Le coaching vient du sport

Lorsqu’il s’agit de vaincre ou de se dépasser, le physique n’est pas suffisant. Comment être sûr de faire le geste parfait, de ne pas trembler ? Un Djokovic se constituait une forteresse intérieure qui lui permettait de servir des aces lors de balles de match contre lui, en changeant même les slogans de la foule pour entendre « Novak » quand elle scandait « Roger » !

La base reste l’entraînement physique, la répétition pour acquérir la force et l’adresse nécessaires.

Des techniques d’optimisation du potentiel, par la répétition de scénarios, permettent d’automatiser les gestes, de fluidifier les mouvements, car notre cerveau traite les sensations internes comme des sensations externes…

Pour aller plus loin, pour « donner le meilleur », un coach sportif comme Tim Gallwey s’appliquait à lever les freins inconscients, constitués de doutes, de peur de l’échec, de croyances. Et pour cela s’appliquait à construire une confiance en soi, dans son physique, dans son équipe, dans le « pourquoi », et si plus rien ne fonctionne, dans le processus.

En collectif, c’est encore plus vrai. Le rôle d’un sélectionneur ou d’un entraineur est essentiel pour construire une équipe performante et résiliente. L’effet Pygmalion a été démontré par Rosenthal aussi bien sur des rats que sur des humains : en faisant croire à un enseignant que ses élèves étaient surdoués, il a conduit à leur faire obtenir des résultats exceptionnels. Le coach est celui qui vous considère d’avance comme un champion.

Un parallèle avec l’entreprise

Comme pour le sportif, que ce soit dans une discipline collective ou individuelle, la performance en entreprise est toujours un assemblage de compétences : techniques, physiques, évidemment… et psychiques. Le sens que je donne à mon entreprise, mon métier, mes actions. La manière dont je suis apprécié et reconnu, membre d’une équipe, la confiance dans le collectif.

Dans une société en pleine mutation, l’entreprise se doit d’intégrer ces approches complémentaires. Si en tant que manager, je ne suis pas capable de comprendre ce qui anime un membre de mon équipe, un pair ou un supérieur, comment puis-je efficacement collaborer avec lui sur le long terme ? La relation traditionnelle employeur/employé, où l’employé s’investit sans compter dans son entreprise sur le long terme et l’employeur le récompense à coups de primes, augmentations ou progressions dans l’entreprise n’est plus suffisante.

Les discussions autour des valeurs sont de plus en plus régulières dans les entretiens d’embauche. L’écoute active est plus que jamais un outil clé des relations interpersonnelles… et pour aller plus loin encore, la performance collective sera maximisée si tout ou partie des besoins profonds des salariés sont alignés avec les missions de l’entreprise. Je peux être le meilleur technicien de l’entreprise, si une de mes valeurs est l’honnêteté et que je côtoie une personne qui ment régulièrement, sans être recadrée par mon employeur, vais-je tenir longtemps ?

Échecs et succès dans la « diagonale »

Pour illustrer ces propos, donnons la parole à Jérôme Vidale.

« Quand je reçois ce mail : « Félicitations, vous êtes bien pré-inscrit à la Diagonale des Fous 2024 », beaucoup de pensées se bousculent. C’est un trail de 180 km et 10 500 m de dénivelé qui traverse l’Ile de la Réunion du sud au nord. Ça y est : l’aventure commence de nouveau.

Depuis mes premiers trails, j’ai appris et progressé. Passé les lignes d’arrivée, souvent. Abandonné deux fois en 10 ans, dont la dernière fois sur cette même course en 2022. Non, je n’étais pas blessé physiquement. Je pourrais me cacher derrière ce satané virus du Covid… mais la réalité est bien autre, à l’image de certains échecs professionnels :

j’ai abandonné car j’ai cherché tout ce qui pouvait arriver de mal pendant la course sans voir ce qui allait bien,

j’ai abandonné car j’ai oublié ce que je venais chercher, quelles étaient mes motivations pour avancer,

J’ai abandonné car j’ai laissé le négatif prendre le dessus sans trouver les ressources pour m’échapper : qui n’a pas déjà sombré, même furtivement, dans le « de toute façon on n’y arrivera jamais » ou le « si j’avais plus de moyens alors je pourrais réussir » ?

