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12 octobre 2021

COEUR DE MÉTIER DES IA À LA DGA
L’INGÉNIERIE SYSTÈME

Interview de Jean-Philippe Masson, Sous-directeur de l’ingénierie de DGA/IP.

L'ingénierie système est devenue un coeur de métier pour les ingénieurs de la DGA.


La CAIA : Comment s’est structurée l’ingénierie système ces dernières années à la DGA ?

Jean-Philippe Masson : L’ingénierie système n’est pas un sujet nouveau pour la DGA. Mais elle a connu des développements récents avec une feuille de route signée du Délégué en 2018, qui prévoyait trois phases pour son développement. Eric Esteve, IGA, a été chargé de mettre en place les premiers outils et de les expérimenter. Cela a donné lieu à la création d’une formation particulière à l’ENSTA, baptisée formation avancée à l’ingénierie système ou FAIS. La deuxième phase, de 2018 à 2020, fut celle de la généralisation de ces outils à l’ensemble des programmes, en parallèle de la refonte et la simplification de l’instruction sur le déroulement des opérations d’armement, la « 1618 ».

Nous sommes depuis cette année en pérennisation de notre démarche d’ingénierie système.

La CAIA : Concrètement, cela prend quelle forme ?

J-P M : Dans la conduite des programmes, nous avons un travail d’ingénierie des exigences, et de déclinaison des exigences de niveau système vers les sous-systèmes et niveaux plus détaillés à l’aide de l’outil DOORS. Ensuite nous avons une modélisation des architectures, des interfaces, et des scénarios d’utilisation dans l’outil MEGA. Enfin nous avons une logique de traçabilité lors de la remontée du cycle en « V », à l’aide d’outils centralisés, Testlink qui permet de gérer les campagnes de tests et Mantis, outil de gestion des faits techniques. Ces outils sont partagés entre les différents partenaires, DGA, industriels, forces. Ces pratiques existent depuis longtemps à la DGA, mais aujourd’hui toutes ces démarches sont traitées dans des outils collaboratifs.

Nos architectes, qui ont le rôle de spécifier et de réceptionner les systèmes de défense, organisent pour cela la traçabilité amont/aval.

La CAIA : Le système n’est-il pas parfois trop lourd ?

J-P M : Nous essayons de revenir au niveau des besoins correspondant à l’envergure de chaque opération. Pour autant que cela puisse se faire, nous avançons sans dogme et avec le plus de souplesse possible. Les décisions d’utiliser tel ou tel outil, et le niveau de détail, sont prises en équipe, DGA, industriels et forces, dans le cadre de l’instruction 1618. L’équipe technique a la main, mais c’est une décision collective.

La CAIA : Quelle formation pour les jeunes ingénieurs de l’armement ?

J-P M : Chaque année, 20 à 30 ingénieurs de la DGA suivent la formation FAIS. Celle-ci est adaptée chaque année pour mieux répondre aux besoins. L’objectif est que les ingénieurs soient en mesure de partager les données d’ingénierie telles que les modélisations d’architectures avec leurs équipes, et même si la production s’écarte un peu des standards normatifs, mais que le partage d’informations est effectif, on a gagné ! Dans les centres techniques de la DGA, il existe aussi des personnels affiliés à l’AFIS et à l’INCOSE qui nous tiennent au courant des principales avancées.

La CAIA : Quelles sont les prochaines étapes ?

J-P M : Pour aller plus loin, nous avons établi en 2021 un scoring sur la prise en compte de l’ingénierie système dans tous les programmes d’armement passant en CMI(1). Une vingtaine ont déjà été évalués.

La démarche d’ingénierie système se déploie aujourd’hui avec un enjeu de maitrise supplémentaire en raison du développement des systèmes de systèmes. C’est un mouvement global, car les projets sont aujourd’hui de plus en plus tentaculaires. Si l’on pense au SCAF(2), il ne s’agit plus d’un avion mais d’un ensemble de moyens connectés. Il en est de même pour le MGCS(3). Nos ingénieurs ont tout intérêt à intégrer cette compétence, qui constitue une langue commune pour réaliser des grands systèmes complexes militaires comme civils. 

Propos recueillis par Jérôme de Dinechin

1 : Comité Ministériel d’Investissement

2 : Système de Combat Aérien Futur

3 : Main Ground Combat System

 

Auteurs

Jean-Philippe Masson
Rédacteur en chef du magazine des ingénieurs de l'Armement.
Coach professionnel certifié et accrédité "master practitioner" par l'EMCC.
Fondateur de Blue Work Partners SAS qui propose :<br>
- Formation au leadership
- Coaching de dirigeants
- Accompagnement d'équipes projets
X84, ENSTA, coach certifié IFOD,
Auteur du guide de survie du chef de projet (Dunod 2017).
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