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Marc Pélegrin
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22 avril 2024

MARC PÉLEGRIN (1923 – 2024)
PROFESSEUR, PILOTE, ACADÉMICIEN

Nombreux sont les ingénieurs de l’armement qui ont rencontré ou entendu parler de Marc Pélegrin.

Marc était connu comme « le loup blanc » non seulement dans les milieux de l’aéronautique et de l’espace (ingénieur général de l’armement, pilote d’avion, ancien directeur général de SupAéro et orfèvre du transfert de cette École de Paris à Toulouse en 1968, créateur du C.E.R.T., membrefondateur de l’Académie de l’air et de l’espace et président de la commission « Prospective », etc.) mais plus généralement dans tous les milieux scientifiques du monde entier (correspondant de l’académie française des sciences et membre titulaire de l’académie des technologies).


De 1966 à 1968, il organisa et réalisa de main de maître le transfert de SupAéro à Toulouse et, en parallèle, il fonda le Centre d’Etudes et de Recherches de Toulouse (C.E.R.T), établissement de Recherche de l’ONERA à Toulouse à partir d’éléments venus du C.E.R.A. de Villacoublay et d’autres créés de toutes pièces sur place.

Marc Pélegrin souhaitait en effet doter l’École d’un centre de recherche afin de favoriser les échanges entre enseignement supérieur, recherche et industrie à l’instar du modèle américain que constituaient le Draper Laboratory et le Lincoln Laboratory eux-mêmes associés au M.I.T. (Massachussetts Institute of Technology).

Marc Pélegrin, en plus d’être un immense savant et un professeur extraordinaire, avait « les pieds sur terre » et fut un aussi brillant « manager ».

Quelques souvenirs permettront aux plus jeunes de mieux le connaître.

Certains anciens élèves de SupAéro ont eu l’immense chance de l’avoir comme professeur. Il fut avec Jean-Claude Wanner l’un des meilleurs professeurs de cette École, pouvant grâce à son incomparable charisme et son talent de vulgarisateur hors pair faire comprendre les mille subtilités des disciplines qu’il enseignait : les « Systèmes Asservis » (on ne disait pas encore « Automatique » et encore moins « Robotique » mais il y avait déjà la plupart des ingrédients) et « La Conception et l’Utilisation des Ordinateurs ».

En 1966, après avoir fait « inventer » par chaque élève de son côté l’organigramme de la structure d’un ordinateur, il leur faisait écrire un « langage-machine » adapté et programmer avec celui-ci de petits calculs d’aérodynamique et de résistance des matériaux !

Il avait fait partie des trois jeunes Ingénieurs militaires de l’air (avec Gilles et Decaulnes) envoyés en mission en 1944 ou 1945 dans les meilleures universités américaines (Rochester University et surtout M.I.T.) pour s’instruire et, de retour, mettre la France à niveau dans ces domaines nouveaux. Le livre de cours qu’ils publièrent alors restait encore, vingt après, la bible des systèmes asservis !

Le livre de cours qu’ils publièrent alors restait encore, vingt après, la bible des systèmes asservis !

Il avait aussi tenu, vrai écologiste avant l’heure (et inspiré par les universités américaines) à ce qu’il y ait davantage d’espaces verts que de bâtiments sur le campus de Rangueil. C’est pourquoi, il fut nommé, en récompense, premier Directeur Général des deux Établissements de Toulouse à la fois, SupAéro et le C.E.R.T.

Marc Pélegrin, co-fondateur de l’académie de l’air et de l’espace avec son ami André Turcat, a été reçu comme correspondant à l’académie des sciences puis comme membre titulaire à l’académie des technonologies. Il assura également des activités d’enseignement à l’étranger, notamment au Brésil au centre d’essais aéronautique de São José dos Campos et chez Embraer.

Sur le plan humain, il convient de souligner l’attitude remarquable de Marc Pélegrin. En effet, à la différence de certains parents contrariés lorsque leurs enfants ne suivent pas une voie similaire à la leur, Marc et son épouse Renée ont toujours laissé leurs sept enfants choisir librement leurs études et leurs carrières et en furent toujours satisfaits dès que cela répondait à de vraies vocations même hors champ scientifique.

Marc, tu nous quittes à plus de 100 ans pour ton dernier vol. La communauté des ingénieurs de l’armement n’a qu’un mot à dire pour exprimer son admiration à ton égard et celle de tous ceux qui t’ont connu. Bravo et merci pour tout ce que tu as fait pour la France et le secteur aérospatial français en particulier !

 

*NDLR : les anciens du comité de rédaction se souviennent de quelques séances d’écriture sous la conduite de Dominique Pélegrin, journaliste, écrivain auteur du « Crocodile Rouillé ».

 

Auteurs

Daniel Jouan a effectué sa carrière à la DGA, d’abord dans des fonctions techniques au profit des programmes de dissuasion nucléaire (MSBS et Pluton), ensuite dans le suivi de l’activité industrielle de l’armement, et a quitté le service en 2005 après avoir été chargé de la gestion financière des études et recherches de défense. Voir les 13 autres publications de l'auteur

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