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11 octobre 2015

UNE NOUVELLE GOUVERNANCE POUR UN MCO AÉRONAUTIQUE PLUS PERFORMANT

Publié par Guy Girier, GCAA | N° 107 - Profession décideur

Le 6 mai 2014, le Ministre de la défense décidait la mise en place d’une nouvelle gouvernance pour le Maintien en condition opérationnelle (MCO) aéronautique. S’appuyant sur le principe de cohérence de milieu, cette évolution des responsabilités vise à améliorer la performance du MCO aéronautique dans un contexte critique de maîtrise des coûts alors que les forces cherchent à restaurer le niveau d’activité dont elles ont besoin pour générer et entretenir les compétences et tenir les contrats opérationnels qui leur sont confiés. Le niveau d’engagement actuel, au-delà des contrats prévus par le Livre blanc de la défense et de la sécurité nationale en cours, renchérit l’enjeu pour le Ministère de la défense. 


Un enjeu : améliorer les processus du MCO pour restaurer des marges de manœuvre au profit des forces

Dans ce contexte, l’évolution de la gouvernance du MCO aéronautique est une véritable opportunité par l’impact de simplification et de clarification qu’elle a entraîné.
Organisée sur la cohérence du milieu aéronautique, elle permet la contractualisation du soutien des systèmes d’armes en prenant en compte les besoins d’activité des forces et l’ensemble des interactions des systèmes d’armes avec leur environnement. Elle permet par ailleurs une approche globale sur les caractéristiques techniques et industrielles des systèmes indépendamment de l’affectation du 
système d’armes à telle ou telle armée. Ainsi, il n’existe pas de contrat Rafale marine et un autre contrat Rafale air (respectivement pour le NH 90 entre l’Armée de terre et la Marine, ou le TBM 700 entre l’Armée de l’air et l’Armée de terre), mais une démarche contractuelle commune qui tient compte des conditions respectives d’emploi et qui exploite la pleine caractéristique de la construction technique et industrielle du programme.

De même, le soutien du Rafale se décrit sur un périmètre très différent de celui du programme d’armement.
En effet, pour optimiser les coûts, les contrats de soutien exploitent la réalité des métiers industriels pour optimiser leur activité sur des périmètres plus globaux. Ainsi, le Rafale est 
soutenu par le contrat Rafale Care, spécifique pour la cellule, et par les contrats MOREAT et SILOUET, qui sont globalisés avec d’autres flottes pour les équipements.

Le renforcement de la cohérence est obtenu également par le rapprochement des chaînes de commandement et des chaînes fonctionnelles du MCO aéronautique. Le CEMAA a reçu délégation du CEMA pour coordonner avec les autres chefs d’états-majors la politique du MCO au travers de sa déclinaison en objectifs et en plans d’actions. Il dispose d’un secrétariat permanent interarmées pour assumer cette responsabilité. De fait, un contrat unique de gestion est confié à la maîtrise d’ouvrage déléguée qu’est la SIMMAD pour piloter la politique de soutien des matériels aéronautiques du Ministère de la défense. Ce document se substitue à plus de 4 contrats établis précédemment avec chacun des donneurs d’ordre. La concertation interarmées qui en découle ouvre l’opportunité de la convergence interarmées des procédures et des organisations, alors que le rôle de la SIMMAD se trouve renforcé en tant qu’intégrateur du MCO aéronautique.

Les moteurs du Caracal soumis à rude épreuve en opérations

Un impact immédiat jusque sur les théâtres d’opérations

La réactivité obtenue s’avère déterminante pour lever les difficultés rencontrées par les forces dans le cadre de la réalisation des contrats opérationnels.

Le plan d’actions hélicoptère illustre parfaitement l’impact sur le terrain de cette transformation. Dans un contexte de très fort engagement sur les théâtres d’opérations extérieurs, alors que la très grande diversité des moyens de la composante aéromobile et une grande dispersion de l’âge de ses flottes pesait fortement sur la disponibilité, le CEMA a demandé la mise en place d’un plan d’action ambitieux pour garantir le niveau d’engagement et l’aptitude à durer sur les théâtres d’opérations. La nouvelle chaîne de gouvernance du MCO a pu apporter un support immédiat au groupe de travail EMA - DGA en charge de l’analyse et de la définition des plans d’actions. Avec l’appui du secrétariat permanent du MCO aéronautique, la SIMMAD s’est organisée de manière autonome pour décliner en actions très concrètes les orientations retenues. Ainsi, en interne de la structure, un groupe d’expert a été désigné pour coordonner les actions et s’assurer de leur mise en œuvre au travers d’un plateau d’amélioration de la disponibilité rapportée aux hélicoptères (Padreh). Au bilan, la disponibilité sur les théâtres d’opérations a été augmentée et les actions d’effort « surge » assurées.

Parallèlement, la reverse logistique a pu être réorganisée. Il s’agissait de dynamiser le retour des pièces en panne des théâtres d’opérations. Inspiré de l’appel des pièces vers le théâtre pour satisfaire le besoin opérationnel, le retour est désormais organisé selon les mêmes principes (immédiat, urgent, routine) sur la criticité des rechanges pour accélérer leur retour et leur mise en réparation. Pour y parvenir, il a fallu l’engagement de l’ensemble des acteurs du MCO aéronautique, mobilisation facilitée par la nouvelle gouvernance. Cette seule procédure a permis d’éviter une crise logistique majeure sur les moteurs Makila du Caracal sensibles aux conditions d’emploi en bataillon de soutien spécialisé.

Si ces premiers résultats sont encourageants, la nouvelle gouvernance ne pourra être évaluée que sur le bilan de sa première année d’exercice. Au-delà de la cohérence et de la réactivité déjà atteintes, c’est la convergence interarmées au travers de la mise en place d’un système d’information du MCO aéronautique et la prise en compte des processus de supply-chain qui constituent les axes majeurs de sa rationalisation. C’est la priorité des actions de l’ensemble des acteurs de la chaîne du MCO aéronautique.  

 

  
Guy Girier, GGAA
Guy Girier (Ecole de l’air, 1980) a débuté sa carrière comme pilote de chasse. Après avoir participé à de nombreuses opérations extérieures, il est désigné commandant de la BA 113 de Saint-Dizier. Il occupe ensuite divers postes en état-major, notamment ceux d’adjoint au chef plans de l’EMA, puis de sous-chef plans programmes de l’EMAA. Il est nommé de directeur central de la SIMMAD en 2013.

Auteur

Guy Girier, GCAA

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