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01 juin 2021

LA COOPERATION EUROPENNE
DANS L'AERONAUTIQUE

Comme tous les deux ans, pendant une semaine au mois de juin, l’aéronautique occupe l’espace médiatique. C’est l’occasion pour toute notre communauté de se retrouver, avec les « aéros » qui montent sur scène, et les autres qui en profitent pour mettre à jour leur culture générale aéronautique. Mais cette année, pas de « Bourget » ! Nous avons voulu suppléer l’annulation du Salon International Aéronautique et de l’Espace avec ce magazine ; et voyons-y l’énorme avantage d’éviter le RER, les files d’attentes, les coups de soleil et les ampoules aux pieds.


Pourquoi la coopération européenne ?

Les premières coopérations voient le jour dès les années 60, tant du côté civil (Concorde, Airbus A300) que militaire (Jaguar, Atlantique...), avec à chaque fois un rôle de catalyseur des Etats. Côté civil, c’était une nécessité de s’associer pour survivre face à la concurrence américaine, et la société Airbus est maintenant devenue un symbole de modèle européen.

Côté défense, la coopération est maintenant quasi systématiquement recherchée. On compte de vraies réussites, mais aussi des coopérations difficiles et un grand nombre de projets avortés. Chaque nouvelle coopération est l’occasion de redécouvrir l’organisation étatique et politique de nos partenaires, leur processus de décision, leur industrie, et bien sûr la façon de travailler au jour le jour avec des personnes de cultures différentes. L’alignement des planètes indispensable à chaque réussite demande une volonté politique forte dans la durée. Pour favoriser la mise en place d’une véritable industrie de défense à l’échelle communautaire, la Commission Européenne a décidé de mettre en place des financements pour favoriser les projets en coopération.

Nous avons voulu éclairer ces différents aspects avec un tour d’horizon des processus mis en place ainsi que quelques grands programmes, au travers du retour d’expérience de certains de nos collègues, et en insistant sur les aspects humains.

L’actualité : focus sur le SCAF

Le « Bourget » aurait pu être l’occasion d’annonces importantes sur des programmes en coopération, précédées dans l’ombre d’âpres négociations sur chaque élément de langage. Ce ne sera pas le cas cette année, et nous n’avons en aucun cas la prétention de révéler de scoop. A l’heure où nous bouclons ce magazine, certaines décisions importantes restent attendues, en particulier sur le MALE européen et le SCAF.

Nous avons malgré tout pris le parti de vous présenter le SCAF avec ses perspectives du moment. Il est actuellement prévu une phase de levée de risques technologiques dans la décennie en cours, allant jusqu’à la mise en vol d’un démonstrateur de nouvel avion de combat à l’horizon 2027. Une fois les technologies et les concepts choisis, le développement serait lancé pour une mise en service au début des années 2040. Ce projet structurant pour la filière, comme l’est le Rafale depuis une trentaine d’années, devrait tirer l’ensemble les technologies vers le haut et faire évoluer en profondeur l’ensemble de notre industrie, nos méthodes et nos moyens d’essais. Quelles que soient les décisions qui seront prises à l’été, les éclairages remontés ici par une grande partie des acteurs de ce projet vous permettront d’en saisir les principaux enjeux.

L’actualité aéronautique, ce n’est pas que les grands programmes d’engins volants

Bien sûr, l’actualité du milieu aéronautique c’est aussi la crise sanitaire, qui a très fortement impacté notre domaine dual ; nous reviendrons sur les aides que l’Etat et la filière aéronautique ont mises en place. Mais c’est aussi le Brexit, les taxis volants pour les J.O. de Paris 2024, et bon nombre de sujets bien moins visibles mais tout aussi indispensables : la mise en place du ciel unique européen, la sécurité dans les aéroports, la certification et les enquêtes accident...

Nous vous proposons un petit tour d’horizon pour illustrer la richesse et la diversité du domaine, cela devrait aussi vous rassurer lorsque vous (re)voyagerez !

Le « Bourget », c’est aussi l’occasion de faire des rencontres

Ce qui va le plus manquer cette année, c’est bien sûr l’occasion de pouvoir admirer (et écouter) les aéronefs en vol, mais surtout de faire des rencontres inattendues en se perdant dans les allées ; cela nous tenait à cœur. A défaut, nous vous proposons dans ces quelques pages de découvrir ou redécouvrir des facettes de l’aviation moins connues, à travers des personnes passionnées qui, je l’espère, vous permettront de mieux connaître le milieu et l’envers du décor. Des passionnés qui susciteront chez vous l’envie de faire un baptême de l’air dans le silence d’une montgolfière ou les sensations fortes d’un avion de voltige, et provoqueront peut-être des vocations. Le but est bien de démystifier le milieu, qui est accessible à tous : pour preuve, même les pilotes y arrivent !

Nous avons souhaité donner la parole à un large panel d’acteurs référents du domaine, tous animés par la même passion de l’aéronautique, pour que vous puissiez par vous-même vous faire une idée des principaux enjeux du moment, et in fine briller au bar de l’escadrille. J’espère que vous prendrez autant de plaisir à parcourir ce numéro que nous en avons connu pour le préparer.

 

Auteur

Après une première partie de carrière au centre d'essais en vol comme ingénieur d'essais sur Mirage 2000 et chef de division, il rejoint Balard pour s'occuper d'aéronefs de combat, d'abord dans l'encadrement technique puis en tant qu'adjoint au DUM ACE, en charge des feuilles de route et des études amont. Il est actuellement chef du bureau industrie aéronautique au service des affaires industrielles et de l'intelligence économique. Voir l'autre publication de l'auteur

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