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18 octobre 2021

LA PHOTONIQUE, UNE TECHNOLOGIE POUR LE XXIè SIÈCLE
LA SFO AU CŒUR DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE DE L’OPTIQUEPHOTONIQUE (SFO)

La Société Française d’Optique se trouve au cœur de la communauté française de l’Optique et interagit avec l’ensemble de cette communauté, depuis les activités de recherche fondamentale dans les laboratoires, jusqu’au secteur industriel : tissu des PME/PMI et Grands Groupes. La SFO a pour objectif de fédérer et animer ce réseau à très large spectre.

En tant que Société Savante, la SFO est le point focal entre la communauté académique et le milieu industriel, légitimité largement reconnue et qu’elle souhaite encore amplifier pour intervenir comme un des leviers de l’innovation. 


L’optique-photonique constitue un domaine très innovant, offrant des perspectives nouvelles à haute cadence. Un des objectifs de la SFO est de faire apparaître l’optique-photonique aux multiples composantes, comme un domaine structuré, ayant pour vocation d’assurer la diffusion et le rayonnement d’activités de qualité.

Les atouts du secteur de l’optique-photonique en France

Avant tout l’existence et la pérennité d’une communauté scientifique et académique au meilleur niveau international : compétences scientifiques et techniques, esprit d’innovation… C’est un héritage historique, tant les opticiens français ont largement contribué par le passé au développement de cette science.

Le tissu des PMI/PME, dans lesquelles les startups sont incluses, montre créativité et réactivité pour transformer rapidement et efficacement les avancées scientifiques en applications. En tant qu’ancien du secteur public, je crois pouvoir dire que la France est très bien placée internationalement pour la mise en place d’outils de soutien à la création de « jeunes pousses » pour assurer leur croissance.

Notre base industrielle enfin constitue un atout majeur : elle est solide et s’appuie sur des groupes puissants, reconnus à l’international, disposant d’une capacité d’intégration de très haut niveau et d’une excellente crédibilité à l’export.

Quelques moyens d’action de la SFO

 

• Organisation et tenue d’évènements tels que col- loques, journées et écoles thématiques (ici avec Prof. Gérard MOUROU, prix Nobel),
• Publications et diffusion dans la communauté des informations (ici revue PHOTONIQUES sur les Capteurs biochimiques) et organisation de prix scientifiques de haut niveau,
• Interaction permanente avec le tissu des Sociétés Savantes, françaises et internationales, les ministères (MESRI)...
 

Accélérer le développement et le déploiement de nouvelles technologies photoniques

La SFO est bien placée pour évaluer l’efficacité des relais de l’innovation : beaucoup de pépites existent, qui résultent des recherches de laboratoires et des activités de R&D dans le secteur industriel. Elles ont parfois du mal à être prises en compte, la plupart du temps par manque de relais efficaces : en version « bottom-up », difficultés pour identifier les canaux pour « faire savoir » et intéresser les utilisateurs potentiels ; en version « top-down », difficultés à appréhender les expressions de besoins du côté des « développeurs ».

Des outils ont été mis en place pour essayer de combler ces lacunes (« montée en TRL », ANR, DGE, SATT …) et faire mûrir ces pépites. Reste que les règles de fonctionnement au quotidien de ces outils sont parfois difficiles à prendre en compte dans une R&D innovante, donc difficile à prévoir, techniquement et financièrement. Dans cette perspective, il apparaît clairement que les outils de soutien, par projet et récurrents, ont logiquement leur place dans le paysage. 

Comme déjà évoqué, ce sont les niveaux intermédiaires qui « souffrent » le plus : beaucoup d’innovation certes, mais peu de relais très efficaces, en tout cas moins que dans d’autres pays (All, UK …). Cet état de fait conduit à ce qu’on appelle en France la « vallée de la mort » : quoi et comment faire, après la fin des aides étatiques, pour intégrer efficacement le milieu concurrentiel ? A ce niveau, les aventures sont plutôt individuelles, chacun essayant d’exploiter ses compétences, sa compréhension des situations économiques et utilisant ses propres outils. C’est souvent un parcours du combattant : il y a des « success-stories » … mais aussi des échecs.

