espace

Par rapport à d’autres associations en général plus axées sur la technique et les programmes, l’AAE a une mission de réflexion multidisciplinaire. Ces réflexions touchent à la fois les aspects recherche, technique et industrie, présence et activité humaines, droit-sociologie-économie, et histoire-lettres-arts. Ces cinq aspects correspondent aux cinq sections de son organisation.

Pour une meilleure fluidité des relations internes, un autre axe de l’organisation, par commissions cette fois, s’attache aux différents domaines aérospatiaux appréhendés : aéronautique civile, défense, espace, actions internationales, éducation-formation, prix et médailles et, plus récemment, énergie et environnement.

Deux académiciens anciennement concurrents en pleine discussion : Philippe Couillard, ancien président et CEO d’EADS Launch Vehicles et Jean-Claude Hironde, ancien directeur général technique adjoint de Dassault Aviation.

Chaque section comporte entre 15 et 30 membres titulaires. Le nombre total en fonction des années est donc de l’ordre de 100, auxquels s’ajoutent la centaine de correspondants qui se préparent à devenir titulaires et la centaine de membres honoraires qui ont dépassé 75 ans. La force de réflexion et d’activité est ainsi de l’ordre de 300 personnes.

Autre différence par rapport à la plupart des autres associations aérospatiales, le recrutement se fait par élection à deux niveaux, sections et assemblée générale, tenant compte des critères principaux nécessaires pour satisfaire les missions de l’Académie : renommée et influence, qualités et expériences techniques juridiques ou opérationnelles, représentativité des domaines et des origines, nationalités… A noter cependant que, en raison du passage encore trop récent de l’Académie à sa position européenne, les membres non français ne sont pas encore tout à fait aussi nombreux que leurs collègues français, mais sont plus représentés dans les groupes de travail.

Enfin, le président de l’Académie est élu tous les deux ans pour deux ans renouvelables une fois. Il est choisi parmi ses quatre vice-présidents, eux-mêmes élus pour trois ans, renouvelables une fois pour deux ans. Aujourd’hui, le président est Michel Wachenheim, ancien directeur général de l’aviation civile française. Ces procédures permettent une adaptation permanente aux besoins d’efficacité de l’Académie, chaque président et vice-président successifs apportant leurs idées et leurs personnalités.

Les activités de l’Académie

Comme la plupart de ces associations, ou think tanks, l’Académie organise des colloques et des forums sur les sujets de réflexion en cours : soit pour aider à ces réflexions, soit pour informer les décideurs impliqués des résultats de ces réflexions. L’Académie publie les résultats de ces réflexions et ses recommandations dans des « avis » de 4 à 10 pages ou dans des « dossiers » de 40 à 80 pages. En général, un colloque et deux forums se tiennent par an, et l’Académie publie en moyenne un avis et trois dossiers par an.

Les choix des sujets de réflexions, de colloques, de forums, d’avis et de dossiers se font de manière interne en fonction des problèmes sensibles qui apparaissent ou qui se manifestent plus fortement. Outre les contacts et communications personnelles entre les membres, pour la plupart reconnus dans le domaine, et les divers décideurs, les colloques, forums et publications permettent des liens plus étroits entre eux, à la fois pendant ces réflexions et après, lorsque les recommandations sont formulées et expliquées, afin que ces décideurs aient l’occasion d’en tenir compte éventuellement. 

L’AAE publie régulièrement des avis sur des grands enjeux du moment

Quelques exemples d’avis et de dossiers

Dossier de 2010 : Une stratégie à long terme pour les lanceurs spatiaux européens. 

Ce dossier a montré une analyse détaillée des besoins en lanceurs après Ariane 5. Malgré un désaccord avec des Français de haute responsabilité, qui poussaient à un nouveau lanceur solide, le dossier de l’AAE, rédigé de manière européenne a conduit à recommander un lanceur liquide avancé, qui est actuellement la base d’Ariane 6.

Avis du 16 mai 2011 : L’Eruption du volcan Eyjafjöll d’avril 2010.

Au bout de quelques mois d’observation des conséquences européennes de l’éruption de ce volcan islandais, l’AAE a très rapidement pris la décision d’analyser les raisons des décisions discutables qui ont été prises par les pays européens, en particulier : au plan technique, les effets réels du nuage de cendres sur les moteurs, les risques encourus, les aspects réglementaires et juridiques, les moyens à mettre en œuvre et la remise à plat des futures décisions à prendre par les vrais responsables. Le résultat des réflexions et un avis ont été présentés en détail en Juin au directeur général de l’aviation civile français, qui devait donner la position de la France à la réunion de l’OACI dédiée au sujet au mois de septembre 2011 suivant.

La décision de l’OACI a suivi précisément les recommandations de l’AAE.

Avis de novembre 2013 : Recommandations pour éviter un déclassement stratégique de l’Europe dans le domaine de l’aviation de combat.

Après un colloque organisé par l’AAE à l’Ecole Militaire le 16 mai 2013, où, de manière équilibrée entre FR, GE, IT, UK avec SP et SW, les responsables des aviations de combat (Chefs d’EMAA, Directeurs des achats de défense, PDG des sociétés principales, responsables politiques et think tanks) se sont exprimés sur les besoins européens d’un nouvel avion de combat et l’AAE a publié un avis de synthèse sur le sujet avec des recommandations sur l’analyse des besoins, des technologies à développer et les développements à démarrer sur les avions de combat et les drones. 

Le Conseil Européen a décidé le démarrage du développement du drone en décembre 2013, et celui du SCAF en décembre 2014. 

Avis récents, en cours de distribution et de discussion avec la communauté aéronautique :

préparer une aviation verteseptembre 2020, rédigé en commun avec la DGLR allemande ;

transport aérien en crise et défi climatique, Juin 2021, synthèse du colloque organisé par l’AAE les 11 et 12 mars 2021.

Ces avis illustrent le démarrage de la nouvelle commission de l’Académie : Énergie et environnement.

 

    
Claude Roche
Après un doctorat d’Etat en intelligence artificielle en 1972, il prend en charge l’activité au LCA, puis devient directeur de programme HELIOS. Il rejoint ensuite l’industrie (THOMSON-CSF) puis Matra et Airbus Defense & Space.
 

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