Être Gardien de la flamme : tout un symbole

Les gardiens de la flamme olympique et de la flamme paralympique sont les acteurs de l'ombre, à la fois bras droits des équipes de Paris 2024 et guides du porteur de la torche olympique. Discrets, ils accompagnent, aident et rassurent le porteur. Être gardien, c'est tout à la fois représenter l'engagement de son entité auprès des sportifs français, porter la grandeur de l'olympisme au cœur des territoires, et, surtout, vivre des moments de partage, de cohésion et d'émotion avec les populations : enfants, jeunes adultes, retraités, célébrités, personnes en situation de handicap, sportifs, etc.

Le gardien de la flamme doit veiller en permanence sur cette flamme paralympique

Unique représentante de la DGA

Les gardiens de la flamme sont issus des forces de l'ordre, de la sécurité civile et des forces armées. Pour le relais paralympique, un représentant de la DGA, un du SSA (Service de Santé des Armées) et un de la DIRISI (Direction Interarmées des Réseaux d'Infrastructure et des Systèmes d'information) étaient invités à rejoindre le dispositif. Ma candidature ayant été retenue par la DGA, j'ai eu l'honneur de la représenter depuis les sessions de formation avec les équipes de Paris 2024 jusqu'à la Parade des Champions en septembre. Cette expérience, qui a réuni en une même aventure ma passion et mon engagement au service de la nation en tant qu'ingénieure de l'armement, est plus qu'un symbole : c'est la fierté d'avoir représenté la DGA et le corps de l'armement tout en défendant les valeurs du sport qui me sont si chères.

Des moments de partage tout au long de l’année

Les opportunités n'ont pas manqué pour partager des moments forts avec la communauté de Gardiens et les équipes de Paris 2024, dès le lancement de l’aventure par Tony Estanguet en novembre 2023, et au gré des diverses formations et cérémonies. Quel honneur de pouvoir représenter la DGA (si ce n’est la faire connaître !) lors de la cérémonie des drapeaux aux Invalides ou encore lors de l'inauguration du camp Alain Mimoun par le ministre des Armées, en présence du Chef d'Etat Major des Armées, du Gouverneur Militaire de Paris, des maires de Paris et du XIIème arrondissement et de la famille d'Alain Mimoun ! J’ai encore des étoiles dans les yeux en me remémorant la Parade des Champions, le 14 septembre sur les Champs-Elysées, émerveillée par tous ces sportifs olympiques et paralympiques défilant à quelques mètres de moi puis décorés, devant l’Arc de Triomphe, de l’ordre national du Mérite ou de la Légion d’honneur.

Le Relais de la Flamme Paralympique : du symbole à l’action

Après l'euphorie des 18 jours de Jeux, il était l'heure pour moi de vivre ma propre expérience olympique et rejoindre Saint Malo, point de départ d'un voyage itinérant de 4 jours qui conduira la 11ᵉ flamme (voir encart) à Deauville (J2), à La Roche-Guyon (J3) puis à Paris (J4), au sein du théâtre du Châtelet et devant l’église Saint Sulpice.

Le rôle du gardien de la flamme est multiple et exigeant car il doit veiller en permanence sur cette flamme paralympique, conservée dans deux lanternes de mineurs, ce qui a conduit à certaines situations cocasses comme celle de dormir avec la lanterne éclairée au pied du lit ou de déjeuner avec elle sous les yeux ébahis des clients du restaurant ! Le gardien est le seul de l'équipe autorisé à porter, nourrir, manipuler et entretenir la lanterne, ce qui lui confère une responsabilité toute particulière. Par exemple, en amont du relais et à l'issue de l'allumage du chaudron, les gardiens présentent la lanterne au public, pour de délicieux moments de partage.

Une fois la torche du premier porteur allumée, à partir de la lanterne, les deux gardiens sont garants de la survie de la flamme sur les torches et de la fluidité des transmissions entre les porteurs. Le gardien principal guide et rassure le porteur sur son parcours de 200 mètres, afin qu’il profite un maximum de cette expérience. Lors du "Torch Kiss" entre deux porteurs, il leur donne les consignes devant les objectifs des photographes officiels. Le second gardien court entre les points de relais, afin de préparer le porteur suivant et notamment percuter la cartouche de gaz de sa torche qui s'enflammera ainsi au contact de celle du précédent relayeur. Ce moment d’attente est un moment privilégié au cours duquel le gardien échange avec le porteur et le rassure.