Ce créneau intermédiaire doit être « travaillé ». Un bilan de situation initial permettrait d’expliciter auprès des différents interlocuteurs les contraintes inhérentes à la R&D, telles que :

-  La nécessité de flux financiers importants pour R&D

-  Durée des cycles de développement qui fragilisent les PME

-  Faiblesse potentielle des volumes de production pour certaines applications (e.g. Défense)

L’émergence dans les grandes structures de soutien de programmations spécifiques aurait l’avantage de rendre visible la photonique comme une technologie à part entière, au même titre que l’électronique, de faciliter sa reconnaissance et donc la prise en compte de ses besoins spécifiques. Malgré plusieurs tentatives en ce sens, la promotion de cette ligne est restée à ce jour sans succès.

Quelques grands domaines émergents de recherches

L’optique-photonique est une activité extrêmement riche, avec des axes de recherches et développements très nombreux. Quelques exemples :

En à peine 20 ans, les idées de physique fondamentale (refroidissement, intrication…) se sont concrétisées par des projets applicatifs aux retombées sociétales importantes : capteurs, calcul quantique, cryptographie … Un cycle assez rare de développement rapide. La France a lancé plusieurs initiatives dans ce domaine et l’Europe soutient le projet « Quantum Flagship ».

Les « freeforms » : un changement de paradigme intervient sous nos yeux. On ne fera jamais plus l’optique instrumentale « comme avant » ! La technologie et les moyens de calcul permettent de concevoir des composants aux formes impensables il y encore quelques années rendant possible la conception de systèmes compacts, légers et permettant d’investiguer de nouvelles possibilités

Et aussi les nanotechnologies, les fibres … ! 

Piège à atomes froids sur puce

 

Les apports de la SFO aux activités de la DGA

Fort des constats précédents, la SFO pourrait contribuer à fluidifier le process en contribuant à la détection des pépites et en rapprochant les parties prenantes ; on peut avancer quelques pistes sur lesquelles un échange plus structurant pourrait être engagé :

-  Réduire les cycles de validation et d’acquisition par mise en contact rapide entre développeurs et décideurs pour optimiser la R&D vers des objectifs plus ciblés et des cycles raccourcis. C’est néanmoins une tâche ardue car tous les projets ne partent pas du même TRL, ni ne visent les mêmes niveaux en fin de cycle. Reste qu’on a tous en tête des exemples de technologies moins « léchées » que des solutions françaises concurrentes, mais néanmoins adoptées in fine. -  Poursuivre une initiative en cours, la création et l’organisation d’une filière photonique globale, des laboratoires académiques aux Grands Groupes, avec proposition d’un ensemble de service variés et efficaces.

-  Surveiller la protection de la propriété intellectuelle (PI) : éviter de créer des « viviers de bonnes idées » non protégés, voire complètement ouverts, dans lesquels « certains » pourraient piocher allègrement. 

En conclusion : un relais de l’innovation

A l’international, l’avance technologique acquise par les US est significative ; la montée en puissance de la Chine sur les technologies de défense et sécurité est impressionnante. Plus nous serons efficaces dans notre organisation du soutien et plus nous aurons d’atouts à faire valoir pour aborder le business dans le paysage international. Il faut donc trouver ces relais de l’innovation pour pouvoir jouer dans la cour des grands, voire occuper la « pole position » dans certains secteurs d’activités d’excellence.

Des ruptures potentielles sociétales fortes sont à prévoir grâce à la photonique : médecine, télécommunications, industrie automobile, lutte antiterroriste et sécurité des populations, Défense … Servir de relais de l’innovation et de la maturation des pépites résultant des recherches de laboratoires et des activités de R&D dans le secteur industriel, c’est le créneau et le crédo de la SFO. 

 

      
Philippe Adam
Philippe ADAM a fait toute sa carrière à la DGA. Initialement, au Centre d’Etudes du Bouchet, il a créé un laboratoire d’optique-photonique dans le but d’investiguer ces technologies dans le cadre de la défense biologique et chimique. Il a ensuite rejoint la MRIS (mission pour la recherche et l’innovation scientifique) pour promouvoir l’innovation en optronique. Il a été expert OTAN. En 2002, il a reçu le prix IGA Chanson.
 

Auteur

Philippe Adam

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