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31 janvier 2021

ENTRETIEN AVEC MIREILLE CARLIER, IGA
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU CONSEIL GÉNÉRAL DE L’ARMEMENT DEPUIS LE 1er JANVIER 2021

La CAIA : Mireille, peux-tu tout d’abord nous rappeler ton parcours professionnel ?

MC : J’ai un parcours à dominante technique, qui m’a donné l’opportunité d’occuper, au sein de la DGA, des postes passionnants dans les domaines de l’aéronautique, des missiles et des systèmes terrestres. J’ai en particulier été responsable du pôle technique « missiles, armes et munitions » ; ce poste consistait notamment à émettre des avis sur la sécurité des matériels, à donner et à mettre en œuvre des orientations en termes d’évolution des compétences, de BITD1, de technologies et d’investissements. J’ai ensuite rejoint la direction des opérations comme directrice adjointe de l’unité de management qui conduit les programmes d’armements terrestres, avec le souci de livrer dans les temps et dans la durée des capacités qui donnent satisfaction aux forces.

La CAIA : Tu viens d’être nommée secrétaire général du Conseil Général de l’Armement. Quelles sont les missions du CGARM ?

MC : Le Conseil général de l’armement a deux types de mission : l’une concernant les carrières des corps de l’armement et l’autre les réflexions et études techniques ou stratégiques au profit de la Ministre des Armées, présidente du CGARM. Le CGARM dispose d’une structure permanente d’une vingtaine de personnes, que je dirige en m’appuyant sur des présidents de section (section carrières, section études techniques et section études générales) et un adjoint transformation, afin de préparer les orientations et de soutenir les travaux du Conseil. Le vice-président du CGARM, Hervé Guillou, porte une grande ambition pour les corps de l’armement et pour le CGARM. Il y a de nombreux défis à relever et c’est très motivant !

La CAIA : quelle est ta feuille de route sur le premier volet ?

MC : Le conseil qui s’est tenu le 5 novembre 2020 sous la présidence de Madame la Ministre a mis en avant la nécessité de disposer d’un corps d’ingénieurs de haut niveau, rompus à la conduite de projets complexes et capables de parler d’égal à égal avec les industriels. Ces ingénieurs ont vocation à mettre leurs compétences au service du ministère des armées mais également à contribuer à des missions régaliennes2 plus larges, avec un équilibre nécessaire entre la réponse aux besoins du ministère des armées (MINARM) et le rayonnement interministériel. Cette ouverture vers l’extérieur contribue à l’attractivité du corps. Elle est également très importante pour renforcer les compétences du ministère au travers des retours. Le CGARM a ainsi souligné le besoin de renforcer la diversité des parcours professionnels et des profils recrutés. Il a également rappelé l’importance du corps des IETA, dont le volume de recrutement va augmenter.

Dans le cadre d’une gouvernance partagée du corps de l’armement entre la DGA et le CGARM pour laquelle un protocole DGA-CGARM a été signé au printemps 2020, je compte m’investir avec l’ensemble de l’équipe pour que l’image du corps soit valorisée à la fois vis-à-vis des jeunes de différentes écoles et des employeurs. Les besoins des organismes extérieurs cibles seront documentés afin que des parcours professionnels incluant des allers/ retours hors DGA puissent être définis, en lien avec les besoins de la DGA. Je souhaite aussi qu’un suivi renforcé des ingénieurs hors DGA soit assuré, afin de faciliter le retour de ceux qui le souhaitent et d’identifier des opportunités pour ceux qui veulent rayonner. Un autre volet concernera l’attractivité et la fidélisation des ingénieurs au travers de travaux sur la rémunération, notamment dans le cadre du programme de la NPRM3.

L’atteinte de ces objectifs passe par une étroite concertation avec les différents acteurs, en premier lieu la DGA mais également les ministères, le SGA, les autres corps techniques (notamment pour l’évolution de la formation initiale de l’Ecole polytechnique et la suite donnée au rapport que Monsieur Frédéric Thiriez a remis au Président de la République sur les grands corps de l’Etat et les formations associées), la CAIA, la CAIETA, les écoles, les industriels et les ingénieurs des deux corps. A titre d’exemple, des jeunes IA ont créé un think tank pour proposer des pistes de mise en œuvre de l’ambition du corps, et c’est très intéressant. 