De l’action … mais surtout des émotions

Si je ne devais retenir qu'une chose de cette expérience ce seraient les émotions ressenties et partagées, avec les porteurs de la flamme émus aux larmes, avec les spectateurs émerveillés, avec mes camarades qu'il fut si difficile de quitter au terme de cette aventure ! Nous avons créé des liens forts, entre les deux gardiens de la flamme, les deux photographe/vidéaste, les six membres permanents de Paris 2024 et les forces de l’ordre qui nous accompagnaient, tous mobilisés pour proposer, dans chaque ville-étape, un événement festif et mémorable aux porteurs de la flamme et à la population. De cette cohésion dépendait l’efficacité de la mise en place du site de célébration autour du chaudron ainsi que du repérage et du balisage du parcours du relais. J’ai été particulièrement marquée par l’esprit d’entraide, l'écoute bienveillante et la tolérance, dont chacun faisait preuve, tout en gardant légèreté et humour ! Il y eut tant de rencontres, de regards bienveillants échangés, de sourires partagés, de fous rire communicatifs. J'ai vécu une expérience si intense et si enrichissante humainement qu'il m'est impossible de la décrire fidèlement en quelques mots. Il y aurait tant d'anecdotes et de souvenirs à raconter : la crêperie improvisée avec Samuel Le Bihan à Saint Malo, le regard humide du premier porteur en fauteuil que j'ai guidé, le final du relais de la Roche-Guyon devant les enfants polyhandicapés et le personnel médical de l'hôpital pédiatrique. J'ai encore en tête tous les endroits insolites où nous avons immortalisé la lanterne : depuis la proue d'une frégate corsaire à Saint Malo, du haut d'une Montgolfière à la Roche Guyon, du premier étage de l'Eglise Saint Sulpice, au sein du théâtre du Châtelet ou encore sur les planches de Deauville !

Des valeurs militaires et sportives partagées

Les relais de la flamme olympique et paralympique, moments forts de cette année 2024 marquée par les Jeux de Paris, ont été une occasion majeure de rayonnement pour les armées françaises. En tant que gardienne du ministère des Armées, j'ai eu l'honneur d'être ambassadrice des valeurs sportives portées par les Armées, notamment l'audace et la résilience, qui caractérisent le soldat pour qui le sport contribue à la préparation physique et mentale. Instrument de redécouverte du corps, le sport favorise aussi le dépassement de soi, encourage les liens sociaux et la solidarité et permet de lutter contre le stress et l'isolement. En ce sens, il s’agit d’un merveilleux outil de reconstruction et de réinsertion des militaires blessés, ce qui explique les liens étroits qui unissent les Armées avec la Fédération française handisport, le ministre des Sports, les fédérations sportives. D'ailleurs, les Armées contribuent activement au développement du sport de haut-niveau en France : plus de 200 sportifs civils et militaires de haut niveau de la Défense sont regroupés depuis 2004 au sein de « l’Armée des champions », rattachés au CNSD, héritier du bataillon de Joinville créé en 1956. En participant à ces relais, les Armées ont contribué à l'unité nationale en partageant un moment fédérateur, renforçant ainsi le lien armée-nation tout en démontrant leur soutien aux athlètes et leur engagement sans faille auprès des français.

Cette aventure a fait vivre et briller des valeurs, communes au sport et aux Armées, que je suis fière d’avoir pu promouvoir auprès de la population : le dépassement de soi, le goût de l'effort, l'entraide, la bienveillance. Le sport est un formidable vecteur de résilience et de cohésion nationale en rassemblant les populations et en créant des ponts. Lors de la Parade des Champions, au cours de laquelle j’ai eu la chance de pouvoir remonter les Champs-Elysées avec les milliers de bénévoles et tous les acteurs de ces Jeux de Paris 2024, j’ai mesuré la grandeur de l’aventure humaine que je venais de vivre.

Morgane Riou, ICA, Adjointe finances à l’agence du numérique de défense

X2006, docteur en neurosciences, Morgane a débuté comme chef de département à DGA Maîtrise NRBC, puis responsable du segment d’ingénierie NBC. En 2020, elle rejoint le cabinet du Délégué général pour l’armement, en tant que conseillère technique puis chargée des sujets RH dans le cadre du projet Impulsion DGA. Depuis septembre 2023, elle est responsable de la cellule finances de l’AND.