Depuis, je me suis questionné sur cet échec, mais aussi sur un certain manque dans mon quotidien professionnel. J’ai passé une certification de coach professionnel ; pour m’ouvrir sur le domaine du développement personnel et de l’accompagnement comme pour continuer de mieux me comprendre. Et j’ai là une occasion en or de m’appliquer quelques basiques sur cette « Diagonale ». Encore plus quand on m’annonce le 25 juillet, soit 84 jours avant le départ, que j’ai une fracture au pied, blessure qui peut mettre trois à six mois à se consolider ! Alors je décide de jouer la carte à fond : je repousse les négatifs et n’écoute que ceux qui y croient autour de moi (l’importance de l’équipe : j’ai toujours le choix !). Le pouvoir du positif doit m’aider à guérir. Le kiné et les exercices adaptés aussi (encore l’équipe, le travail et la motivation). Je continue à m’entraîner, sans courir, mais par tous les moyens possibles ; en coaching, on apprend à se concentrer sur ce qui est entre nos mains, pas sur ce que nous ne pouvons pas influencer. Chemin faisant, j’y suis le 17/10 sur cette ligne de départ… et 42h plus tard, je passe la ligne d’arrivée. En famille, et en émotions, deux éléments clés drivers de ma motivation.

Une question d’équilibre entre physique, psychologique et spirituel »

Cette expérience est pour moi ma démonstration très personnelle de quelques clés qu’apportent le coaching. »

Le coaching n’est pas un remède magique, mais un questionnement qui nous amène à aller chercher notre feu intérieur. Quelles sont nos motivations ? Quelles sont nos forces, nos valeurs, nos compétences… ? Mais aussi quels sont nos freins, nos blocages… ?

Ce sont des clés fondamentales qui font la différence aussi dans le milieu professionnel. Comment puis-je emmener mon équipe projet, si je ne suis moi-même pas en cohérence avec ce projet, si je n’ai pas moi-même compris ce que je peux apporter ou bien ce dont j’ai besoin pour avancer ?

Comment puis-je expliquer ce que je souhaite, si je me contente d’exprimer des envies superficielles et souvent éphémères… et non mes valeurs et mes besoins qui constituent mon socle ?

Des bénéfices à portée de coach

Au-delà de la connaissance de soi et du groupe qu’il apporte, le coaching est aussi une boîte à outils pour gérer des situations complexes. Au même titre que le botteur apprend à faire le vide pour se concentrer uniquement sur le geste au moment de transformer une pénalité au rugby, nous sommes tous confrontés à des situations professionnelles qui exigent le meilleur de nous-même à l’instant t. Pour cela, des exercices de visualisation en préparation ou de respiration pour réguler ses émotions peuvent être d’excellents outils de performance. Comme pour apprendre à compter et à lire, cela s’apprend, se travaille. Les coachs sont formés pour vous guider à trouver vos ressources et les outils qui vous aideront.

Jérôme de Dinechin, ICA, coach et consultant

X84, ENTA, conseil et coach sur des questions de leadership, de conduite de projets et... d’IA générative chez Blue Work Partners. Tennisman régulier, l’occasion de se confronter à des limites personnelles et diagonales !

Jérôme Vidale, IPA, Directeur Qualité Site Tefal

Chef de projets à l’AIA de Clermont Ferrand puis responsable d’une unité de maintenance. Il poursuit sa carrière chez Safran, avant de rejoindre Kongsberg Automotive et aujourd’hui Tefal groupe Seb où il est directeur qualité site depuis 2022. Passionné par le sport et l’accompagnement des personnes, il est certifié Master Coach depuis 2024.