La CAIA : La gouvernance du corps de l’armement a changé : quelles conséquences pour le CGARM et les IA ?

MC : L’objectif est de pouvoir mettre en œuvre les changements nécessaires à la nouvelle ambition relative au corps des IA, avec une gouvernance assurée conjointement par la DGA et le CGARM. Concrètement, la DGA ouvre à la participation du CGARM les différents organes de gestion du corps des IA. Le CGARM assure désormais le suivi, l’évaluation et la notation des IA hors du ministère des armées4. Le CGARM propose les équilibres d’emploi des IA entre le MIMARM et les employeurs extérieurs au ministère, dans le cadre d’une démarche concertée avec la DGA.

La CAIA : Le CGARM avait aussi l’habitude de réaliser des études.

MC : Le second volet concerne effectivement la réalisation d’études. Trois études ont été lancées récemment à la demande du vice-président sur les enseignements de la crise sanitaire et l’usage des hautes compétences du corps pour la souveraineté. Ces études portent respectivement sur l’amélioration de la robustesse et de la résilience de la BITD (étude menée conjointement avec la DGA), la transposition de l’expérience du ministère des armées à d’autres secteurs (étude avec la direction générale des entreprises et le conseil général de l’économie) et sur l’expansion du télétravail dans le secteur de l’armement. Elles sont traitées par des task forces impliquant de jeunes ingénieurs de la DGA et des partenaires extérieurs. Les travaux sont suivis par un conseil d’orientation réunissant des personnalités d’horizons divers. Le CGARM est par ailleurs l’héritier du conseil scientifique de la défense5. A ce titre, des études techniques seront relancées en 2021 au profit du ministère des armées.

La CAIA : quelle est ta vision de la structure permanente du CGARM ?


MC : Nous sommes une équipe au service des ingénieurs des corps de l’armement et de leurs employeurs, et il y a de nombreux chantiers très utiles à faire avancer. Un poste au CGARM est une étape intéressante en cours de carrière, qui donne une grande ouverture notamment à l’interministériel. Le CGARM a également vocation à accueillir des ingénieurs entre deux
postes, pour mener des réflexions sur des sujets passionnants qui leur donnent un éclairage stratégique sur des problématiques majeures. C’est en outre un excellent point d’observation sur les opportunités offertes aux ingénieurs des corps de l’armement. La participation à temps partiel de jeunes ingénieurs aux travaux du CGARM leur permet d’avoir une visibilité forte et une ouverture vers de nouveaux horizons.

La CAIA : en conclusion ?

MC : Il ne faut surtout pas hésiter à venir nous voir à l’Ecole Militaire ou à nous écrire, pour avoir des conseils, pour nous faire part d’idées ou de propositions d’évolutions, pour contribuer aux études ou pour se renseigner sur les opportunités offertes par le CGARM : notre porte est grande ouverte.

Pour en savoir plus vous pouvez aussi vous abonner à la page linkedIn du CGARM : https:// www.linkedin.com/company/conseilgeneraldelarmement

Propos recueillis par Philippe Herve

 

1. Base industrielle et technologique de défense.

2. Missions régaliennes à dominante technique ou industrielle, conduite des actions de transformations de service de l'Etat, conduite de programmes complexes, résilience des filières sensibles, contribution à la mise en œuvres des politiques de coopération et européennes.

3. Nouvelle politique des rémunérations des militaires.

4. Sauf services du premier ministre, SHOM, organismes internationaux, et directeurs d'établissements publics.

5. Le CSD, abrogé en 2013, était un conseil consultatif, composé de personnalités du monde civil, afin de procurer au Ministre de la Défense des avis indépendants et des ouvertures prospectives. Au cours de son existence, le CSD a mis en place 104 groupe de travail et traité 77 thèmes distincts, allant des sciences dures aux sciences molles.

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